«À force de vouloir couper l’herbe sous le pied du FN, on risque d’appliquer son programme» feignait (?) de s’alarmer l’ex-ministre écolo-gauchiste Cécile Duflot ces derniers jours. Elle réagissait à la décision annoncée mercredi à l’issue du conseil des ministres, et qui suscite la grogne de l’aile gauche du PS (Hamon, Dray, Cherki…), d’introduire la possibilité de déchoir de leur nationalité française les binationaux condamnés pour des actes de terrorisme. Un souhait formulé de longue date par le FN. Cependant, «l’efficacité ici (…) n’est pas l’enjeu premier», «c’est une mesure à caractère hautement symbolique» s’est justifié Manuel Valls. Il est vrai que pour des djihadistes rejetant le concept même de nationalité, a fortiori quand celle-ci est celle d’une nation impie, lesquels ne reconnaissent plus largement que l’appartenance à la oumma islamique, la menace de ladite déchéance, certes, n’empêchera pas le passage à l’acte. Mais la réflexion de M. Valls est aussi susceptible d’une autre lecture, à savoir que sous le règne de la gauche, les Français de papier, fabriqués à la chaîne par des lois uniques, n’ont pas grand chose à craindre, notamment quand ils privilégient les violences et les trafics «classiques» à la lutte « au nom d’Allah le miséricordieux »…
Le poids du FN s’est fait aussi sentir, quelques jours avant Noël, dans la proposition exprimée à l’Assemblée nationale par le député LR Bernard Debré visant à supprimer en France la binationalité. Propos qui intervient après le vœu exprimé par son collègue Thierry Mariani d’en finir avec la binationalité des ministres et/ou du personnel politique concourant aux suffrages des électeurs. «Je trouve que, lorsqu’on est un élu national, la moindre des choses me semble de n’avoir qu’une seule nationalité. On dénonce souvent les conflits d’intérêts qu’il peut y avoir sur le plan économique, il y en a aussi lorsqu’un ministre négocie des accords avec un pays voisin», a-t-il expliqué au Scan d’Europe 1.
Le député UDI franco-israélien Meyer Habib n’a pas apprécié cette sortie : «Serais-je plus compétent en ayant qu’une seule nationalité ? Absolument pas.» «J’entends les débats mais dans un monde en train de s’ouvrir, doit-on vraiment remettre le couvert avec ces questions?», s’interroge-t-il.Dans un monde en train de s’ouvrir, la question peut paraître au contraire on ne peut plus légitime et d’actualité et ce, quel que soit son niveau supposé de compétence …
Compétents, les médias l’ont été… dans l’utilisation de la novlangue habituelle pour décrire l’agression subie par des pompiers et des policiers dans le quartier Jardins de l’Empereur àAjaccio le soir de Noël qui, incidemment, coïncidait cette année avec le Mouled, la fête musulmane qui commémore la naissance de Mahomet. Des soldats du feu et des membres des forces de l’ordre ont été sérieusement blessés dans une double embuscade tendue par environ 80 racailles cagoulées, armées de batte de base-ball et munies de projectiles.
Un quartier où se concentre quasi exclusivement une population maghrébine, décrit par les médias sous le vocable bien hypocrite de «quartier populaire» ; même si l’on a jamais vu en France le populo s’en prendre gratuitement à des policiers ou des pompiers qui n’hésitent pas à risquer leur vie pour en sauver d’autres et assurer la sécurité de tous.
La Corse ayant ses «spécificités», cet incident tristement, odieusement banal sur le «continent», n’a pas été accueilli avec la placidité, ou, diront certains, avec la léthargie, la peur, ou la résignation habituelles par les de souche de l’Ile de Beauté. Vendredi et samedi, plusieurs centaines de Corses ont défilé dans ce quartier, scandant «On est chez nous», voire «Arabes dehors»; un kebab a été mis à sac et une mosquée a été vandalisée.
Une violence que déplore bien évidemment le FN, d’autant que les mahométans qui fréquentent les lieux de culte, ne sont pas tous, très loin s’en faut, des délinquants, et en sont même souvent la parfaite antithèse, ni même bien sur des terroristes en puissance. Bruno Gollnisch le rappelait dans ses vœux de fin d’année, c’est aussi la déréliction des valeurs au sein des familles immigrées, la perte des repères traditionnels, l’absence d’éducation qui conduisent à toutes les dérives, extrémistes, délinquantes, islamo-mafieuses…
Dans un communiqué, le Front National a estimé que «quand les citoyens ont le sentiment légitime que l’Etat ne fait plus régner l’ordre républicain, quand ils voient des pompiers et des policiers pris en embuscade dans un des innombrables ghettos que compte la France, il y a le risque évident qu’ils veuillent se faire justice eux-mêmes (…)».
Le préfet de Corse, Christophe Mirmand, a pris «un arrêté d’interdiction de manifester dans ce quartier» publié dimanche. Sans grand effet car il n’a pas empêché hier le maintien du rassemblement prévu en soutien aux policiers et pompiers agressés, qui a réuni de plusieurs centaines de Corses.
Sans grande surprise, Manuel Valls a dénoncé une «agression intolérable de pompiers» et une «profanation inacceptable d’un lieu de prière musulman». Bernard Cazeneuve s’est focalisé sur la réponse des Corses exaspérés par cette agression, évoquant «(des) exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie, (qui) ne sauraient rester impunies». Même son de cloche de Christiane Taubira qui a assuré que «la lumière sera faite, les auteurs en répondront».
Jean-Luc Mélenchon a pointé du doigt pour sa part le «nationalisme exacerbé et la culture de la violence» sur l’île, «(l’)ivresse ethniciste» des dirigeants « nationalistes » (de gauche) nouvellement élus à la tête de la collectivité territoriale de Corse.
Ces derniers ont condamné pourtant les violences. Président du conseil exécutif, Gilles Simeoni,a parlé d’une «agression initiale scandaleuse» affirmant «(qu’)il est impensable d’imaginer qu’il existe des zones de non droit dans l’île» mais a stigmatisé les «dérapages racistes. Ces agissements sont contraires aux valeurs du peuple corse». Le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, s’est élevé sur Twitter et dimanche matin sur RTL contre «un nationalisme ethnico-racialiste », «l’importation d’idéologies complètement étrangères à la tradition politique corse».
Ce qui a été surtout importée en Corse ces dernières décennies, dans des proportions extrêmement importantes au regard de la population de l’île, c’est une immigration mal contrôlée, inassimilée ou inassimilable. Nous ne pensons tout de même pas que les nationalistes MM. Siméoni et Talamoni l’apprennent aujourd’hui…
Dans ce contexte il n’est pas inutile de rappeler l’écho donné en 2006 dans les médias aux procès des jeunes gens du groupe dit Clandestini Corsi, qui avait commis une série d’attentats deux ans auparavant, sans faire de victimes, au nom de la lutte «contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine». Tout avait été fait alors pour acclimater dans l’opinion l’image d’une « Corse raciste ».
Lors de sa venue sur l’île en octobre 2006, dans le cadre de sa campagne présidentielle, Jean-Marie Le Pen avait noté que cette affaire «(révélait) aussi la méfiance et même l’hostilité des élites en place pour l’identité corse, comme d’ailleurs pour toutes les identités constituées.Elle met en exergue la conception que l’oligarchie dirigeante se fait de la République, nécessairement déracinée, cosmopolite, mondialisée, à l’encontre d’ailleurs des idéaux républicains de toujours».
«L’idéologie dominante c’est celle qui veut abolir les traditions, les identités et les cultures au nom du brassage, de la libre circulation et du consommateur-roi. Cette idéologie, c’est aussi, largement, l’idéologie jacobine qui pervertit la République en privant l’homme de toute référence terrienne ou culturelle, en l’amputant de ses attaches locales, régionales ou nationales (…). Cette idéologie, c’est celle qui définit les collectivités humaines comme des communautés de destin plutôt que comme des communautés de culture ».
Certes, «le Front National ne justifie pas ces réactions de xénophobie» précisait très justement Jean-Marie Le Pen qui a toujours clairement condamné le terrorisme. «Nous avons toujours dit qu’il fallait s’en prendre à la politique d’immigration des pouvoirs publics, et non à la personne des immigrés, car les vrais responsables sont les premiers et pas les seconds ».
Puissent nos compatriotes ne pas l’oublier car ne doutons pas que le Système n’hésitera pas à se servir de tous débordements, voire à alimenter une stratégie de la tension, pour attiser les peurs et se maintenir au pouvoir. Nous le savons, Bruno Gollnisch l’a redit, le Système gère très mal la France mais se défend bien… et par tous les moyens.