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"L'esprit du 11 janvier", feu de paille à géométrie variable, est mort à Garissa

A lire dans le Nouvel Obs (photo : première liste des victimes) : 

"C’est un mot d’ordre comme il en naît chaque jour des milliers sur les réseaux sociaux : #147notjustanumber. Dix-huit caractères en forme de bilan pour dénoncer la barbarie qui vient de frapper le Kenya. Dix-huit caractères pour rappeler que, au-delà du nombre, il y avait des vies, celles de jeunes hommes et de jeunes femmes. Dix-huit caractères, enfin, pour s’étonner de la faible mobilisation, pour ne pas dire la relative indifférence, avec laquelle cette tragédie a été commentée dans les chancelleries comme dans les médias.

Lancé au lendemain du massacre qui a frappé les étudiants de l’université de Garissa la semaine dernière, ce mot d’ordre nous interpelle autant qu’il nous ébranle. Le monde aurait-il à ce point manqué de compassion et de solidarité ? Serions-nous coupables d’indignation sélective ? D’une émotion à géométrie variable en fonction des kilomètres qui nous séparent du massacre ou, pire, de la nationalité des victimes ?

Ce jour-là, sur le campus de l’université de Garissa, les terroristes sont arrivés à l’aube. Ils ont encerclé les dortoirs, réveillé les étudiants à coups de crosses et de cris, avant de procéder à un tri aussi méthodique que macabre. D’un côté les musulmans, de l’autre les chrétiens. Aux premiers la vie sauve, aux seconds une balle. Et pour toute une population, le choc et l’effroi (...)

Les valeurs que ces terroristes ont prises pour cible sont universelles. Au-delà des considérations géopolitiques locales, c’est donc un avertissement à la planète tout entière qu’ont voulu lancer les shebabs sur le campus de Garissa. Et pourtant. Il n’y a pas eu de marche ni de veillée spectaculaires pour célébrer la mémoire des victimes. Les télévisions et les sites d’information, toujours prompts à lancer des éditions spéciales, ont tardé à réagir, c’est vrai. Quant aux réactions officielles, elles ont été aussi formelles que lapidaires. Qu’il paraît loin, l’incroyable sursaut des opinions occidentales qui avait suivi les attentats de "Charlie Hebdo". On savait l’esprit du 11 janvier fragile. Il s’est évanoui en deux mois. Oubliant derrière le nombre, les ombres de Garissa".

Lahire

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