Après l'affaire Mgr Rey, c'est l'affaire Onfray. Vincent Trémolet de Villers décrypte dans Le Figaro :
"Michel Onfray a répondu aux questions d'Alexandre Devecchio le 11 septembre dernier dans les pages Débats du Figaro. Quatre jours plus tard, le quotidien Libération reprenait la quasi-totalité de ce texte pour en faire l'exégèse. C'est le directeur de la rédaction, Laurent Joffrin, qui a planché, avec comme sujet de dissertation: Comment un philosophe, à force de dire ce qu'il pense, fait le jeu du Front national. L'aspect anecdotique de cette histoire (une sorte de mise en abyme d'une interview du Figaro ou les pages Débats comme matière première du débat) ne doit pas cacher une interrogation plus large et de plus en plus obsédante: comment peut-il y avoir une vie intellectuelle si la seule question qui la structure se résume ainsi: faire ou non le jeu du Front national?«Il serait tout à fait faux d'attendre que la réforme générale vienne seulement de la politique», déclarait Vaclav Havel lors de son premier discours présidentiel. On pourrait ajouter qu'il est stérilisant de réduire la vie de l'esprit au manichéisme à front de taureau de la compétition électorale.
Le Front national et son antonyme, l'antiracisme mécanique, sont depuis des années le point d'appui providentiel de la gauche morale et le paravent d'une très grande paresse intellectuelle. L'indignation fait office de réflexion, la disqualification d'argument, la dénonciation de conversation. À l'opposé résonnent les slogans tonitruants contre«le système», «l'entre-soi», «les élites mondialisées». En surplomb de ce dialogue de sourds un certain nombre d'intellectuels, d'historiens, d'essayistes travaillent à saisir la réalité. Ce qu'ils craignent plusque tout autre chose, c'est la disparition de l'intelligence au profit d'une culture de confection que l'on donnerait aux populations comme on jette des épluchures aux cochons. Ils sont volontairement sortis de la dialectique infernale et ont fait le pari de la supériorité de l'esprit sur la matière, de la raison sur l'émotion, de la sagesse sur la démesure. [...]"