Le scepticisme grandissant des Français à l’égard de politiciens charlatanesques peinant de plus en plus à dissimuler leur impuissance sous des faux-semblants usés jusqu’à la trame, est à l’origine sans doute de l’intérêt de nombreux lecteurs pour le livre d’Eric Zemmour, Le Suicide français (sous-titré Les 40 années qui ont défait la France).
Un succès qui inquiète les tenants de l’idéologie dominante sur laquelle repose tout à la fois leur pouvoir intellectuel, moral et politique. Une idéologie que le polémiste multimédia du Figaro Magazine et d’I-Télé, s’emploie à torpiller méthodiquement. Signe de cette inquiétude grandissante : le canonnage que Le Monde, Libération, L’Express et autres médias de la bien-pensance dominante déclenchent depuis un mois contre Eric Zemmour, l’accusant tour à tour d’homophobie, de sexisme, de xénophobie, de racisme et, bouquet final, d’être « un agent électoral de Marine Le Pen », un « sous-marin de la stratégie de dédiabolisation du Front national ». Et même un suppôt maréchaliste. Autant dire une sorte de mini « mal absolu » à lui seul.
Une haine, selon Denis Tillinac, « de facture quasi djihadiste », avec tentative de lynchage et de lapidation sur la place médiatique. Mais le pompon de cette curée hystérique revient sans conteste au Premier ministre déclarant à la télévision : « Eric Zemmour ne mérite pas qu’on le lise. » Une sorte de petit autodafé verbal ?
L’un des grands prêtres de cette « petite cléricature médiatique » en folie, en l’occurrence Christophe Barbier, reconnaît toutefois : « Le Suicide français n’est pas seulement un ouvrage politique, c’est aussi un essai sociologique, qui dresse, souvent avec justesse, l’inventaire accablant soixante-huitard. » Un fatras de tabous idéologiques qui « accable » en effet la société française depuis quarante-six ans et que Zemmour brise dans un fracas jubilatoire. Sans oublier d’établir le procès-verbal des dégâts occasionnés : individualisme et hédonisme de masse corrodant le lien social ; multiculturalisme ; obsession du principe de non-discrimination au point d’interdire toute préférence nationale, notamment dans l’embauche d’un salarié. Au point également d’assimiler le nationalisme d’abord, puis ensuite le patriotisme, au racisme.
Tous ces vecteurs du nihilisme, le docteur « Folzemmour » — dixitLibération — les dissèque au scalpel à travers des discours de politiciens, des textes de lois (votés par ces mêmes politicards), des chansons, des films et même des commentaires footballistiques. Zemmour bouscule avec une allégresse réjouissante les poncifs de la pensée unique.
Mais derrière la cible de Mai 68, Le Suicide français « vise » aussi 1789, affirmant, exemples et analyses à l’appui, que « notre passion immodérée pour la Révolution nous a aveuglés et pervertis ». Autre réflexion tout aussi profondément iconoclaste : « La Seconde Guerre mondiale a remplacé la Révolution française comme matrice historique indépassable. » Outrage donc aux dogmes de la République et à sa dictature des droits de l’homme ! D’où la fureur des gardiens du temple et les aboiements de leurs chiens de garde.
Déchéance de l’autorité
Certes, bien avant Zemmour, les penseurs, essayistes et polémistes de la droite nationale ont dénoncé ces impostures. Mais de solides cordons sanitaires, hérissés de barbelés électrifiés, maintenaient plus ou moins ces hérétiques à distance. L’originalité de Zemmour, c’est d’avoir fait jaillir les idées auxquelles il s’abreuve au cœur même du système. Un geyser aux éclaboussures brûlantes…
Zemmour rappelle ainsi aux Français que la préférence nationale est indissociable de l’idée même de nation. Et c’est l’écho de plus en plus favorable que recueille cette affirmation, en train de redevenir une évidence aux yeux de beaucoup de nos compatriotes, qui dérange le plus l’establishment euro-mondialiste et libéral-libertaire, dont la nomenklatura croyait avoir enterré la notion de patrie. Elle creusait la tombe depuis quarante-six ans ! Et voici que cette dernière sort de son cercueil et leur fait des pieds de nez à la télévision…
L’amenuisement continu de tout élément et rudiment d’autorité constitue sans doute l’effet le plus mortifère de l’idéologie soixante-huitarde. Démonstration la plus récente : le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, se dit inquiet des exactions de plus en plus violente perpétrées par des groupuscules d’extrême gauche « en voie de radicalisation », auxquels la mort de l’écologiste Rémi Fraisse sert actuellement de combustible. Face à cette menace, quelle mesure prend le premier flic de France ? Cédant aux intimidations de ces minorités ultraviolentes, il désarme les gendarmes en leur interdisant l’usage des grenades offensives. CQFD.
Jean Cochet
http://fr.novopress.info/178707/zemmour-la-zemmourisation-du-debat-public-present-8236/