Jean-Marie Le Méné est président de la Fondation Jérôme Lejeune. Il revient sur la dernière Une de Charlie Hebdo qui titre, ‘Morano, la fille trisomique cachée de de Gaulle’. Pour lui, « en se faisant complice de la haine d’une partie de la population, celle des trisomiques, qui fait l’objet d’un ostracisme radical, Charlie a mis un terme à l’état de grâce du 11 janvier ».
Une caricature, c’est comme un putsch. Il faut que ça marche du premier coup sinon c’est pire que tout. Reconnaissons à la Une de Charlie Hebdo d’avoir même essayé de faire d’une pierre deux coups. L’intention du journal était de discréditer des propos de Nadine Morano en la faisant passer pour une idiote. Quoi de plus évident pour le caricaturiste que de la comparer à une personne porteuse de trisomie qui est le handicap mental le plus fréquent, le plus visible et le moins bien accepté. Dans le passé, Charlie a d’ailleurs plusieurs fois « utilisé » les trisomiques à l’appui de son discours.
Ce faisant, en assimilant Mme Morano à Anne de Gaulle, trisomique elle aussi, Charlie espérait gagner sur un autre tableau. Il plaçait les successeurs du général en posture délicate. S’ils se taisent, ils laissent insulter la mémoire du grand homme. S’ils le défendent, ils deviennent solidaires de l’amour inconditionnel qu’il portait sa fille handicapée mentale. « Cette enfant était aussi une grâce, elle m’a aidé à dépasser tous les échecs et tous les hommes, à voir plus haut », disait-il.
En réalité, le putsch est raté. Pour trois raisons.
Il victimise Mme Morano plus qu’il ne l’accable. En effet, dans nos sociétés occidentales, la trisomie représente la monstruosité absolue. Etymologiquement, le monstre est celui qu’on montre du doigt pour s’en distancier. Or, collectivement, la société française a décrété que les trisomiques étaient tellement monstrueux qu’elle devait ne plus les faire naître grâce à la mise en œuvre d’une politique eugéniste systématique, soutenue à grand frais par l’Etat. Les trisomiques forment la première population proprement éradiquée en raison de son génome et sous pavillon de complaisance médicale. Une première dans l’histoire. Etre diagnostiqué trisomique aujourd’hui, c’est être condamné à mort dans 96 % des cas. Car dans notre pays, on peut être vivant biologiquement et mort socialement. Tel est bien le message de la caricature : il faut tuer Morano socialement. [...]
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