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2014 : l'année où les Français ont manifesté leur refus d'un monde sans frontière

Dans le Figarovox, Alexandre Devecchio analyse la droitisation de la société :

"[...] Ce que les politologues appellent aujourd'hui la droitisation de la société pourrait donc être finalement un mouvement très profond et durable. S'il est trop tôt pour l'affirmer de manière définitive, dans quelques décennies les historiens regarderont peut-être l'année 2014 comme l'an I d'une nouvelle révolution. Une révolution que l'on pourrait qualifier de «conservatrice» car elle a ceci de spécifique qu'elle ne vise pas à établir un ordre nouveau, mais tout au contraire à rétablir un ordre ancien perçu comme plus juste: celui d'une France unie et enracinée fondée sur un Etat fort. Au-delà de la traditionnelle grille de lecture droite/gauche à laquelle se cantonne trop souvent les médias, l'année 2014 restera comme celle où les Français ont manifesté leur refus d'un monde sans frontière et sans limite et affirmé leur volonté de retrouver leur pleine souveraineté. [...]

Les bouleversements politiques ne manquent pas. La percée du Front national, devenu le premier parti de France à l'occasion des élections européennes, est incontestablement un séisme dont on n'a peut-être pas encore mesuré complètement l'onde de choc. De même, l'arrivée de Manuel Valls à Matignon, puis la nomination d'Emmanuel Macron au ministère de l'économie, obligeant François Hollande à assumer son ralliement au capitalisme financier et au libre-échangisme dérégulé constituent des moments de rupture. Enfin, la campagne interne très droitière imposée par sa base à Nicolas Sarkozy (notamment son basculement lors du meeting de Sens commun) est un fait marquant. Toutefois, l'évènement majeur de cette année n'est peut-être pas politique, mais métapolitique. Le succès du livre d'Eric Zemmour, vendu à plus de 300 000 exemplaires, et les multiples polémiques qui ont accompagné sa sortie, dépassent largement le phénomène d'édition pour devenir un phénomène de société. [...]

Le phénomène Zemmour vient de loin. Il fait écho à d'autre succès d'édition tel que celui de l'Identité malheureuse d'Alain Finkielkraut l'année dernière. De manière encore plus lointaine, il renvoie également au «Non» français au référendum européen de 2005, au débat sur l'identité nationale, aux marches de la Manif pour tous ou encore à la contestation des Bonnets rouges. Mais ce qui était jusqu'ici une révolte sourde et sous-terraine, presque honteuse, s'affiche de plus en plus au grand jour.La révolution conservatrice s'accompagne d'une révolution numérique qui permet désormais aux plus humbles de se faire entendre. Ainsi, lorsqu'I-télé a décidé de remercier le chroniqueur, le cri de protestation des réseaux sociaux a raisonné si fort que l' «effet domino» escompté par certains, n'a pas eu lieu. Tout au contraire, Eric Zemmour s'en est trouvé renforcé, voire re-légitimé.

Reste que pour l'heure, cette révolution en marche, n'a ni leader incontesté, ni projet alternatif cohérent. La révolution conservatrice reste avant tout une coalition des «Non»: «Non» à l'Europe néo-libérale et technocratique, «Non» au mariage pour tous, «Non» aux taxes et aux impôts … Et comme l'a bien montré l'histoire, en particulier l'histoire de France, les processus révolutionnaires sont parcourus de poussée de fièvre et de violence. L'année 2014 a aussi vu apparaître certains signes de radicalisation dont le plus marquant est peut-être la manifestation de Jour de colère, véritable défouloir rassemblant l'extrême gauche et l'extrême droite dans un fourre-tout haineux. L'union des «anti» débouchera-t-elle sur une ligne commune et une nouvelle majorité d'idées soudée ou au contraire sur la guerre de tous contre tous."

Michel Janva

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