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Balayons d'abord devant notre porte

Au soir de la réunion du 14 septembre, il était évident que la réunion des ministres de l’intérieur de l’Union européenne avait échoué. Elle était consacrée en fait à l’immigration illégale, et pas seulement aux cas minoritaires des vrais réfugiés. Ces derniers, rappelons-le, sont estimés officiellement à 120 000 sur un total prévisionnel provisoire de 800 000.

La politique des États l'avait emporté sur la manipulation des émotions. Or, on s'achemine de toute évidence vers de nouvelles négociations, tergiversations, temporisations, au niveau des chefs d'États un jour, des technocrates le lendemain, des ministres un autre jour. Elles se dérouleront dans l'opacité. Mais leur résultat se concrétisera dans la clarté, celle de problèmes qui s'aggraveront alors qu'on se propose de les résoudre.

L'éditorial du "Monde" daté du 16 septembre dénonce en l'occurrence ce que son rédacteur appelle "l'Europe des égoïsmes nationaux".

Voilà qui semble, une fois de plus, bien mal poser le problème. "L'égoïsme national" bien compris, en effet, cela supposerait une considération prioritaire, par les gouvernants, de l'intérêt "national". Or, celui-ci, en France, par exemple, ne doit pas conduire à l'affrontement systématiques avec 27 partenaires, peuples frères et amis. Il commande toujours, au contraire, un rapprochement avec les quelques pays constructeurs de l'Europe dite du traité de Rome de 1956. Toute manipulation des opinions à l'encontre, notamment, de l'entente franco-allemande, mais aussi franco-italienne, etc. piétine cette réalité essentielle qui avait conduit, les pires adversaires des deux guerres à la signature salutaire du traité de l'Élysée.

De ce point de vue, il convient de se souvenir qu'en 2012 la présidence Hollande avait très mal commencé.

La première préoccupation de l'ancien président du conseil général de Corrèze et sa campagne électorale l'avaient conduit à exacerber artificiellement en antagonismes les divergences de vues avec Berlin.

Sa gestion même de la crise grecque, en particulier, avait été clairement inspirée par une crainte de plus en plus notoire de nos dirigeants : celle de voir l'État central parisien rappelé à l'ordre pour son propre surendettement et pour sa propre incapacité à maintenir le cap des réformes timidement et tardivement entreprises les années précédentes.

On doit prendre acte en ce moment que la logique même des dossiers l'amènent à chercher à réparer, hélas bien tardivement, cette mésentente qu'il avait ainsi provoquée. L'urgence, le bon sens et, pour rester dans le vocabulaire du "Monde", "l'égoïsme national" strictement franco-français le commanderaient.

L'éditorial du "Monde" en effet "regrette de se trouver en présence d'une association d’États liés par un accord de marché unique et pas grand-chose d’autre. C’est, poursuit ce texte, une régression par rapport à ses ambitions originelles. C’est aussi un aveu d’impotence collective dangereuse."

Voilà qui est faire, en partie à juste titre, le procès de l'Europe des États, de l'Europe toujours intergouvernementale, telle que conçue par MM. Delors et Lamy dans leurs bureaux de Bruxelles et négociée à Maastricht en 1992. Le passage à l'idée d'une véritable Confédération, – idée que semblèrent partager un temps Helmut Kohl et François Mitterrand, – dépassait le petit entendement et les petits moyens des producteurs parisiens de jus de crânes de technocrates.

Car toutes les erreurs commises depuis 20 ans ont été conçues par les rejetons cette caste hexagonale. Et l'on peut nommer parmi les responsables aussi bien un Giscard, promoteur du traité rejeté par la majorité des Français en 2005, Juppé et Toubon inspirateurs du désastreux accord de Nice de l'an 2000, mais aussi un Barrot, paradigme de l'ectoplasme propulsé à Bruxelles en récompense de sa docilité ministérielle de signataire des ordonnances du plan Juppé, et de tous ceux dont Chirac s'est débarrassé par la même procédure, utilisant les institutions européennes comme dépotoir, sorte de voiture-balai de notre classe politique. Cette procédure a été continuée sous Hollande avec la nomination de l'aimable mollasson Moscovici pour succéder à son confrère Barnier.

En observant par exemple le travail que produisent la plupart des eurodéputés français, on peut en mesurer les dégâts. À quelques exceptions louables ils siègent à ce parlement, élu à la proportionnelle depuis 1979, c'est-à-dire nommés sur les listes confectionées par les états-majors parisiens, en se désintéressant totalement de l'Europe : poubelle des uns, tiroir-caisse des autres.

La classe politique hexagonale, et notre système de partis subventionnaires, portent une responsabilité écrasante dans tous ces reculs, aussi bien ceux de la France en Europe, que ceux de l'Europe face au monde.

C'est là qu'il faut porter le coup de balai. 

JG Malliarakis

http://www.insolent.fr/

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