« Le Grand Remplacement, le changement de peuple, est le phénomène le plus considérable de l’histoire de France depuis des siècles, et probablement depuis toujours… » Renaud Camus
L’écrivain Renaud Camus qui a forgé le terme de Grand Remplacement, a envoyé la lettre ci-dessous à Fabrice Robert, président du Bloc Identitaire.
Cher Fabrice Robert,
Les Identitaires et vous voulez bien me demander un message inaugural, pour votre site sur le Grand Remplacement et la Remigration. Je vous l’envoie d’autant plus volontiers que vous connaissez mon amitié pour votre mouvement et pour vous, ma sympathie pour votre action à tous, ma haute considération pour la justesse de vos analyses et mon admiration pour le courage et la pertinence de vos initiatives — à commencer bien sûr par la plus mémorable d’entre elles, l’acte de présence et de protestation de vos militants les plus aguerris sur les toits de la mosquée de Poitiers en construction, il y a deux ans.
Je salue avec d’autant plus de plaisir et d’enthousiasme votre démarche actuelle que pour moi la constatation et le refus absolu du Grand Remplacement — ce “concept” dont vous voulez bien me reconnaître la paternité — ont toujours impliqué comme leur complément indispensable, et leur substance même, la Remigration, puisque c’est le mot que vous avez choisi de mettre en avant : je disais pour ma part “le renversement des flux migratoires”, mais c’est la même chose.
L’Algérie de 1962 est pour moi, en ces matières, la référence historique essentielle, à la fois, et le contre-exemple absolu.
Je m’explique : je suis persuadé que le combat que nous menons est d’essence anticolonialiste. Il s’agit de libérer notre malheureux pays et l’ensemble de notre continent du joug colonial chaque jour plus insupportable et pesant qui lui est imposé. Que la France et l’Europe soient victimes de colonisation, maintenant, beaucoup de gens ne le voient pas ou refusent de l’admettre, parce que cette colonisation ne ressemble pas à celles du XIXe et du XXe s. Elle ne leur ressemble pas en ceci qu’elle n’est pas ouvertement militaire, ni politique, ni officielle, encore qu’elle soit de plus en plus ceci et cela, à mesure qu’elle se renforce : la délinquance, la violence petite et grande, la nuisance, l’ensemble de ce que j’appelle la nocence (ce dont l’innocence est le contraire…) tiennent le rôle de l’action guerrière, et ils ont pour effet, comme elle, la conquête du territoire par lambeaux successifs ; je m’en suis expliqué dans un discours qui me vaut les interminables foudres de la justice remplaciste, celle qui sert le Grand Remplacement. Et les droits toujours plus grands qu’exigent et que s’arrogent nos conquérants à mesure qu’ils sont plus nombreux, leur présence toujours plus visible dans les rouages et le gouvernement même de notre République, leur poids dans notre société, le changement de civilisation qu’il entraîne, sont les marques de leur conquête.
En fait la colonisation en cours est beaucoup plus conforme à la définition et à l’étymologie du terme que celle à laquelle s’est livrée la France dans ce qui fut son empire, jadis. Colonisation de peuplement, colonisation par la masse démographique, colonisation par substitution ethnique, elle est surtout beaucoup plus grave, en cela qu’elle menace, elle, d’être irréversible, sans recours possible. Une colonisation comme celle qu’a pratiquée notre pays, une colonisation militaire, politique et administrative, on peut s’en débarrasser en un tournemain, l’histoire l’a montré. Une colonisation comme celle qu’il subit depuis des lustres, une colonisation par changement de peuple, celle-là est définitive, à moins de faire intervenir la remigration, précisément, avant qu’il soit tout à fait trop tard.
En 1962 l’Algérie tout juste décolonisée a estimé — et le monde entier, loin de s’indigner, en a jugé paisiblement comme elle — qu’elle ne serait pas véritablement indépendante si elle conservait sur son territoire dix pour cent d’habitants qui n’appartenaient pas à sa culture dominante ; qui étaient étrangers à ce qu’elle considérait comme son essence ; en somme qui n’étaient ni arabes ni musulmans. Ceux-là ont été jetés à la mer avec une brutalité inouïe. Souvenez-vous : la valise ou le cercueil. Et quand ils ne partaient pas assez vite, en quelques jours, parfois quelques heures, ils ont été massacrés. Voilà ce qui me semble devoir être pour nous la référence historique capitale ; et voilà aussi ce qui me paraît constituer le contre-exemple absolu.
Référence essentielle parce que personne ne pourra nous reprocher d’envisager la question dans les mêmes termes que d’autres pays colonisés avant le nôtre, et pareillement avides d’indépendance, de liberté, de sécurité, de dignité et d’identité. Encore n’avons-nous pas affaire, nous, à des colons installés depuis un siècle et plus, ou même, dans le cas des juifs en Algérie, présents sur le territoire depuis un millénaire ou deux. Nos colons à nous sont récents ou très récents, pour la plupart : trois générations au plus, très rarement quatre ; et le plus souvent une ou deux. Et même si certains d’entre eux ont prêté leurs bras et leur courage à la liberté et au redressement de notre pays, ce n’est pas eux, bien loin de là, qui l’ont créé, façonné ou mis en valeur — ils sont bien des colonisateurs, certes, mais ils ne sont pas du tout des colons.
Contre-exemple absolu, en même temps, parce que la brutalité, la sauvagerie des Algériens au cours de cet épisode encore largement occulté font horreur. Faut-il le dire, elles sont exactement ce que nous n’avons aucune intention d’imiter, même à l’égard des partisans et des promoteurs indigènes comme nous du Grand Remplacement en cours, ceux que j’appelle les remplacistes, qu’ils soient de droite ou de gauche, sarkozistes, juppéistes, hollandistes, mélenchoniens ou autres. S’agissant des remplaceurs eux-mêmes, des remplaçants, de nos colonisateurs, donc, ce que nous proposons est un divorce à l’amiable. Qu’ils se souviennent de leurs grands parents et des nôtres, en 1962, mais aussi 59, 60, 61. Qu’ils se rappellent la décolonisation, en Afrique du Nord mais aussi en Afrique noire. Bien entendu, nous, les indigènes de ce nouveau combat anticolonial, nous entendons recouvrer et conserver pour nous-mêmes, et pour ceux qui ont assimilé notre culture, notre mode de vie, notre civilisation, et qui ne prétendent pas nous imposer les leurs, ni même nous les donner en permanent spectacle, le territoire de nos pères. Mais, les autres, nous sommes tout disposés à les aider, y compris financièrement, à rentrer chez leurs propres aïeux. Il en coûtera toujours moins cher que l’immigration. Et à cette dépense-là, au moins, on pourra concevoir un terme.
Renaud Camus