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Non, décidément, M. le Président, nous ne sommes pas fiers de vous

Même au niveau rhétorique, M. Hollande n’est pas à la hauteur.
Dans les vœux du Président, qui se voulaient pleins de la gravité nouvelle qui est désormais son gilet de sauvetage jusqu’en 2017, on sentait bien l’effort des communicants pour hisser François Hollande au niveau rhétorique qu’exigerait la situation.
Et il est vrai qu’il était bienvenu de regarder 2015 comme une « année terrible ». Mais la belle référence hugolienne était aussitôt neutralisée par ce fameux « salon Napoléon III » dont on nous rebattait les oreilles depuis le matin. Napoléon le Petit nous parlant d’année terrible, c’était à y perdre son catéchisme républicain… Et puis, on se demandait comment M. Hollande qualifierait 2016, pour ces derniers vœux, l’an prochain, au cas où cette nouvelle année serait encore plus « terrible » que 2015…
Et, en effet, l’hypothèse était étayée par les mots du Président lui-même, et son « Je vous dois la vérité » nous préparant à d’autres attentats. Sauf que l’effet en était dévastateur. Car la vérité, nous aurions aimé l’entendre dans les vœux de l’an dernier, quand nous écrivions : « M. le Président, il est temps de parler ou de partir. » Vous vous souvenez, ces vœux prononcés assis, devant un immense bureau… vide. Donc, pour ses quatrièmes et avant-derniers vœux, le Président nous devait (enfin) la vérité.
Mais l’effet en était d’autant plus dévastateur que, derrière cette formule, il y avait, en grandes lettres subliminales, le « Mon devoir est de vous le dire », les mots de Marine Le Pen dans son discours du 14 novembre… Ainsi, quand M. Hollande semble prendre un peu de hauteur dans le discours, c’est celui de Marine Le Pen qui émerge.
Et M. Hollande a tendance à se servir de plus en plus souvent dans la besace décidément bien garnie de Mme Le Pen : outre cette déchéance de nationalité dont il ne maîtrise plus le destin, il y a donc ses mots qui remontent dans son nouveau discours. Et l’un des plus beaux – la patrie – qui, jusqu’à ce 31 décembre 2015, n’avait pas eu l’honneur de trôner dans les vœux de M. Hollande. Comme pour se rattraper, il lui infligea la torture de sa figure de style préférée (et qu’il faudra désormais proscrire dans tous les manuels de communication politique) : l’anaphore « La patrie, c’est… Et la patrie, elle…, etc. » Et la magie ou la force du mot se dissipait…
Enfin, il y eut ce paternel « Français, je suis fier de vous ! » Et plus que l’image du père, c’est celle du manager d’une entreprise ou d’un entraîneur sportif félicitant son équipe qui se dégageait. À cause du ton, de la voix, de l’élocution. De l’inadaptation du personnage à la fonction. Toujours ce même aplatissement trivial.
Non, décidément, M. le Président, nous ne sommes pas fiers de vous.

Boulevard Voltaire :: lien

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