Alain Juppé rêve de devenir président de la République, c’est entendu. Rêve-t-il de devenir celui de la France et des Français ? À lire sa « bonne colère salutaire » épanchée sur son blog, le 10 octobre, la réponse ne va pas de soi.
D’abord, parce que les sentiments qu’il nourrit à l’égard de son pays et du peuple qui le compose – « Une France ratatinée dans ses égoïsmes, frileuse devant le monde global, barricadée dans d’illusoires frontières nationales, prête à jeter aux orties l’union construite si patiemment avec nos voisins européens » – renvoient de l’un comme de l’autre une image humiliante. Comme méthode de séduction, on a connu mieux.
Car M. Juppé croit-il vraiment qu’en bottant ainsi le cul des « chantres du déclinisme », des « nostalgiques d’un prétendu âge d’or », des « Cassandre qui annoncent l’effondrement de la civilisation », il provoquera l’adhésion à sa petite personne des eurosceptiques, des immigrationnistes de moins en moins convaincus et des 85 % de Français qui jugent la politique de Christiane Taubira « médiocre » ? De plus, pense-t-il que son idée de passer « une alliance avec les socialistes », en cas de victoire remportée face à Marine Le Pen, lui amènera dans son giron les LR hésitants ? Il veut nous refaire le coup de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ?
Ensuite, l’Europe vantée par le meilleur d’entre nous, celle qui était censée nous apporter plus de croissance, plus de justice sociale et plus d’emploi n’a tenu aucune de ses promesses. Et pour cause, puisque son but ultime œuvrait à l’anéantissement des souverainetés nationales en coupant chacune d’elles de ses racines et de ses repères. Il fallait, en effet, les préparer au grand marché planétaire de masse (TAFTA), substituant définitivement le politique à l’économique. M. Juppé le sait bien qu’il vient d’être « adoubé » par le très sélect groupe Bilderberg – groupe mondial de la finance, de la politique, de l’économie et des médias -, comme l’a rappelé Philippe de Villiers, invité de Radio Courtoisie.
L’Europe, Philippe de Villiers l’a bien connue (1), c’est aussi 3.000 « policiers managers » et leur « tableau de profil » connaissant tout des goûts, des petites et grandes faiblesses des députés européens, à la solde de 30.000 lobbyistes. L’Europe, ce sont des carrières « essuie-glaces » où les gens des lobbies deviennent commissaires et les commissaires partent dans les lobbies. Un « mouvement de corruption institué », affirme-t-il, auquel il est difficile de résister et où tous « se tiennent par la barbichette ». Quand les nominations remplacent les élections, qui en douterait ?
Enfin, quand le maire de Bordeaux décrète que « la patrie française ne se définit pas par la couleur mais par le partage du bien commun que constituent les valeurs de la République, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, l’égalité entre les hommes et les femmes, le respect de la laïcité », on lui fera remarquer que c’est précisément là que le bât blesse. L’islam, de plus en plus vigoureux en France comme en Europe, nulle part au monde ne montre d’engouement pour aucune de ces valeurs.
« Faisons-nous confiance », dit Juppé. Quand il sacrifie la France pour la République ?
Caroline Artus
notes
source : Boulevard Voltaire :: lien
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