Ecrit par Histoire et Société.
♦ Les journalistes américains ont frappé au-dessous de la ceinture, aussi bien l’administration actuelle à Washington que le régime de Kiev. Dans le Forbes , il a été déclaré sans ambages que la situation en Crimée est diamétralement opposée à ce qui est généralement raconté dans lesbriefings du Département d’Etat américain par la célèbre Jane Psaki…(*)
L’article est appelé « Une année après l’annexion russe de la Crimée, les gens sur place préfèrent Moscou à Kiev. » En fait, l’article est basé principalement sur deux études sociologiques des agences occidentales qui font autorité : l’américaine Gallup et l’allemande GFK. Cette dernière, d’ailleurs, est la plus grande structure de ce type en Allemagne et est parmi les quatre principales « agences » sociologiques à travers le monde. Je pense donc que même les Occidentaux les plus endurcis n’ont aucune raison de mettre en doute les résultats de ces études.
Après avoir analysé les résultats de l’enquête, la journaliste Kenneth Raposa tire des conclusions choquantes pour le monde occidental sur la situation en Crimée :
« Les gens du pays – qu’ils soient Ukrainiens, Russes ethniques ou Tatars – sont unanimes sur une chose : la vie avec la Russie est meilleure que la vie avec l’Ukraine. »
Elle rappelle aux lecteurs l’étude menée par Gallup en coopération avec le Conseil de Surveillance de Radiodiffusion Internationale (BBG) en 2014 en Crimée. Près de 83% de la population de Crimée a dit alors que les résultats du référendum de mars correspondaient effectivement aux souhaits et aux aspirations des habitants de la péninsule. Près de 74% des répondants étaient convaincus que la réunification avec la Russie aurait un impact positif sur leur qualité de vie, seulement 5,5% de la population était sûrs de l’inverse…
Ainsi, en janvier-février 2015, la GFK allemande a décidé de dresser un bilan de la première année de vie du peuple de Crimée avec la Russie. Et ces résultats sont pour l’Occident tout simplement incroyables.
82% des résidents de Crimée ont exprimé une approbation sans équivoque de la réunification de la Crimée avec la Russie. 11% sont globalement favorables. Au total, 93% de la population de la Crimée a un jugement positif sur les résultats du référendum de mars 2014 ! Seuls 2% de la population n’approuvent pas les retrouvailles.
Kenneth Raposa constate que les études des deux prestigieuses institutions occidentales suggèrent fortement que le résultat du référendum en 2014 est complètement objectif.
Seulement 1% des habitants de la péninsule estime que les médias ukrainiens ont donné des informations objectives sur ce qui se passait en Crimée. 4% considèrent les médias ukrainiens « plutôt objectifs ». 45% des résidents de Crimée pensent que l’information des médias ukrainiens est absolument fausse, et 35% – plus fausse que vraie.
Faisons quelques commentaires sur des points de l’enquête de GFK que Raposa n’a pas abordés.
Seulement 13% des résidents de Crimée estiment que leur situation financière s’est détériorée au cours de la dernière année (rappelez-vous les histoires terrifiantes rapportées par les médias ukrainiens sur « la famine » en Crimée). 21% de la population estime que sa situation financière s’est nettement améliorée au cours de l’année, 30% – simplement améliorée, 35% ont dit que leur situation financière demeure à peu près au niveau de l’année dernière.
A titre de comparaison, en Ukraine dans le même temps, 94% de la population a déclaré aux sociologues ukrainiens une forte détérioration de son bien-être !
Le principal sujet de préoccupation pour les habitants de Crimée est le conflit dans l’Est de l’Ukraine (42%). Ensuite viennent l’inflation (40%), la question du transport et de l’isolement de la Crimée (22%) et les problèmes financiers personnels (19%).
Par ailleurs Kenneth Raposa « achève » littéralement les patriotes ukrainiens et les amateurs américains d’ingérence dans les affaires des autres. Il note que dans la société de Crimée il y a unité et unanimité sur le cours politique actuel de la République (République Autonome de Crimée), alors que dans le cas de l’Ukraine une telle unité est tout à fait hors de propos.
Par exemple, selon les mêmes institutions sociologiques occidentales, dans la société ukrainienne il y a une scission grave qui menace objectivement l’intégrité territoriale du pays. La politique d’intégration dans l’UE est soutenue uniquement par 19% de la population de l’Est et 26% de la population du Sud de l’Ukraine (comme ces données diffèrent de celles des «sociologues» ukrainiens !), Tandis que dans l’ouest de l’Ukraine le soutien est de 84%, au Nord 60% et dans la zone centrale – environ la moitié. Dans le Sud-est, le soutien à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est encore plus bas que pour l’adhésion à l’UE. Et même en Ukraine occidentale, les partisans d’une telle décision ne sont qu’environ 53%.
Forbes est l’une des publications les plus respectées dans le monde, reflétant la position d’une grande partie des élites occidentales. Et l’article de Kenneth Raposa est une sorte de capitulation de cette partie des élites devant les faits réels : la Crimée est devenue russe en premier lieu en raison de la position de ses habitants. Et quant au choix « euro-atlantique » de l’Ukraine, ce n’est pas si évident que ça.
En Ukraine, cependant, on a forgé une réalité virtuelle, dont le but est la manipulation totale et le maintien de l’esprit martial dans l’ultra-droite.
Presque tous les grands médias ukrainiens ont complètement ignoré les résultats de la recherche des agences GFK et Gallup, mais en revanche ils ont fait leurs choux gras d’une nouvelle au titre fracassant : « La plupart des habitants de Crimée veulent réintégrer l’Ukraine ». La source de cette farce de bas étage est un tabloïd « La Crimée – faits réels… » Là, nous pouvons admirer la source originale de la nouvelle. Malgré le titre à sensation, dans le texte de l’article, l’auteur admet qu’il ne s’agit absolument pas d’une recherche sociologique, mais d’un « sondage en ligne » qui aurait été menée par une édition de bonne réputation, la Vérité de Crimée. Et c’est là que l’on découvre le pot-aux-roses. La Vérité de Crimée a déclaré avoir subi une attaque sur son site. Il l’a bloquée efficacement, et a laissé les bots ukrainiens s’ébattre en liberté (les célèbres troupes d’information?) afin d’obtenir les résultats souhaités. Si les résultats réels des sondages d’opinion ne correspondent pas à ce que souhaite voir Kiev, ils peuvent tout simplement les falsifier. Et puis bon gré mal gré les faire publier dans les médias. Tout cela montre bien ce qu’il faut penser des informations publiées par les « journalistes » ukrainiens… Et la chose la plus dégoûtante à ce sujet est que les gens du Nord-Ouest de l’Ukraine qui, en règle générale, n’ont aucun contact «en direct» avec la Crimée sont prêts à croire à ces sornettes. Et beaucoup sont même prêts à aller « récupérer » la République par la force des armes.
Dans l’ensemble, cet article paru dans Forbes est un signe très positif, montrant que les esprits raisonnables dans la société occidentale tentent d’attaquer les « faucons » qui vivent dans le monde de leurs rêves. La victoire du bon sens est encore loin, mais c’est un premier pas…
Ecrit par Histoire et Société, 4/05/2015
Source : Le Réveil français 06/2015
Note :
(*) Jennifer Rene, dite Jen Psaki, née le 1ᵉʳ décembre 1978 à Stamford, est la directrice des Communications de la Maison-Blanche depuis le 1ᵉʳ avril 2015. Wikipédia