Le Populaire a consacré un article sympathique aux veilleurs de Limoges. Extrait :
"20 h 30 en hiver, 21 heures en été. Ils arrivent en ordre dispersé. Une majorité de retraités, portable collé à l'oreille, qui battent le rappel. Un rituel désormais bien rodé, chaque mardi soir, place d'Aine. Un lieu symbolique, face au tribunal, car ceux qui se font appeler « Les Veilleurs » contestent toujours la loi Taubira du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe.
Un nombre variable. Leur mouvement a pris corps dans la nuit du 16 avril de cette même année, alors que le débat agite l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Et le vote le 23 avril de ladite loi n'a pas réussi à l'endiguer. Au contraire. Aujourd'hui, ils sont des centaines à se réunir dans quelque 150 villes françaises dont Limoges, pour réclamer l'abrogation du texte… et « veiller ». Mais que veillent-ils au juste, ou plutôt sur quoi veillent-ils ? Et surtout qui sont-ils ? Leur présence interpelle les passants, agace certains voisins ; au mieux, elle indiffère, au pire, elle inquiète. Mais ces anonymes, droits dans leurs convictions, se veulent rassurants.
Il y a Sylvie, 62 ans, ancienne commissaire enquêteur ; Dominique, 65 ans, retraitée de la fonction publique hospitalière ; Philippe, 56 ans, ingénieur méthode ; Jean-Jacques, 62 ans, retraité de la fonction publique ; Jean, 81 ans, architecte honoraire à la retraite ; Antoine, 54 ans, profession libérale ; mais aussi Martial, Blandine, Bruno et sa guitare, et les plus jeunes. Au cours de la soirée, d'autres rejoignent ce noyau dur d'une dizaine de personnes. Leur nombre varie chaque semaine, pouvant monter à plus d'une centaine. Cela a été le cas, le 21 avril dernier, lors de la venue de Béatrice Bourges. La porte-parole du Printemps français engagé dans la manifestation contre le mariage homosexuel est venue souffler la 100 e bougie des veillées limougeaudes.
Ne leur dites pas qu'ils sont « cathos intégristes » ou qu'ils sont sympathisants FN, ils rejettent en bloc ce type d'appartenance. « Aucun prêtre ne nous a dit de venir ici, insiste Sylvie qui se dit non-pratiquante. C'est quelque chose en dehors du clergé. » « Nous, on veut réveiller les consciences, au lieu de rester cloîtré chez soi, renchérit Catherine. Ici, on lit des textes ; les gens s'arrêtent, posent des questions. On ne prêche pas une religion particulière. » Chaque mois, ils définissent un thème de réflexion. En avril, ils ont ainsi planché sur « Liberté et mensonge sont-ils compatibles ? » et, ce mois-ci, ils décortiquent les notions de « Justice et vérité ». Une fois par semaine, ils transforment ainsi la place d'Aine en temple à ciel ouvert. Un lieu de réflexion qu'ils veulent apolitique et aconfessionnel. [...]
Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html