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Logement social : le vivre-ensemble au forceps

Transformer de bureaux en logements sociaux, Anne Hidalgo y tient. Par pragmatisme – il n’y a pas tellement d’autre moyen de créer du logement dans Paris — et aussi parce que cela sert son idéologie du vivre-ensemble à marche forcée.

D’un côté, selon l’APUR, il y aurait 800 000 m2 de bureaux vides dans la capitale, dont 300 000 d’obsolètes. De l’autre, ce ne sont pas moins de 135 000 postulants qui attendent un HML. Pire, l’Île-de-France, qui représente 20 % de la population française, ne représente plus que 10 % de la construction totale de logements. Il faut dire que Paris est l’une des villes les plus denses d’Europe, difficile donc d’y trouver de la place pour construire de nouveaux logements (ce qui n’est pas le cas de la petite et grande couronne).

L’équation est donc simple : il suffit de puiser dans ce parc de bureaux vides pour les transformer en logements. C’est le choix de la mairie de Paris, qui prévoit d’utiliser 250.000 m² de bureaux vides d’ici 2020 pour créer de nouveaux logements. Selon la mairie, plus de 378.000 m² de bureaux ont déjà permis la réalisation de 5 400 logements entre 2001 et 2012.
Anne Hidalgo va donc aller plus loin et souhaite pousser les promoteurs vers la conversion des bureaux en habitat. La carotte, ce serait qu’ils puissent être « exonérés de taxes d’aménagement et aussi, de manière temporaire, de taxe foncière », explique Ian Brossat, l’adjoint responsable du Logement (PCF). Le revers de la médaille pour eux, ce seront les 25 % de logements sociaux que prévoit la loi pour tout programme immobilier, la Ville de Paris ayant l’objectif de financer 7.000 à 7.500 logements sociaux par an. Et cela sert de plus l’idéologie du vivre-ensemble, puisque la majorité des bureaux visés sont situés dans le VIIIe et IXe arrondissement de la capitale.

« C’est un levier majeur pour introduire de la mixité sociale dans les arrondissements au cœur de Paris », se félicite Ian Brossat.

Le prétexte est que les immeubles haussmanniens visés seront les plus faciles à réhabiliter. La réalité, c’est que le taux de refus de logements sociaux atteint 40 %. La situation concerne les « PLS », ces logements sociaux réservés aux classes moyennes, lesquelles refusent d’habiter dans des quartiers à forte mixité sociale… et/ou culturelle. Les refus concernent d’ailleurs aussi bien des appartements rénovés que des habitations flambantes neuves, particulièrement dans les arrondissements nord et est de la capitale. « Cela se produit aussi dans le XVIIe. », confirme le conseiller UMP de Paris Jérôme Dubus. L’élu les comprend : « Les gens trouvent les loyers trop élevés pour des secteurs dégradés en termes de sécurité. »

Bref, le vivre-ensemble ayant échoué dans les quartiers populaires, il est urgent de l’implanter dans les quartiers bourgeois afin qu’il y échoue également.

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