« La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots
Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la Patrie. (15)
France…
Alain Mimoun, lors de l'inauguration d'un stade à son nom, le 19 juin 1999, prononça l'allocution qui suit. - Cet athlète français, né à Le Telagh, Algérie, en 1921, vainqueur du marathon olympique à Melbourne, en 1956, fut le plus grand coureur de fond français depuis Jean BOVIN (mort au champ d'honneur en 1914).
Chaque matin, lorsque je me réveille, je remercie Dieu de m'avoir donné la bénédiction d'être citoyen de ce pays. J'ai connu la France, rêvant à elle sur des cartes de géographie et je m'interrogeais. Comment est cette France, ma mère patrie ?
A 10 ans, on m'avait refusé une bourse alors que tous les fils de colons en profitaient. Cette injustice renforçait mon envie de connaître ce pays. Le seul moyen était l'armée. Le hasard fit que la guerre fut déclarée trois mois avant mes 18 ans. Je m'engageai.
Je me suis plus engagé pour connaître la mère patrie que pour la défendre. J'ai donné mon sang pour la France et j'ai arraché quatre médailles pour elle.
Honnêtement, ce qui me peine un peu, c'est le sentiment que parfois le peuple français ne mérite pas son pays.
J'ai fait deux fois le tour du monde. Pour moi, rien ne vaut la France. Quand le drapeau tricolore a été hissé à Melbourne, j'ai pleuré sans larmes, tellement j'étais déshydraté. Cela fait mal.
Pour moi, la France, c'est la plus belle fille du monde. Avec en plus quelque chose de sacré, comme une atmosphère de sainteté.
Alain Mimoun
Villemomble Magazine, n°19