Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, répond au Figaro à propos de l'invitation de Marion Maréchal-Le Pen à une université d'été organisée par le diocèse. Extraits :
Certains accusent l'Église de contribuer à la «dédiabolisation» du Front national. Que répondez-vous à cette accusation?
Le FN, qu'on le veuille ou non, fait partie du paysage politique français, surtout dans le sud de la France. Ce parti représente 30 % de l'électorat français, et à Fréjus, il dirige la ville. On ne peut pas ignorer cette réalité. Il faut créer un dialogue, un débat, duquel le FN n'est pas exclu. L'Église n'est pas là pour rassembler des gens qui pensent comme elle. Nous invitons souvent, à l'OSP, des gens qui ne sont pas chrétiens. J'inviterai sans problème une personnalité d'extrême gauche!
S'agit-il, selon vous, d'une rupture avec une tradition d'hostilité de l'épiscopat français à l'égard du parti lepéniste? Était-elle nécessaire?
J'admets qu'il s'agit d'une position novatrice par rapport à une forme d'oukase qui consistait à mettre à distance le parti lepéniste. Il existe en effet un certain nombre de catholiques qui votent FN, c'est une réalité. Ces gens peuvent se sentir marginalisés. Notre objectif est de créer un dialogue de raison, une réflexion avec eux.
Le programme du Front national vous parait-il compatible avec la doctrine de l'Église?
Je ne suis pas là pour distribuer les bons points, ni pour excommunier. Je ne fais pas de classification des partis recommandables. Nous ne sommes pas un lobby, mais cherchons à favoriser le dialogue sociétal et à promouvoir les principes structurants pour une société: le respect de la dignité de la personne humaine de sa conception à sa mort, la solidarité, la subsidiarité et le dialogue social. Avec l'Observatoire sociopolitique, nous engageons chaque chrétien à s'engager dans la vie politique et à diffuser ces principes structurants, où qu'il soit. Il ne s'agit pas d'être complaisant, mais c'est l'occasion, au contraire, d'interpeller le FN sur son rapport à l'immigration, sa vision de l'homme et du vivre ensemble dans une société pluraliste.