Ce mardi soir, le bureau politique de l'UMP validera les règles du jeu de la primaire 2016. Quatre mois après son élection à la tête du parti, Nicolas Sarkozy souhaite passer à autre chose. Ses concurrents, Alain Juppé en tête, restent méfiants.
La scène se passe mardi 1er avril en fin d'après-midi lors de la réunion de la commission exécutive au siège de l'UMP. Nicolas Sarkozy mène les débats. Il informe les participants des futures règles de la primaire et annonce son intention de ne pas traîner. "Comme ça, la primaire sera réglée", lance-t-il. Stupéfaction parmi les élus présents. "Les modalités de la primaire seront réglées", se reprend-il.
Le président de l'UMP veut rapidement passer à autre chose. Pendant la campagne pour la tête du parti à l'automne dernier, Alain Juppé, François Fillon et consorts l'ont poussé à s'engager clairement pour une primaire en 2016. Il l'a fait dès son premier meeting à Lambersart. Puis il a répété qu'il tiendrait son engagement. Ses adversaires ont continué à douter de sa parole.
Alors Nicolas Sarkozy veut définitivement boucler le sujet. Plus vite les règles de cette primaire seront gravées dans le marbre, plus vite on cessera de l'enquiquiner avec cette question et plus vite il pourra s'atteler au chantier qui lui tient à coeur: refonder l'UMP.
L'ancien chef de l'Etat a ainsi avancé d'une semaine la réunion du bureau politique pour valider les règles d'organisation de cette primaire. Ce mardi soir, l'UMP annoncera que le premier tour se tiendra le 20 novembre (le 27 en cas de second tour), qu'il faudra payer deux euros et signer une charte pour voter, que les électeurs pourront se déplacer dans 8000 bureaux de vote.
L'avenir d'un Sarkozy président-candidat en question
La question des parrainages n'est pas définitivement tranchée. Le groupe de réflexion piloté par Thierry Solère, député des Hauts-de-Seine et proche de Bruno Le Maire, a fixé la barre à 25 parlementaires, 250 élus répartis sur au moins 30 départements et 2500 adhérents. Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand jugent ces conditions trop contraignantes.
Les règles de la primaire se sont largement dévoilées. Pourtant, un point reste flou et il inquiète les partisans d'Alain Juppé et de François Fillon. "Ce n'est pas ce qui écrit dans la charte qui pose questions mais plutôt ce qui n'y est pas", juge Gilles Boyer, conseiller politique d'Alain Juppé, interrogé par Le Parisien. En l'occurrence, la question du maintien de Nicolas Sarkozy à la présidence du parti en cas de candidature à la primaire.
La règle en vigueur est pour l'heure inscrite noir sur blanc dans les statuts de l'UMP: "Tout membre de la direction de l'Union ayant l'intention d'être candidat à la primaire (...) est tenu de démissionner de ses fonctions dès réception de sa déclaration de candidature et au plus tard quinze jours avant la date fixée par le dépôt des déclarations de candidature."
Eviter de rejouer la guerre Copé-Fillon
Problème résolu? Non. Fin mai, l'UMP se dotera de nouveaux statuts lors d'un congrès extraordinaire. Les adversaires de Nicolas Sarkozy réclament donc que cette question soit rapidement éclaircie. D'autant qu'ils gardent à l'esprit qu'en 2012, Nicolas Sarkozy avait attendu le dernier moment pour officiellement se présenter à la présidentielle. Ses proches s'étaient chargés de préparer sa campagne des mois avant. Rien ne l'empêcherait d'en faire de même lors de la primaire et ainsi de rester aux manettes du parti le plus longtemps possible.
Enfin, François Fillon n'a pas oublié que le duel à mort qui l'avait opposé à Jean-François Copé en novembre 2012 tirait son origine de la double position de ce dernier: candidat à la présidence du parti et numéro 1 de l'UMP. Eviter le remake de cette guerre des chefs, voilà bien une chose qui met d'accord tous les membres de l'UMP.
Matthieu Deprieck
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