Dans une interview accordée au média africain Droit Libre TV, l’agriculteur biologiste et écrivain Pierre Rabhi donne son point de vue sur le Burkina Faso, la mondialisation, l’alimentation, le surpopulation.
Ce spécialiste de l’agro-écologie estime que la mondialisation est une horreur, non seulement pour l’Afrique, mais aussi pour le monde tout entier. « Elle détruit l’initiative des gens, elle confisque la possibilité des populations de se nourrir par elles-mêmes en les mettant en compétition avec des supra-sociétés qui deviennent si grosses qu’elles monopolisent le marché mondial. »
Selon lui, la politique est inconsciente de l’immensité de l’enjeu qui est la continuité de l’humanité ou sa disparition.
Nous sommes aujourd’hui sur un plan d’éradication de notre espèce. On pollue notre terre, notre eau, notre air ; on détruit nos semences donc le programme suicidaire est en route, surtout pour les damnés de la terre pour qui les souffrances sont atroces.
Pour Pierre Rabhi, le surpopulation mondiale n’est pas la cause de la faim dans le monde, mais c’est plutôt le partage inéquitable des ressources : « Imaginez cinq personnes autour d’une table, on met un plat, et il y en a un qui prend quatre parts et laisse une part aux quatre autres, c’est comme ça que se fait le partage des biens de la planète. C’est à dire, les goulus, ceux qui consomment énormément, affament les autres. »
Pierre Rabhi a écrit un livre : Vers La Sobriété Heureuse qui est un best-seller. Il traduit ce succès par le besoin d’un retour à la nature pour l’humanité. Son espoir est la créativité des gens et leur conscience, notamment en France.
Commentaires
L'image de Pierre Rabhi des "cinq personnes autour d’une table et du goulu qui consomme la part des autre" est assez mal choisie. En effet, les riches ne mangent pas 5 fois plus. A la rigueur 2 fois ou éventuellement des mets plus élaborés. Maintenant, une plus ou moins grande répartition des richesses, si elle est souhaitable sur le plan moral, ne résoudra EN RIEN la crise écologique actuelle. En effet, c'est le niveau moyen de consommation mondiale qu'il faut faire baisser, tout en augmentant celui des plus pauvres... Tâche évidemment très difficile, surtout si dans le même temps la population mondiale continue d'exploser (1 milliard tous les 12 ans, excusez du peu...). Finalement, contrairement à ce qu'exprime Mr Rabhi, la question centrale est bien celle de la surpopulation...
D'accord avec Pierre Rabhi pour son analyse de l'agriculture et son rejet des OGM. Mais sa position sur la surpopulation relève d'un déni et d'un aveuglement absolument extraordinaire. Sur la question de la faim, je rejoins le raisonnement tenu dans le commentaire précédent, la mauvaise répartition des ressources est un problème moral, et il faut bien sûr lutter pour quelque chose de plus juste, mais en ce qui concerne les biens, leur plus juste répartition ne règlera en rien la pollution et l'épuisement des ressources.
D'autre part Pierre Rabhi ne dit pas un mot sur la vie sauvage et son nécessaire respect. Où mettra t-il tous les animaux dans un monde surpeuplé ? L'Afrique aura multiplié par 20 sa population entre 1950 (200 millions d'habitants et 2100 (4 milliards selon l'ONU). Dans ce cadre là, tous les raisonnements sur une organisation plus subtile ou sur une plus juste répartition seront balayés par les ordres de grandeur. Ce monde surpeuplé signera l'arrêt de mort de la biosphère serions-nous tous des Gandhi ou des Jésus Christ (ce que d'ailleurs nous ne serons pas).
Nous devons partager la planète pas seulement entre les hommes mais entre l'humanité et le reste du vivant, là se trouve le véritable humanisme. Quand un problème est vaste il faut prendre beaucoup de recul. Au cours des 10 000 dernières années (c'est à dire depuis du passage à des économies de production) l'humanité a multiplié ses effectifs par 1000 ! N'est ce pas hors de toute proportion avec toutes les règles de la nature ? Et nous continuons, au cours des 45 dernières années le nombre des hommes a été multiplié par deux tandis que le nombre des animaux sauvages (vertébrés) était, lui, divisé par deux.
Je ne conçois pas que dans les interviews au cours desquels Pierre Rabhi veut donner de son combat un visage humaniste il puisse à ce point fermer les yeux sur ces réalités qui nous condamnent à la fois physiquement mais aussi moralement.
Pierre Rabhi dit des choses vraies sur la mondialisation et l'éradication en route de notre espèce par le saccage de la planète mais il est tout à fait utopiste en ce qui concerne la surpopulation! Si nous voulons filer sa métaphore, nous pourrions dire que si en 2014, il y a autour d'un plat 5 personnes, en 2050 à la même table, le plat sera 2 fois plus petit( perte d'environ 50% des terres arables par désertification, appauvrissement, artificialisation etc...)et ce ne sera plus 5 mais environ 8 personnes qui vont devoir se le partager ce plus petit gâteau!(si nous passons de 7 à 11 milliards)
Au vu de l'histoire de l'humanité nous pouvons dire que plus le gâteau sera petit moins on souhaitera le partager alors ce ne sera sans doute pas la sobriété heureuse mais la disette voire la famine pour le plus grand nombre.De plus, les drames qui attendent l'humanité si elle continue son expansion folle ne lui permettront pas de retrouver une place juste au sein de la nature et de reconsidérer son rapport au vivant. 11 milliards d'humains ne vivront pas en sage dans un jardin ardéchois.