Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littérature et société : la revue non-conforme Livr’arbitres se dévoile

« Livr’arbitres » est une revue littéraire indépendante et non-conforme. Elle s’est fixée la double tâche de faire, d’une part, découvrir ou redécouvrir des grands auteurs de notre histoire et, d’autre part, de scruter l’actualité éditoriale pour y dénicher des pépites et des nouveaux talents. La rédaction est très attachée à cette double approche de la littérature, en terme de patrimoine mais aussi en terme de création, « car la culture, ce n’est pas que le passé, sinon cela devient de la muséographie. » nous indique Xavier Eman, directeur de la rédaction. « Au-delà de notre travail critique, nous publions également des textes originaux, de format court, qu’il s’agisse de nouvelles ou de poésies. » poursuit-il. 
Le 17ème numéro , Printemps 2015, est paru il y a quelques mois. Il comporte notamment un long dossier consacré à Dominique de Roux, une nouvelle inédite de Michel Déon, de l’Académie française et de nombreuses chroniques littéraires. Nous avons interrogé M. Eman sur la revue qu’il dirige, dont Patrick Wagner est le directeur de la publication. livr'arbitres 
Breizh-info.com : Quel bilan tireriez vous des 17 numéros parus à ce jour ? Quelle est aujourd’hui votre audience ? 
Xavier Eman pour Livr'arbitres : Le bilan est à la fois satisfaisant et frustrant.. Satisfaisant car nous nous sommes améliorés, tant sur la forme que sur le fond, que nous avons attiré de nombreux contributeurs et intervenants d’horizons très divers, parfois très prestigieux comme Michel Déon, Sylvain Tesson, Renaud Camus…, que nous augmentons petit à petit notre visibilité… Frustrant car notre diffusion reste encore très confidentielle, que les points de vente intéressés par des revues spécialisés en littérature se font rares, parce que notre lectorat reste plutôt âgé, que nous sommes assez peu relayés… 
Breizh-info.com : Avec votre revue, le lecteur découvre ou redécouvre des auteurs brillants mais oubliés ou inconnus du grand public, des écrivains et des personnages insolents, maudits aussi. Est-ce la revue d’un autre temps ? Ou une revue d’avant-garde ? 
Xavier Eman pour Livr'arbitres : Ni l’un ni l’autre. Nous sommes une revue « de tous temps », une revue du savoir et de la transmission… La littérature n’est pas une affaire d’école, de côterie, d’avant-garde ou d’arrière-garde… c’est une part, à notre avis fondamentale, de notre culture et de notre identité, c’est une extraordinaire aventure de l’esprit et de la sensibilité, c’est l’illustration permanente de la richesse et de la subtilité de notre langue, l’expression d’une vision d’une monde, une quête du beau et du vrai. 
Ce que nous souhaitons, à Livr’arbitres, c’est maintenir le flambeau et le transmettre, c’est faire comprendre au plus grand nombre qu’aimer la France, c’est aussi aimer sa littérature et ses grands auteurs, qu’ils sont constitutifs de ce que nous sommes et que les livres sont une nourriture indispensable pour qui veut vivre debout, libre, conscient et autonome. 
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous le désintérêt massif pour la lecture aujourd’hui ? Y’a t-il un brin d’espoir tout de même ? 
Xavier Eman pour Livr'arbitres : Je pense qu’il s’agit davantage d’une méconnaissance que d’un désintérêt. On se détourne de la littérature avant même de l’avoir abordée. La multiplication des sollicitations technologiques, des divertissements virtuels, y est évidemment pour beaucoup. La nature humaine a toujours tendance à aller vers la facilité et la « société des écrans » encourage grandement celle-ci. 
Une activité comme la lecture qui demande du temps, du calme et de la concentration a évidemment fort peu place dans le monde du bougisme, du bruit, du zapping et de l’immédiateté. 
Ce qui est encore plus inquiétant c’est que même les gens qui se prétendent « en révolte contre le monde moderne » ou tenants de la « tradition » sont autant touchés que les autres par ces maux. Ils préfèrent dénoncer des heures durant sur facebook les méfaits de l’époque que s’isoler un moment pour lire un livre ou une revue, déplorer à longueur de blogs la « perte de culture » plutôt que construire et nourrir la leur. 
Nous sommes au temps de l’apparence et de la superficialité, la lecture n’y est donc forcément pas un apparat très prisé. Mais il y a bien sûr de l’espoir, même s’il est mince, puisqu’il existe encore de bon auteurs, de bons lecteurs … et de bonnes revues littéraires ! 
En littérature comme ailleurs, ce sont les minorités actives qui font bouger les choses ! 
Breizh-info.com : Le numéro en cours (le 17ème) consacre plusieurs articles et portraits à Dominique De Roux, dont le fils Pierre-Guillaume gère une maison d’édition. Pouvez-vous revenir sur son parcours ? 
Xavier Eman pour Livr'arbitres : Dominique de Roux est un auteur original et iconoclaste. Il a le grand et rare mérite d’avoir cherché à être à la fois un intellectuel et un homme d’action. Brillant touche à tout – journaliste, éditeur, écrivain, conseiller politique.. – il a toujours suivi sa voie propre, sans ce soucier des pouvoirs et des conformismes de son temps, y compris ceux de son propre « camp », si tant est qu’il puisse être véritablement rangé dans l’un d’eux. A l’heure où le courage et l’indépendance deviennent des denrées d’une exceptionnelle rareté, c’est indéniablement un personnage et un auteur à redécouvrir. 
Breizh-info.com : Dans ce numéro, vous recensez également le livre de Julien Langella, « la jeunesse au pouvoir ». Avez-vous en tête d’autres jeunes talents d’aujourd’hui capables par leurs écrits d’exprimer de façon brillante des idées, des situations ? La relève de l’incorrection est-elle assurée ? 
Xavier Eman pour Livr'arbitres : Il y a, aujourd’hui comme hier, indéniablement de bons écrivains. Le problème est qu’il est de plus en plus difficile de les discerner au sein de la masse totalement démentielle de ce qui est publié chaque année en France. C’est d’ailleurs là l’une des missions de Livr’arbitres : faire le tri. Entre les auteurs portés au pinacle par copinage ou conformité aux modes du temps, les coups publicitaires, la frénésie des publications « people » et la pesanteur des auto-fictions psycho-larmoyantes, ce n’est pas une tâche facile ! 
Mais il existe, fort heureusement, de bonnes surprises et des auteurs qui continuent à porter haut les couleurs de la littérature française. Pour en citer quelques uns, on peut évoquer Sylvain Tesson, Olivier Maulin, Benoit Duteurtre, Thierry Marignac, Jean-François Roseau… 
Mais il est vrai qu’il est de plus en plus difficile d’être publié dans de « grandes maisons » lorsque l’on n’est pas parfaitement « politiquement correct ». Beaucoup d’éditeurs sont devenus des commerçants comme les autres et ne prennent plus aucun risque. 
Breizh-info.com : Nous vous laissons le mot de la fin 
Xavier Eman pour Livr'arbitres : La culture française et européenne meurt plus sûrement du désintérêt croissant que lui portent ses enfants que des coups qui lui sont portés de l’extérieur. Lire, c’est construire sa citadelle intérieure, savoir et comprendre d’où l’on vient. Les livres sont des armes et Livr’arbitres une belle petite armurerie. 
Pour commander un numéro ou s’abonner à la revue, rendez-vous directement sur leur site Internet.

Les commentaires sont fermés.