La politique et moi, c'est 35 ans de rapports intenses et passionnés. Peut être est-ce ou sera-ce– l'avenir n'est pas encore écrit – l'engagement de toute une vie. Pourtant, de façon paradoxale, je n'aime pas la fréquentation des militants, que ce soit ceux de la mouvance ou d'ailleurs. Je leur reproche – ce qui justement les caractérise – leur engagement partisan. S'il est en effet un domaine ou mauvaise foi et malhonnêteté intellectuelle sont omniprésentes, c'est bien en politique.
C'est ainsi que les militants de la majorité défendent le gouvernement au même titre que ceux de l'opposition le fustigent systématiquement. Or, aucune idéologie, aucun gouvernement ne peuvent être considérés comme totalement mauvais ou nocifs.
On comprendra que la majorité des militants lisent principalement des ouvrages écrits par des essayistes issus du même terroir qu'eux, ce afin de voir conforté leur point de vue. Pourtant, les ouvrages de valeur, tout simplement objectifs voire d'un autre bord, ne manquent pas.
André Breton ne se trompait peut être donc pas en affirmant « qu'adhérer c'est l'idéal du mollusque ».
Sur ce qu'est le Front National, mouvement politique connu de tous depuis une trentaine d'années, chacun y va de son petit refrain. Le plus souvent de façon subjective et passionné. On peut néanmoins, sans préjugés, l'étudier de façon rationnelle, quand bien même est-on, comme moi – engagé en sa faveur. Pour ce faire, il suffit de ne pas censurer les informations susceptibles de nous déranger ou contrarier. C'est justement ce que se refuse à faire l'homme d'une seule idée qui picore dans la base de données empiriques, les seuls renseignements justifiant son point de vue.
Voilà la raison pour laquelle, l'esprit objectif ne peut que dessiner qu'un tableau nuancé de la réalité. Voilà aussi pourquoi, il apparaîtra aux yeux de beaucoup comme peu clair.
Le Système fustige le Front national de manière caricaturale. Ainsi le fait de le qualifier de fasciste. Lionel Jospin en fut, avant de reconnaître, très tardivement, qu'il ne s'agissait là que mensonge (1)
Aux élections présidentielles de 1981, les quatre principaux candidats proposèrent aux Français,quatre modèles de société différents. Aujourd'hui, la grande homogénéisation, prélude au totalitarisme à venir, rend la plupart des partis interchangeables : bien peu de différences entre Sarkozy, Bayrou et Hollande. Aujourd'hui, la plupart des partis appartiennent au monde demo-libéral. Ce qui rend le Front National extrémiste aux yeux de beaucoup, c'est qu'il est probablement le dernier parti viscéralement républicain : comme si la République, dont il a existé plusieurs moutures, était extrémiste …
A lire la presse systémique, on a presque l'impression que le Front National constitue le plus grand des dangers qui menace la France. Attitude d'autant plus surprenante que ce mouvement n'a jamais exercé de responsabilités ministérielles et que donc, par voie de conséquence, il n'est nullement responsable de la situation actuelle. Si le Front National joue bien, force est de constater qu'une bonne partie de son succès, n'est que la conséquence de l'échec des autres. Si le Système veut réellement détruire le Front National, il lui suffit tout simplement de résoudre les problèmes auxquels les Français sont confrontés.
A titre d'exemple, on nous assène que la politique économique menée, tant par les gouvernements de « droite » que de « gauche » est incontournable. Il n'en reste pas moins que dans la presse économique, on s'inquiète de l'actuelle situation. Même l'Allemagne, meilleur élève économique de l'Europe d'un point de vue systémique, voit sa situation critiquée par ces mêmes partisans du Système. Il est aussi bien beau de reprocher au Front National de vouloir revenir au Franc. N'en reste pas moins, toujours à lire la presse économique systémique, que la disparition de l'euro y est très sérieusement envisagée. Et que les grandes entreprises ont déjà élaboré des plans afin de s'adapter au retour au Franc.
Il est aussi bien facile au Système de reprocher au Front National de mettre en exergue le fait délinquance. Si le mouvement de Marine le Pen insistait sur la future invasion des petits hommes verts, il ne ratisserait pas autant de suffrages. Fatalement donc, c'est que ce fait délinquance, existe réellement. Et là encore, objectivité oblige, les statistiques nous indiquent que cette délinquance croît, mais aussi qu'elle est de plus en plus violente.
Phénomène lié, l'immigration et ses excès, ne sont nullement une invention du Front National : non seulement les faits objectifs l'affirment, mais aussi les Français – qui ont des yeux – le perçoivent objectivement.
Le chômage voici un demi-siècle, c'était moins de 500 000 personnes. Aujourd'hui, toutes catégories confondues et assimilés, c'est environ vingt fois plus, soit pas très éloigné de 10 millions de Français. On ne peut donc pas dire que ce chômage est le fait du Front National ou que les solutions proposées par ce mouvement politique soient nécessairement mauvaises. Au contraire, on ne peut que constater l'échec des différentes politiques menées en ce domaine et ainsi, prôner une politique alternative. Celle par exemple, proposée par le Front National...
Ce dont le Système, qu'il ne faut absolument pas limiter à l'actuel gouvernement, ne semble pas avoir conscience, c'est de son impopularité qui va crescendo. En fustigeant le Front National, il ne fait donc, par réaction, que le renforcer. Puisque les Français rejettent les différents gouvernements successifs, ils se tournent tout naturellement vers le mouvement le plus décrié par ces gouvernements : le Front National.
Alain Rebours