Charles Beigbeder tire des leçons de la véritable marée humaine qui a déferlé à Rome pour manifester son attachement à la famille traditionnelle composée d'un homme et d'une femme malgré l'occultation des médias français :
"(...) D'abord, c'est la France qui a ouvert la voie aux manifestations de masse en faveur de la famille et ce sont les célèbres drapeaux bleus et roses, frappés du logo de La Manif pour Tous, que l'on retrouve désormais partout à l'occasion des grandes manifestations étrangères (...) À Rome, le mouvement a tout bonnement repris le nom de Manif pour tous, lui accolant simplement le suffixe Italia. Derrière le caractère apparemment spontané d'une telle onde de choc, il faut y voir tout le travail déployé par La Manif pour tous française pour tisser des liens à l'étranger et soutenir les différentes actions engagées. Ludovine de La Rochère estime à juste titre que la mobilisation italienne est «historique, […] un peu comme en 2012 en France lors du lancement du mouvement social contre la loi Taubira» (...)
Deux cardinaux de renom, l'un autrichien, l'autre italien, reconnaissaient d'ailleurs le rôle particulier joué par la France dans l'émergence d'une prise de conscience internationale: «Vu depuis nos différents pays, ce qui nous touche, c'est que le mouvement français […] se fait entendre, au plan européen et au plan international. Son expression, populaire et citoyenne, devrait inspirer l'ensemble des peuples occidentaux et permettre à la Convention européenne des droits de l'homme de choisir un dispositif capable de protéger les droits de l'enfant». Faut-il voir dans cette mobilisation inédite une traduction de la mission d'«éducatrice des peuples» que le pape Jean-Paul II avait reconnue à la France lors de son voyage au Bourget en 1980?
La deuxième leçon, c'est qu'il n'existe pas de sens de l'histoire, du moins pas au niveau où celui-ci est régulièrement présenté par les médias français qui aiment qualifier d'irréversible la déconstruction de la famille traditionnelle au profit de nouveaux «droits» pour les couples homosexuels. Une intimidation de plus pour décourager toute résistance: c'est un combat perdu, nous dit-on, inutile de se mobiliser, ces lois finissent toujours par passer! Et de citer tous les précédents, jusqu'au projet actuel sur l'euthanasie, que l'Assemblée veut imposer sous la forme hypocrite d'une sédation profonde.
Sauf que rien n'est irréversible. Le prétendu sens de l'histoire n'est que le prête-nom sournois du rouleau-compresseur de la pensée unique, à l'œuvre dans les médias comme dans la vie politique depuis plus de 40 ans, et qui plonge ses racines dans la pensée révolutionnaire. Mais les temps changent et une nouvelle génération se lève: elle n'est pas prête à accepter la domination culturelle que lui a imposé au forceps la pensée déconstructiviste des héritiers de mai 68. Car le poids de la liberté humaine est toujours déterminant dans l'histoire et celui des minorités peut être décisif. Rien ne saurait donc altérer notre détermination: on ne lâchera rien, jamais, jamais, jamais!
La dernière leçon, c'est la place désormais prise par les questions de civilisation qui rebattent les cartes du jeu politique actuel et bousculent les clivages traditionnels (...)
En France, le sectarisme du gouvernement actuel entretient le clivage droite/gauche mais la droite ne pourra pas faire l'impasse d'une profonde réflexion sur l'anthropologie qui sous-tend ses choix politiques, si elle veut revenir au pouvoir. Et si elle veut pouvoir compter sur le soutien massif de personnes issues de la société civile, il faudra qu'elle s'engage à abroger la loi Taubira, qui dénature la filiation et ouvre la porte à la PMA et la GPA. C'est le sens de l'engagement de Sens commun à l'intérieur des Républicains, c'est aussi le combat del'Avant-Garde qui agit en amont des partis politiques. C'est enfin la coalition de toutes ces forces qui amènera le changement culturel et politique que la France espère en 2017."