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L'hypertrophie et l'opacité de l'Etat

Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques» (IFRAP). Elle dénonce au Figarovox l'opacité de l'Etat et la complexité du système...:

"je n'imaginais pas, en commençant mes recherches, que personne ne connaissait le nombre de taxe, impôts et cotisations sociales qui pèsent sur les ménages et les entreprises en France. A priori, ma première estimation tournait autour 170 taxes et impôts… et finalement, jours après jours la liste s'est allongée pour atteindre 360 ! A l'étranger le nombre d'impôts et taxes tourne autour d'une centaine… Idem pour la liste des primes des agents de l'Etat, je pensais la trouver en trois clics sur Internet. Finalement pour avoir le Livre Blanc de l'Office national de paie, qui est le seul document exhaustif sur les primes de l'Etat, il a fallu que j'aille chercher une clé USB en catimini avec le risque que la personne qui m'aidait soit inquiétée si cela se savait. En quoi le sujet des primes de l'Etat est-il un sujet si important pour que la liste ne soit pas publique ? Certainement car, en un seul coup d'œil quand on a les 4 000 pages imprimées sur son bureau, on comprend que le système ne peut continuer à être géré comme cela ! On comprend aussi immédiatement comment on a perdu 290 millions d'euros après 6 ans de travaux infructueux puisque que le projet de logiciel de paie ne pouvait pas fonctionner et. Personne n'a dû oser dire qu'il fallait, avant de développer un logiciel, réduire le nombre de primes et appliquer les mêmes dans tous les ministères… [...]

Ce qui étonne, c'est surtout le mutisme des organisations publiques quand nous les questionnons. Les chiffres que nous demandons sont toujours indisponibles. Pour se procurer les bilans sociaux des départements par exemple, il a fallu passer, en plus d'un premier email de demande, une centaine d'appels téléphonique et une cinquantaine de relances par email. Tout cela pour des documents qui devraient être en ligne, accessible à tous les citoyens. Aussi, quand nous osons demander les comptes annuels des caisses primaires d'assurance maladie ou des caisses d'allocations familiales, c'est encore plus problématique. Nous n'avons réussi, sur une centaine, à en obtenir un peu plus d'une dizaine et là, l'accueil est souvent glacial avec la question qui revient systématiquement : « de quel droit demandez-vous nos comptes ?». Nous avons souvent l'impression que les organisations publiques ont oublié qu'elles travaillent pour la collectivité avec des deniers prélevés sur le travail de chacun d'entre nous.

Certains vous reprochent d'avoir une approche idéologique «ultra-libérale». De vouloir faire subir une violente purge à la France. Est-ce un livre idéologique ? Que vous inspirent ces critiques?

« On va dans le mur… » n'est pas un ouvrage idéologique mais une tentative pour réveiller nos élus, nos responsables publics et l'opinion publique et leur donner envie de prendre à bras le corps les maux qui plombent notre économie. Ce livre est basé sur des chiffres factuels qui bloquent la création d'entreprises, l'innovation, la création d'emplois et donc l'ascenseur social.Dans tout pays moderne, les services publics et l'impôt sont nécessaires. Il convient juste de ne pas oublier que pour mettre en commun et redistribuer, la première étape est de produire et qu'un bon système bien géré est préférable à un système qui génère du déficit et du chômage. Ceux qui réorganiseront la France ne le feront pas pour faire plaisir à Bruxelles ou à nos créanciers, ils le feront pour éviter à leurs enfants le déclassement de la France. Cela n'a rien d'idéologique."

Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

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