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Les Français ne supportent plus le régime des partis et cela profite… au FN !

Une dépêche AFP reprise dimanche par de nombreux médias annonçait triomphalement que 75 % des Français ne font pas confiance au FN. Ce résultat qui semble sérieusement compromettre l’ambition d’accession au pouvoir de Marine Le Pen provient d’un sondage BVA réalisé les 11 et 12 juin pour Orange et i>Télé. Il semble par ailleurs confirmé par l’enquête réalisée et publiée exactement les mêmes jours par Odoxa pour Le Parisien/Aujourd’hui en France : seuls 15 % des Français s’y déclarent proches du FN.
En réalité, ce que ces deux sondages mettent en lumière, c’est surtout l’extraordinaire rejet du système des partis par la population française.
Le sondage du Parisien montre en effet que le pourcentage de Français qui se sentent proche du PS ou des Républicains ne dépasse pas non plus ce seuil des 15 %, tandis que l’enquête de BVA précise que le parti de François Hollande – qui exerce pourtant l’essentiel des pouvoirs qui n’ont pas été transférés à Bruxelles ou à Washington – n’inspire pas confiance à 2 Français sur 3 (67 %). C’est encore pire pour Les Républicains, qui sont au même niveau que le FN (74 %) en termes de méfiance. Les trois grandes formations de la vie politique française sont ainsi quasiment au même niveau… de rejet.
Cela apparaît de façon encore plus explicite dans les détails de l’enquête Odoxa : près de 90 % des sondés déclarent avoir une mauvaise opinion des partis politiques. Le principal reproche qui leur est fait (par 83 % des sondés) est d’être « trop centrés sur les élections » et de ne pas être proches « des préoccupations des Français » (pour 91 % d’entre eux). En clair, l’opinion publique considère que les partis ne servent que leurs propres intérêts au lieu d’être au service de la collectivité. Cela veut aussi dire que ces partis sont perçus comme un obstacle au fonctionnement de la démocratie. Pire, car c’est là un phénomène nouveau : seuls 5 % des sondés considèrent comme « crédibles » ces formations qui exercent pourtant la totalité des pouvoirs officiels. Peut-être cela signifie-t-il justement que les Français ont désormais la certitude que le pouvoir est ailleurs et que la représentation nationale n’est qu’un théâtre coûteux et humiliant.
En d’autres temps, une telle situation aurait été saisie par un Bonaparte ou un de Gaulle pour s’imposer à la tête de l’État et réformer profondément les institutions dans un sens qui satisferait à la fois leur ambition et les attentes de ces Français écœurés. Il y a près d’un an et demi déjà, le 24 janvier 2014, un sondage du CEVIPOF révélé par le magazine Valeurs actuelles montrait que la moitié des Français aspiraient à un système politique qui aurait à sa tête « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections », autrement dit un régime autoritaire. 12 % d’entre eux déclaraient même souhaiter que « l’armée dirige le pays ». Personne n’ose plus poser la question aujourd’hui ! Ce serait inutile au demeurant, dès lors qu’aucun grand homme ne se profile à l’horizon, que le système des partis et des médias est bien verrouillé et que « la République » sait faire preuve d’autorité lorsqu’il s’agit de défendre les privilégiés.
Dans ces conditions, le dégoût français devrait donc profiter à celui des partis qui est perçu comme le moins mauvais. Reprenons le sondage Odoxa : à la question « Quel est le parti qui vous semble le plus capable de proposer des solutions efficace ? », 13 % répondent le PS, 17 % Les Républicains et 22 % le FN. À la question « Lequel vous semble le plus proche des préoccupations des Français ? », 12 % répondent le PS ou l’ex-UMP, 13 % le Front de gauche et 22 % le FN. En conséquence, c’est peut-être bien le parti aux 75 % de rejet et aux 15 % d’adhésion qui pourrait profiter du dégoût général !
François Falcon

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