Le président de la République de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a donné l’ordre à tous ses volontaires en mission en Ukraine de retourner immédiatement en Tchétchénie (source). Ces troupes soutenaient les séparatistes prorusses du Donbass.
La première raison évoquée est relative aux relations difficiles entre Tchétchènes et Russes sur le terrain, ce qui rend complexe la coordination des opérations entre unités.
La seconde raison est la volonté des Tchétchènes prorusses de venger Isa Munayev, dissident tchétchène et vétéran des guerres de Tchétchénie, engagé auprès des Ukrainiens dans le Donbass. Même Kadyrov reconnaissait que Munayev était un chef de guerre “très efficace” quoiqu’il le qualifia “d’ennemi personnel”. Solidarité tchétchène oblige, l’annonce de sa mort a semé un froid chez les troupes tchétchènes du Donbass. En conséquence, ces derniers ne veulent plus affronter leurs compatriotes ayant choisi de soutenir Kiev.
La troisième raison se trouve dans le Caucase lui-même. Des informations concordantes indiquent que des cellules djihadistes composées de Tchétchènes et d’étrangers – potentiellement agitées par Washington et le Qatar – planifieraient leur retour depuis la Syrie vers la Tchétchénie au printemps afin d’y ouvrir un second front contre Moscou.
Les affrontements entre forces de sécurité russes et islamistes tchétchènes proches d’Al Qaida ont augmenté en 2014. Un attentat à Grozny ayant fait plusieurs morts a particulièrement inquiété Kadyrov et le Kremlin (source). C’est ce climat qui explique que Kadyrov ait cru utile d’apparaître en défenseur de l’islam suite aux caricatures de Charlie Hebdo en organisant au pied de la mosquée portant le nom de son père à Grozny un rassemblement de protestation monstre (source). Il s’agit pour le vassal de Vladimir Poutine de ne pas laisser le monopole de la religion aux groupes armés qui s’apprêtent à venir contester son leadership.
Moscou a aussi de bonnes raisons de craindre l’ouverture d’un second front. Le calme en Tchétchénie tient notamment aux dons considérables consentis par le gouvernement central. Or, ils devraient être réduits de 50% en 2015 en raison des sanctions économiques occidentales. De quoi inquiéter le gouvernement russe qui sait la “loyauté tchétchène” fortement conditionnée à sa capacité d’acheter la paix civile dans la région. Kadyrov lui-même aura beaucoup de difficultés à maintenir sa suzeraineté sur des seigneurs de guerre moins généreusement rémunérés.