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Droite radicale et écologie radicale

R260119018.jpgCes positions ont permis le rapprochement entre ces théoriciens conservateurs, en particulier Goldsmith, et l’école de pensée connue sous le nom de « Nouvelle Droite ». En effet, son principal théoricien, Alain de Benoist, s’est rapproché durant les années 1990 des milieux écologistes. En 1993, il consacre un numéro de sa revue Krisis à cette question tandis qu’un numéro d’Eléments, publie un dossier sur l’écologie. Cette même année voit le XXVIIe colloque annuel du GRECE, la principale structure néo-droitière, consacrée aux « Enjeux de l’écologie ». Par la suite, un livre de Goldsmith, Le défi du XXIe siècle, est même vendu dans les pages centrales de celui-ci. Edward Goldsmith participe en 1994 au XXVIIIe colloque annuel du GRECE (« Gauche-droite : la fin d’un système »). Cette politique eut quelques succès. Antoine Waechter dialogua avec la Nouvelle Droite, un dialogue facilité par le fait que celui-ci refuse de positionner l’écologie sur l’échiquier politique. Dans un entretien accordé à Krisis en 1993, il affirme que« l’écologie politique s’accompagne d’une philosophie de l’action complètement distincte de celle portée par le clivage gauche-droite, qui structure le paysage politique français depuis deux siècles et montre aujourd’hui des signes d’essoufflement évident »
     Malgré un éloignement manifeste de Goldsmith, dû à la réputation de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist se retrouve dans le Manifeste du GRECE, publié en 2000 et largement écrit par Alain de Benoist et Charles Champetier. Celui-ci prend en effet position « Pour une écologie intégrale, contre la démonie productiviste », les auteurs se positionnant en faveur d’une écologie radicale qui « doit aussi en appeler au dépassement de l’anthropocentrisme moderne et à la conscience d’une co-appartenance de l’homme et du cosmos ». Car « [...] cette transcendance immanente fait de la nature un partenaire, non un adversaire ou un objet. Elle ne gomme pas la spécificité de l’homme, mais lui dénie la place exclusive qui lui avaient attribuée le christianisme et l’humanisme classique. A l’hubris économique et au prométhéisme, elle oppose le sens de la mesure et la recherche de l’harmonie. » 
     Alain de Benoist se met aussi à s’intéresser à la même époque à d’autres militants écologistes et antimondialistes proches des positions de Goldsmith, comme l’Américain Peter Berg ainsi qu’au « biorégionalisme », un concept qui rejoint le régionalisme enraciné du GRECE. A ce titre, Serge Champeau voit pertinemment dans l’éloge du biorégionalisme et des communautés autosubsistantes la persistance d’un « imaginaire du romantisme réactionnaire du début du XIXe siècle ». Ce qui peut expliquer la convergence idéologique entre la Nouvelle Droite, aux positions antimodernes, et les théoriciens du biorégionalisme. L’évolution d’Alain de Benoist se concrétise en 2006 par un dossier d’Eléments intitulé : « Le salut par la décroissance. Pour empêcher le capitalisme de pourrir la planète ». Les articles de ce dossier sont écrits par Alain de Benoist qui est devenu au cours des années 2000 un ardent défenseur de la théorie de la décroissance, faisant l’éloge d’une certaine frugalité.
Stéphane François, L’écologie politique : entre conservatisme et modernité

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