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Entrevue du C.N.C. #21: Guillaume Lenormand

De retour du Donbass, Guillaume Lenormand a accepté de répondre à notre entrevue. Il nous a semblé intéressant d'avoir son point de vue sur différents éléments du conflit, mais également des éléments de son parcours. Avant son départ, Guillaume avait rédigé quelques articles pour le Cercle Non Conforme et nous avions pris l'habitude de relayer certaines de ces contributions issues de son blog personnel. Bien que nos chemins aient divergé par la suite, Guillaume n'a jamais manifesté d'hostilité à notre égard, et inversement. C'est naturellement que nous lui ouvrons de nouveau nos colonnes.

1) Le Cercle Non Conforme. : Peux-tu te présenter rapidement pour nos lecteurs. Quel était ton parcours militant et intellectuel avant ton engagement au Donbass ?
 
Guillaume Lenormand : J'ai eu la chance de grandir sans télé, ce qui m'a obligé à beaucoup lire. J'ai fait une année d'étude d'arts à l'école Emile Cohl à Lyon, et une licence d'Histoire à l'Université de Rouen. Parallèlement, je dessinai sous le pseudo de "Krampon" et j'ai milité successivement chez les identitaires, au Parti de la France, à 3eme Voie et à la Fraternité Nationaliste Normande. 

2) Le C.N.C. : Au commencement de la crise ukrainienne, nous avions publié une tribune libre dans laquelle tu avais développé ta vision du Maïdan, vision en divergence avec les positions que nous avons développé par la suite. Cette position et tes vues de l’époque t’ont conduit à un engagement direct pour les séparatistes du Donbass. Peux-tu développer les raisons de ton engagement ? Qu'est-ce qui t'a incité à franchir le pas, à passer du clavier au fusil, la politique ? Le goût de l’aventure ?

G. L. : J'ai toujours voulu faire la guerre, mais je voulais choisir mon combat, donc l'armée française et son esprit déplorable, hors de question. Avec le recul, j'aurai peut être quand même du y passer quelques années, c'est important pour le CV quand on se porte volontaire. Du reste, les raisons de mon engagement ont survécu: je suis plus que jamais persuadé qu'il y a eu au Donbass, une "révolte contre le monde moderne", une résistance authentique d'une partie de la population contre le pillage de leur terre par des intérêts apatrides. Ils ont refusé l'humiliation et le "sens de l'histoire" qui nous est imposé aujourd'hui, non plus par les marxistes, mais par les mondialistes. Pour moi, le Donbass, c'était un peu les ch'tis et les électeurs du FN qui prennent les armes contre l'UMPS... Pour le meilleur et pour le pire.  Passer à l'action était naturel. Je ne suis pas particulièrement courageux, mais je hais le faux, le vide, les paroles inconséquentes. Autrefois, tous les jeunes européens partaient en guerre à un moment ou autre. Mes grands-parents ont tous vécu la guerre, en Algérie, en Indochine ou en Europe. C'est une chose normale. 

3) Le C.N.C. Quel bilan tires-tu de cet engagement sur le plan personnel et militant ? Pourquoi as-tu quitté Unité Continentale ? As-tu le sentiment d'avoir servi des intérêts nébuleux, éloignés des idées que tu défendais initialement au début de ton engagement?

G. L. : Le bilan est trop vaste pour le résumer ici. Politiquement, j'étais au départ totalement sur la ligne d'Unité Continentale. Je les ais quittés car ils devenaient le contraire de ce pourquoi je m'étais engagé. L'esprit caporaliste de l'armée régulière française y régnait, agrémenté de paranoïa et de machinations diverses. Ils isolaient les volontaires, confisquaient l'argent et les téléphones, s'en prenaient à ceux qui voulaient partir, voulaient tout contrôler.  Sur le terrain, ils étaient totalement incompétents. Ils refusaient les bonnes occasions de se battre, ou au contraire, montaient des missions suicide sans queue ni tête. Ils se mettaient également les russes à dos. Moi j'étais venu me battre, pas faire de la com.  Me battre pour le peuple du Donbass, pas pour une clique de Français. Me battre pour devenir un homme libre. Unité Continentale était devenu une prison.  En Février, quand je l'ai quitté, presque tous les français m'ont suivi à Donetsk, ils en avaient marre aussi. On s'est ensuite dispatché dans différentes unités. 

4) Le C.N.C. : Que penses-tu du rouleau compresseur médiatique pro-Kremlin et de la poutinolâtrie qui sévit dans la mouvance nationale, toi qui a été volontaire sur place ? As-tu le sentiment, malgré le fait que tu ais choisi l'autre camp, que les nationalistes ukrainiens ont pu être injustement traités médiatiquement par beaucoup de camarades (ou prétendus tels) ?

G. L. : Je suis devenu assez allergique à la propagande en général, qu'elle soit de mon camp ou de l'autre. Elle est tellement grossière, tellement incantatoire...  La propagande est "le faux", ce contre quoi je me bas, et ce contre quoi tout chrétien doit se battre. On me dira sûrement que je suis trop idéaliste. Je comprends les raisons de certains nationalistes ukrainiens qui se battaient contre nous. La propagande néo-stalinienne niait rabiquement toute fierté nationale pour ces peuples satellites de l'URSS. "Nazis, nazis", mot répété ad Nauseam.  il n'y avait aucune distanciation, aucune volonté de comprendre l'ennemi. Pour vaincre, il faut comprendre. J'avais envie de foutre mon poing dans la gueule de certains "politruks" de notre camp, car leur triomphalisme et leur incapacité à se remettre en question ont été la source de nombreux problèmes militaires et politiques. 
Heureusement, tout le monde ne tombait pas dans le mensonge et le fanatisme. Il y avait également des soldats déterminés, mais calmes et justes, comme le commandant Mozgovoï. Lui, ne confondait pas le peuple ukrainien avec ses oligarques véreux. Il voulait une révolution "pour tous". Igor Strelkov était également un de ceux-là, je suis bien placé pour le savoir. 

5) Le C.N.C. : Tu vas prochainement publier un livre, quel en sera la teneur et l'objectif ? Quel est le public visé ?

G. L. : Je suis parti à l'origine pour 4 ou 5 mois, et j'ai finalement passé un an à l'étranger. Il y a eu des situations rocambolesques, tragiques et incroyables, de nombreux personnages hauts en couleurs... Je me suis dit que cela méritait d'être écrit, car c'est indéniablement une aventure moderne (pour ceux qui croient que l'aventure n'est plus possible en ce monde). Il y a aussi énormément de rumeurs et de bruits qui courent sur ce que nous aurions faits ou non. Même si l'on ne me croira pas forcément, je veux livrer "ma version". J’espère que ce bouquin servira à long terme de référence et de témoignage pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de cette guerre des volontaires étrangers: historiens, passionnés. Évidemment, je ne renie pas mes idées et j'imagine que seul un éditeur "ami" acceptera de le publier. 

6) Le C.N.C. :  Fort de cette expérience, vas-tu poursuivre ton engagement, sous une forme ou sous une autre en France, ou souhaites-tu tourner une page et en écrire une nouvelle loin du militantisme, de la politique et de la guerre ?

G. L. : Joker.  

7) Le C.N.C. : Merci Guillaume de nous avoir accordé cet entretien. Souhaites-tu ajouter quelque chose ?

G. L. : C'est moi qui vous remercie. Hauts les cœurs et mort aux cons !

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

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