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Éditorial de L’AF 2907 : La république contre nos libertés

À peine les élections départementales passées, voilà que les grandes — ou plutôt les basses — manœuvres politiciennes ont commencé en direction non seulement des régionales de la fin de l’année, mais surtout de la présidentielle de 2017.

C’est ainsi qu’il faut lire à la fois le lamentable spectacle donné par le Front National ces deux dernières semaines, les gesticulations de Sarkozy tirant sur tout ce qui bouge, les pricrocholines querelles intestines de l’UDI et la préparation du soixante-dix-septième congrès du parti socialiste, qui aura lieu du 5 au 7 juin à Poitiers et qui verra s’opposer quatre motions — le choix de l’une d’elles devant officiellement définir les orientations stratégiques du PS jusqu’au congrès suivant.

Avec les départementales, il s’agissait seulement pour les partis politiques de prendre une photographie réelle de l’opinion à l’aube de cette seconde phase du quinquennat qui ne sera, évidemment, pas plus que la première, consacrée au relèvement du pays. D’où la « nationalisation » du scrutin par toutes les formations. En république, ce qui importe uniquement, c’est de remporter les élections, avec l’espoir que le manque de résultats concrets dans la gestion du pays soit compensé par une politique de communication et des mesures démagogiques prises en faveur de ce qu’on pense être son électorat ou de celui qu’on espère attirer — faute de réussir contre le chômage, le PS est agressif depuis deux ans en matière de lois dites sociétales, les dernières étant particulièrement inspirées par l’instinct de mort, qu’il s’agisse de la banalisation pleine et entière de l’avortement, de la légalisation de l’euthanasie, de la création de salles de « shoot » ou du don du sang conçu comme un « droit pour tous », en dépit de l’opposition du Comité consultatif national d’éthique. Il est vrai que les socialistes ont une longue expérience en matière de sang contaminé...

Nous ne le redirons jamais assez : le problème de la république, ce ne sont pas les élections elles-mêmes, ce sont à la fois les élections appliquées à tout, notamment à la désignation du chef de l’Etat, et la perversion partisane des seules élections — locales et régionales — dans lesquelles le pays réel pourrait s’exprimer librement si on lui en laissait la possibilité, c’est-à-dire hors de tout chantage politicien. Or les partis politiques, tout en laissant croire aux Français qu’ils élisent eux-mêmes leur chef d’Etat alors qu’ils ne font qu’avaliser par leur vote les candidats désignés par l’oligarchie, interdisent à ces mêmes Français de gérer librement leurs propres affaires. Oui, les partis pervertissent le débat politique lui-même en privant les citoyens de l’exercice de leurs libertés fondamentales.

Alors que notre pays doit faire face à tant de menaces, internes et externes, et relever tant de défis, comment ne pas être écœuré par le spectacle lamentable des partis qui, sans aucune pudeur, étalent leurs divisions internes, les éventuelles fractures idéologiques n’étant le plus souvent que le prétexte à des luttes d’égo et à des conflits d’intérêts auxquels le pays ne sert que de champ de bataille. Comment lire autrement, à l’UDI, les désaccords stratégiques entre Hervé Morin qui, en s’alliant avec l’UMP, veut prendre sa revanche sur Christophe Lagarde qui l’a battu aux élections internes et ce dernier, qui se rêve déjà un destin à la VGE toisant le candidat « gaulliste » — Sarkozy, dont le discrédit irait croissant jusqu’au printemps 2017, réduit au rôle de Chaban en 1974 ? Comment interpréter, sinon, l’attitude agressive à l’égard de Hollande, de Bayrou ou du « clan Le Pen », d’un Sarkozy qui peine à reconquérir les Français ? Pour l’heure, son principal adversaire n’est aucun de ces trois-là mais bien Alain Juppé, que les sondages d’opinion continuent de placer à près de vingt points devant lui (53% contre 35%, selon le baromètre OpinionWay pour Metronews/LCI publié dimanche 13 avril) ? Exister auprès des Français en s’arrogeant le titre de principal opposant, dans le seul but de flinguer avant même les primaires le maire de Bordeaux, qui a déjà promis, en cas de victoire, la place de premier ministre à Bayrou : telle la pitoyable ambition de Sarkozy pour 2015... Quant au parti socialiste, spécialiste des cotes mal taillées, il a l’habitude d’étaler, à chaque congrès, ses luttes fratricides comme autant de preuves de son bon fonctionnement démocratique. Son premier secrétaire, Cambadélis, a semble-t-il réussi à rallier sur sa motion « Le renouveau socialiste Réunir ! Réussir ! Renouveler » — tout un programme ! — la fausse dissidente et vraie ambitieuse Aubry dont le principal adversaire n’est ni Sarkozy, ni Marine Le Pen, ni même François Hollande, encore moins le chômage ou la finance, mais bien Manuel Valls. D’où le refus de « la » maire de Lille de suivre dans leur impasse les « frondeurs », qui n’ont pas réussi à cristalliser l’espérance des Français dans une autre politique, faute d’avoir mis en jeu leur confort parlementaire. D’où aussi sa volonté de recouvrer une dimension nationale — et de piéger au passage Valls ? — en ralliant la motion du premier secrétaire, amendée par le premier ministre lui-même.

Le Front National, enfin, en étalant devant les Français une querelle familiale comme un événement d’‘importance nationale, qu’a-t-il fait d’autre que de prouver aux yeux de ceux qui en doutaient encore qu’il est un parti comme les autres ? D’aucuns ont suggéré — des complotistes, sans doute — que la querelle, surjouée, avait été concoctée en famille... Seuls Bruno Gollnisch et Marion Maréchal-Le Pen ont su adopter dans cette affaire une attitude politique en déniant aux grands media, qui venaient de piéger le patriarche, le droit de dicter leur loi à un parti en quête de crédibilité entre provocation stérile et soif de normalisation propre à toute formation candidate au système.

Un système qui, en tout cas, devant d’éventuelles menaces, cherche à accroître ses capacités de défense. Le projet de loi sur le renseignement, actuellement en discussion au parlement et auquel ne s’oppose que mollement l’UMP, constitue une véritable menace pour nos libertés politiques, voire notre vie privée. S’il en fallait une preuve, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, nous la fournirait lui-même. N’a-t-il pas osé déclarer à Libération, le 10 avril, qu’ « il importe d’adapter la précédente loi [sur le renseignement], qui date de 1991, aux méthodes des terroristes qui ont changé, à la société numérique dans laquelle nous vivons, et à la nécessité de mieux protéger les libertés publiques après des épisodes comme l’affaire Snowden » ? Cazeneuve veut apparaître comme un nouveau Clemenceau créant les Brigades du Tigre pour adapter les méthodes policières à celles des criminels : malheureusement pour lui, son mensonge apparaît clairement quant on sait que le texte couvre un champ bien plus large que la lutte contre le terrorisme et que celle-ci n’est finalement qu’un prétexte pour surveiller de près les citoyens... Les moyens techniques dont il facilitera l’emploi par nos services de renseignement permettront peut-être de surveiller de près quelques candidats au djihadisme : l’expérience nous conduit à penser que le pouvoir les dirigera surtout contre les défenseurs de la société et les patriotes.

Nous n’avons pas le droit de baisser la garde !

François Marcilhac - L’AF 2907

http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-republique-contre-nos-libertes

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