Elections départementales acte III : le Front National présentera jeudi des candidats à la présidence des 14 départements où il a fait élire 62 conseillers. Il s’agit bien sûr de mettre l’UMP au pied du mur, de débusquer son double langage, de faire apparaître sa connivence de fait avec le PS, notamment dans l’Aisne, le Gard, le Var, le Vaucluse aux majorités incertaines et où le FN peut peser de manière notable. « S’ils veulent obtenir notre soutien, ils devront s’engager à mettre en œuvre les quatre ou cinq points qui apparaissent essentiels dans la direction politique du département. Et s’ils ne le font pas, ils dirigeront tout seuls ». Soit les élus UMP-UDI acceptent de signer notre charte – engagements sur la baisse des impôts, la sécurité, le chômage, refus de financer l’immigration et d’encourager le communautarisme…- « soit ils nous envoient paître mais ils devront assumer de cogérer le département avec la gauche » a expliqué Marine Le Pen.
Au lendemain d’une élection très difficile pour un FN encore en manque d’ancrages locaux, aux candidats souvent novices qui ont été confrontés au poids de notables, des clientélismes, au front ripoublicain et à un mode de scrutin défavorable, le FN, rappelons-le, est arrivé en tête dans 43 départements au premier tour, avec 25,2% des voix et obtient au second tour 22,36% des suffrages, de 35% à 40% dans les cantons où il était encore en lice. A titre d’exemple, dans l’Aisne, le FN a progressé de 5000 voix entre le premier et le second tour.
Ce sont bien évidemment les magouilles et le refus de la proportionnelle qui empêchent les Français de bénéficier aujourd’hui de conseils départementaux réellement représentatifs.
Ainsi, l’UDI qui ne pèse pas grand-chose, du fait de son alliance ventouse avec l’attelage UMP-MoDem-divers droite assimilés (au total 6 942 575 voix ), revendique désormais 450 à 500 conseillers départementaux (contre 187 conseillers cantonaux sortants) et dirigera en toute hypothèse, selon son président Jean-Christophe Lagarde, treize exécutifs départementaux.
Le PS lui engrange 886 élus alors même que son alliance avec les candidats étiquetés Union de la gauche lui a permis de récolter seulement 500 000 voix de plus que le FN (4 607 021 contre 4 108 404 au FN ). Les binômes Front de Gauche et PC (moins de 400 000 voix à eux deux), réussissent à conserver 165 élus…dont 120 élus pour le seul PC (contre 232 aux cantonales de 2011), ce qui reste le double du nombre de sièges obtenu par le FN !
25% des voix au premier tour pour le FN, 22% au second, présent dans 1 109 seconds tours et réalisant entre 45 et 50 % dans 99 d’entre eux. Résultat…62 conseillers départementaux FN-RBM sur 4 108, soit 1,5 % du total ! Exemples emblématiques, nous en citions hier : 38% pour le FN dans le Nord, 0 élu ; 40% dans les Pyrénées-Orientales, 0 élu ; 34,5% des suffrages pour le FN ce dimanche également dans l’Aude, 0 élu ; 39% en Moselle, 0 élu, tandis que dans ce même département aucun parti ne dépasse les 19% et que le PS avec un score deux fois inférieur (16 ;81%) décroche 14 sièges…
Bref, ces élections apporteraient la preuve de la permanence du « plafond de verre » bloquant l’ascension d’un FN qui « n’est pas encore une machine de second tour » explique Gaël Brustier, chercheur au Cevipol (Bruxelles), cité par Le Monde. Une partie de l’électorat de droite a été sensible aux consignes de front républicain, « pour l’avenir, c’est une donnée qui me semble être très compliquée pour le FN, car il essayait de démontrer avec ce scrutin qu’il pouvait jouer de manière autonome », affirme Martial Foucault, directeur du Cevipof.
Le Politologue Pascal Perrineau dans Le Point, ou encore le journaliste de gauche spécialiste es FN, Renaud Dély, tirent eux comme conclusion de ce second tour que le FN a subi un échec, le « marinisme » un revers. Un Front National qui ne parviendrait pas à ébranler franchement le (très artificiel) clivage droite-gauche qui le marginalise, la force inaltérable du duopole UMP-PS. Une opposition nationale sans « parti ami » sans « réserve de voix », et donc condamnée à échouer aux portes du pouvoir, incapable d’emporter un exécutif départemental pour y faire la preuve de ses capacité de gestion.
Certes dans les villes FN, cette capacité de gestion, plébiscitée dans un récent sondage par les habitants des communes concernées, s’est traduite par les très bons résultats réalisés aux départementales, ce qui prouve en effet l’importance de l’ancrage local pour relayer, faire progresser, légitimer les idées nationales.
A défaut de toujours remporter le canton, le FN a fait ainsi des scores remarquables, dans une configuration très compliquée, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), au sein du secteur 7 de Marseille (Bouches-du-Rhône) ; il est même sorti en tête chez les électeurs de la ville d’Hayange (Moselle), de Cogolin (Var), du Luc (Var), et a été victorieux dans les deux cantons d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) , les trois de Béziers (Hérault), mais aussi à Beaucaire (Gard) , à Villers-Cotterêts (Aisne) et dés le premier tour au Pontet (Vaucluse) et à Fréjus (Var) .
Pour autant, il ne faut pas se voiler la face. Cette question de la capacité du FN à fédérer, entraîner, dans une configuration de scrutin majoritaire à deux tours, est bien évidemment centrale, essentielle. Elle sera au coeur de nos réflexions, de la stratégie qui sera mise en place pour porter notre candidate, nos idées au pouvoir dans le cadre de la reine des batailles, la présidentielle de 2017.
Quoi qu’en disent les médias et les pontes de l’UMPS qui ont perçu ces deux derniers dimanche le vent du boulet, ce Système qui défend si mal la France mais qui défend férocement ses intérêts est ébranlé, élection après élection. Un hydre UMPS à deux têtes, désavoué, rejeté du fait de ses échecs, de ses mensonges, de ses orientations mondialistes, par une majorité de Français.
Bruno Gollnisch l’a souvent dit, une des clés de la victoire pour l’opposition patriotique (ce n’est pas la seule) réside dans sa capacité à faire sortir de leur léthargie, ces 45% à 55% Français abstentionnistes par dégout, résignation et/ou par ce qu’ils croient qu’ils font ainsi un bras d’honneur au Système… alors que leur grève du vote en assure le maintien.
D’ici là, d’autres coups de boutoir peuvent être portés à ce Système par le peuple Français, notamment à l’occasion des élections régionales de décembre 2015, à la proportionnelle, qui seront beaucoup plus favorables au FN . « Les régionales devraient amplifier le résultat frontiste (des départementales, NDLR) », a ainsi relevé Jean-Yves Camus, de l’Observatoire des radicalités politiques (ORAP) à la Fondation Jean Jaurès. «Les départementales sont le scrutin le plus défavorable au FN depuis que ce parti existe, en raison de la nécessité d’une sorte de notabilité locale, et du mode de scrutin», rappelle-t-il.
Une nouvelle étape dont doit se saisir le peuple Français s’il souhaite réellement se défendre pour recouvrer sa prospérité, conserver ses libertés, son identité et sa souveraineté. Comme le notait Michel Geoffroy la semaine dernière sur le site Polemia, la caste, le Système, ce qu’il appelle « l’oligarchie », «n’a qu’un ennemi ». « Non pas l’islamisme, ni le terrorisme, ni le chômage, ni l’insécurité, ni le réchauffement climatique, ni même le terrible Poutine. Non, l’ennemi principal, le vrai, c’est le peuple français qui décide de s’écarter de plus en plus de la voie choisie pour lui par l’oligarchie».
« Au plan politique, ce mouvement de coupure grandissante entre la France d’en bas et la France oligarchique se traduit dans la progression du vote pour le Front National.Au plan culturel il se traduit dans la contestation croissante, par les intellectuels, des postulats sur lesquels repose le Système et dans la dénonciation du politiquement correct ».
« Les médias, toujours simplistes, nous vantent à longueur d’antenne la réussite de la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen. Mais cela vise à nous faire croire que la progression du Front National se réduirait à une question de communication ou de casting. Encore un bobard politicien ! ».
« Car cette progression révèle avant tout un phénomène de société : l’entrée en dissidence du peuple français : une dissidence pour le moment électorale parce que les Français restent un peuple politique et policé. Mais si ce message politique ne devait pas être entendu, cette dissidence populaire pourrait, elle, finir par changer de nature.C’est la peur ? Non, messieurs les oligarques, c’est la révolution qui s’annonce ». Nous la prônons, nous, dans les urnes cette révolution patriotique, il n’est pas encore trop tard!
http://gollnisch.com/2015/03/31/dissidence-populaire-vs-plafond-de-verre/