En cette matinée du 27 avril, Pierre Laurent était complaisamment interrogé sur Radio Classique. Rien n'était plus urgent.
J'écris ici "complaisamment" car la première question posée permettait au secrétaire national du parti communiste de montrer toute la compassion franco-mondiale sur laquelle repose encore son engagement : que pensait-il des malheureuses victimes du tremblement de terre au Népal ? Facile. Il faut aider les victimes. Aidons-les, tous ensemble, comme il se doit.
L'habile dialecticien a même su aisément contourner le piège dans lequel se fût enfourné un Mélenchon, ou n'importe quel agité du réchauffisme climatique : il ne nous a pas révélé les responsabilités du capitalisme dans une telle affaire.
De même, interrogé sur le dossier des migrants de Lampedusa, il s'est complu à la critique minimale des décisions du conseil européen tout en souhaitant que les 400 millions d'Européens accueillent "quelques milliers" de réfugiés supplémentaires, alors que le nouveau défi migratoire porterait à terme, de façon trop évidente, sur une hypothèse de plusieurs millions. Le camarade Laurent fait donc le procès commode et démagogique de l'Europe. Il n'évoque même pas la conclusion de la réunion des 28, laquelle, si elle est appliquée, permettra au moins d'entreprendre enfin la guerre aux passeurs. (1)⇓
Ce discours, cette manière de présenter son parti, avec l'appui discret des grands moyens de désinformation à l'héritier du stalinisme recyclé en bisounours : cela ne vient pas par hasard.
On le sait : un verre à moitié vide peut être considéré comme un verre à moitié plein.
Le 19 avril le chef de l'État, élu en 2012 avec les voix du parti communiste, s'était permis une de ces petites blagues dont il a fait de longue date sa marque de fabrique. Pour une fois [presque] juste, et [plutôt] drôle, sa remarque était dirigée contre la présidente du FN. Il s'agit en effet de l'adversaire qu'il préférerait [peut-être à tort, car même contre elle il peut perdre] affronter au second tour de la présidentielle de 2017 [il ne pense qu'à ça] : il avait osé comparer le discours actuel du front national "à un tract du parti communiste des années 1970".
Comme à leur habitude la plupart des commentateurs agréés se sont bien gardés de comparer effectivement et objectivement les déclarations, les programmes et les textes.
Ils ont préféré évoquer les sondages et les images. Et, des études d'opinion, on ne veut retenir que ce qui arrange : le 25 avril, le Parisien titrait ainsi fièrement que, non, décidément "FN/PCF : 66 % des Français ne sont pas d'accord avec Hollande (sondage)." (2)⇓
Et l'opinion bien-pensante se satisfait donc à l'idée que, par ailleurs, "76 % ont cependant une mauvaise opinion du PCF".
Eh bien entrons dans le vif des résultats, de ceux qui dénotent une "bonne opinion" du PCF. Il s'agit de chiffres minoritaires, certes, mais néanmoins affligeant. Le but actuellement poursuivi par Pierre Laurent, ses camarades et ses nouveaux compagnons de route, consistera, dans les années à venir, à les aggraver. Si j'en crois ce sondage : 50 % des sympathisants de gauche ont encore une bonne opinion du PCF ; 35 % des sympathisants de la droite classique et du centre préfèrent le PCF au FN ; 41 % des Français pensent que le PCF "défend bien les classes populaires" ; 38 % qu'il est "proche des gens" et 32 % qu'il est "utile à la vie politique française", etc.
Attendons le battage sur le 27 mai "journée nationale de la résistance" et l'on entendra encore le flot des mensonges aboutissant à la présentation du parti communiste et de Maurice Thorez comme incarnations des valeurs patriotiques.
Tant que de tels mensonges persisteront et continueront de se répandre dans l'opinion qu'elle soit classée à droite ou à gauche par les professionnels de l'enfumage, il sera dangereux de laisser croire que le PCF est le parti des bisounours et il faudra rappeler la vérité aux Français.
JG Malliarakis
Apostilles
- On lira à ce sujet la déclaration du commissaire européen à l'Immigration et aux Affaires intérieures, à Malte le 23 avril : "L'Europe a déclaré la guerre aux passeurs." ⇑
- cf. article "FN/PCF : 66 % des Français ne sont pas d'accord avec Hollande"(sondage) du Parisien le 25 avril.⇑
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