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La gauche, l'affaire Lepaon et la faillite des élites

A son arrivée au pouvoir, François Hollande avait fait de "la République exemplaire" le leitmotiv de son quinquennat. Deux ans et demi plus tard, la gauche alimente la chronique des affaires, accréditant auprès de l'opinion l'idée d'une faillite générale des élites.

Dernier épisode en date, la mise en cause du numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, pour son train de vie, est venue s'ajouter à la récente démission de Kader Arif de son poste de secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et à celle de Faouzi Lamdaoui, conseiller de François Hollande à l'Elysée. "C'est gênant, cela donne le sentiment d'une litanie, d'un feuilleton", estime le politologue Frédéric Dabi (Ifop).

"Lepaon avait, à raison, admonesté tel ou tel patron voyou. Mais, maintenant avec cette mise en cause, il alimente le refrain "faites ce que je dis, pas ce que je fais" et accrédite l'idée d'une faillite des élites. C'est la loi d'airain", ajoute-t-il.

Jean-Daniel Levy (Harris-Interactiv) partage cette analyse sur une coupure entre la minorité dirigeante et la majorité dirigée. "Un responsable politique ou syndical a vocation à faire don de soi à la collectivité. Personne ne pense qu'ils doivent vivre comme tout un chacun, mais tous attendent d'eux une probité importante", explique-t-il.

Pour inédits qu'ils soient, les démêlés du numéro un de la CGT n'auront pas "un grand impact" en eux-mêmes sur l'opinion publique, selon les analystes interrogés par l'AFP.

En revanche, tous notent leur effet cumulatif néfaste sur la gauche, après les épisodes de Jérôme Cahuzac, Thomas Thévenoud, Aquilino Morelle (conseiller politique du chef de l'Etat contraint à la démission, ndlr), Kader Arif et Faouzi Lamdaoui. Et cela même si ces affaires sont de nature différente et ne préjugent pas la culpabilité des uns ou des autres.

"La gauche ne peut plus se parer de vertu. Tout cela PARTICIPE d'un climat général. Et dans ces temps de crise, cela devient insupportable pour l'opinion", fait valoir Stéphane Rozès, président de Cap (Conseils, analyses et perspectives). Pour lui, le résultat sera, en termes électoraux, une abstention plus grande ou un vote en faveur du Front national.

Néanmoins, sur ce dernier point, il estime que les affaires touchant l'UMP et le PS ne sont "pas la dynamique essentielle" du vote en faveur de Marine Le Pen. "La dynamique en faveur du FN, dit-il, est de nature politique reposant sur l'idée de s'opposer à une mise du pays sous contrainte extérieure".

- 'Un voile noir' -

Frédéric Dabi juge, pour sa part, que cette litanie mortifère d'affaires touchant la gauche, au moment où l'UMP en a elle aussi son lot, "favorise le vote en faveur du FN, des partis anti-système".

"75% des Français considèrent les responsables politiques comme corrompus, mais finalement ils s'en accommodent", relève Jean-Daniel Levy, qui y voit pour preuve, par exemple, la réélection de Patrick Balkany (UMP) à Levallois-Perret. Il note qu'entre 2012 et 2014, "les traits d'image de Nicolas Sarkozy n'ont pratiquement pas bougé auprès des sympathisants UMP, hormis sur un point, l'honnêteté". L'ex chef de l'Etat, qui "est pourtant cité dans 11 procédures judiciaires, a été élu président de l'UMP", ajoute-t-il.

Dans les années 90, moult affaires avaient émaillé la fin du deuxième septennat de François Mitterrand: financement occulte du PS, suicide de l'ex Premier ministre Pierre Bérégovoy, suicide d'un conseiller à l'intérieur même de l'Elysée, délits d'initiés, écoutes, etc. Mais, pour Stéphane Rozès, la défaite cinglante du PS aux législatives de 1993 s'explique davantage par "l'incapacité du pouvoir face à la montée du chômage" que par les affaires qui "ne faisaient alors qu'émerger".

Quel sera l'impact sur François Hollande? Pour Jean-Daniel Levy, le chef de l'Etat "est encore un peu protégé". "Son rapport à l'argent n'est pas une critique qui émerge. Il est perçu comme un homme honnête, indépendant par rapport à l'argent".

Pour l'avenir, et notamment son souhait de se représenter à la présidentielle de 2017, Frédéric Dabi est prudent. Il considère que le "feuilleton des affaires renvoie François Hollande à son anaphore "Moi, président..." qui sera alors utilisée comme un boomerang par ses adversaires". "C'est un voile noir sur un des leviers de sa victoire à la présidentielle de 2012", et cela met à bas "la République exemplaire" qu'il avait promise.

Sylvie Maligorne

Afp via yahoo :: lien

http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuElupypuFuQwkuFiu.shtml

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