Les forces irakiennes se préparaient samedi à lancer l'assaut contre les derniers jihadistes du groupe Etat islamique retranchés à Tikrit, qui va être reprise dans "dans les trois prochains jours" selon un commandant.
Outre Tikrit, l'attention de la communauté internationale est tournée vers la Syrie, où le sanglant conflit entre dimanche dans sa cinquième année sans perspective de fin. Le directeur de la CIA a clairement souligné que les Etats-Unis ne voulaient pas d'un effondrement du régime de Damas car il laisserait le champ libre aux jihadistes, également très actifs dans ce pays.
La bataille de Tikrit pourrait prendre fin "dans 72 heures", le temps nécessaire pour chasser les jihadistes de cette ville à 160 km au nord de Bagdad que l'EI contrôle depuis juin 2014, a affirmé samedi le porte-parole des Unités de mobilisation populaire, Karim al-Nouri.
Ce large groupe de milices, composées essentiellement de chiites, joue un rôle clé dans l'offensive lancée il y a deux semaines pour reprendre Tikrit à laquelle participent des milliers d'hommes de l'armée, de la police et de tribus.
Les derniers jihadistes dans la ville, qui ne sont plus que "60 à 70", sont "encerclés de toutes parts", a ajouté M. Nouri qui s'exprimait depuis la périphérie de Tikrit, près du village d'Awja.
Selon lui, la libération de Tikrit sera annoncée une fois qu'un passage sécurisé aura été assuré au milieu des milliers d'engins piégés déposés par les jihadistes pour défendre la ville.
Un lieutenant-colonel du service antiterroriste de l'armée a affirmé cependant que "les combats dans les villes sont difficiles pour toutes les armées", se gardant de tout pronostic sur l'heure de la victoire.
Des journalistes de l'AFP présents à Awja ont vu que des dizaines de cratères avaient été provoqués dans une rue par l'explosion de bombes placées sous la chaussée. Il n'y avait pas de signes d'intenses combats samedi, après des pilonnages vendredi sur les jihadistes.
Une reprise de Tikrit ouvrirait la voie en direction de Mossoul, la deuxième ville d'Irak et principale place forte des jihadistes.
- 'Attaque imminente' -
L'EI contrôle également de larges territoires en Syrie où sa montée en puissance et ses multiples exactions ont largement éclipsé la confrontation entre les forces du régime et les rebelles.
Face à cette menace qui dépasse les frontières de la Syrie et de l'Irak, les pays occidentaux qui réclamaient à cor et à cri le départ du président Bachar al-Assad en 2011, sont devenus moins véhéments.
"Aucun d'entre nous, Russie, Etats-Unis (...) ne veut un effondrement du gouvernement et des institutions politiques à Damas", a expliqué vendredi le directeur de la CIA John Brennan. Des "éléments extrémistes", dont l'EI et d'anciens militants d'Al-Qaïda, sont "en phase ascendante". Et "la dernière chose que nous voulons, c'est de leur permettre de marcher sur Damas", a indiqué M. Brennan qui a souligné l'importance de soutenir les forces de l'opposition modérée.
Les Etats-Unis mettent actuellement en place en Turquie un programme de formation militaire et d'équipement de rebelles de l'opposition modérée syrienne.
Des avions de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a mené dans la nuit des frappes contre les jihadistes près de Tall Tamer, dans le nord-est de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il s'agit des premiers raids de la coalition dans ce secteur nord-est de la province de Hassaké depuis que l'EI a lancé fin février une offensive visant à prendre Tall Tamer et la ville de Ras al-Ain, plus au nord, à la frontière turque.
Vendredi, les Unités de protection du peuple (YPG) avaient appelé la coalition à les aider contre les jihadistes "pour empêcher tout massacre contre des civils sans défense". Le porte-parole des YPG Redur Khalil a affirmé que les combattants kurdes de Ras al-Ain s'attendaient à une "attaque imminente".
Si l'EI s'emparait de Ras al-Ain et Tall Tamer, cela lui permettrait de contrôler les routes reliant ces localités à Mossoul.
Depuis le début, le 15 mars 2011, de la révolte populaire contre le régime, réprimée dans le sang et qui s'est transformée en une guerre dévastatrice, les violences ont fait plus de 210.000 morts et contraint 11,2 millions de personnes à quitter leur foyer.
Afp via nouvel obs :: lien