Le président Hollande parle de guerre pour se donner de l’importance (en tant que chef de guerre). Mais lui, né en 1954 ne sait pas ce qu’est une guerre. Il n’en a jamais vu. Il n’empêche. Au-delà des remontages hollandesques, il est clair que la guerre est déclarée… par ceux qui nous la font ! Comment faire France ?
Pas besoin d'être deux pour faire la guerre. Au jour d'aujourd'hui, l'État islamique a déclaré la guerre à la France. Ce qui le montre ? Son caractère mondial. Le fait qu'avant Paris et Saint-Denis, il y a eu Beyrouth (où c'est le Hezbollah chiite qui était visé) et qu'après Paris et Saint-Denis, il y a Bamako, capitale du Mali, ce pays où la France intervient depuis 2012, à travers l'opération Serval qui s'est muée en s'étendant plus largement en Opération Barkhane. Ce sont les Français qui ont empêché que le Mali ne devienne un terrain vague pour islamistes en quête de sang, avec les conséquences migratoires que l'on peut facilement imaginer. Le groupe qui est intervenu au Mali al Morabitoune est plus proche d'Al Qaïda que de Daech, mais les deux organisations radicales ont le même combat, et il est clair que, dans ce dernier attentat à Bamako, la France était visée aussi bien
qu'à Paris. Il semble que notre pays (qui reçoit la plus grande communauté musulmane d'Europe) soit la cible désignée des islamistes. Le 18 novembre, c'est Daech qui postait ce texte sur Internet. Le style est inimitable, on ne peut pas s'y tromper : « Et pour vous, adorateurs de la Croix, dirigés par la France byzantine / romaine, nous vous parlons d'une voix assoiffée de sang et vous promettons de nouvelles actions de ce type et des jours noirs... Aussi attendez-vous au pire, qui va vous atteindre ». Il ajoute encore : « Nous vous promettons de nouvelles journées comme le 11 septembre, comme l'attaque à Manhattan et comme le jour sanglant de Paris ». Il n'est pas impossible que cette fois les catholiques soient expressément visés. Et puis, s'adressant aux combattants de l'EI, dans un style coranique, très « sourate 9 revisitée » : « N'épargnez aucun effort pour combattre les ennemis d'Allah par tous les moyens et méthodes, détonations, poignards, assassinats et atteintes à leurs intérêts partout dans le monde ». Il souligne aussi que les attentats de Paris étaient une réponse à l'intervention française en Syrie, en Irak, au Mali et en Afghanistan, et avant tout dans les pays d'Afrique du Nord.
Les djihadistes ont aujourd'hui un sens géopolitique beaucoup plus aiguisé que les gouvernements occidentaux. Ils déplacent leurs pions sur l'échiquier international avec une facilité déconcertante, de Bamako à Beyrouth et de Beyrouth à Paris ou à Saint-Denis. Le monde est à eux, je veux dire le nouveau monde sans frontières que l'Union européenne nous a mitonné. Il est clair que nous sommes partis pour une longue patience et ce ne sont pas les mesures administratives mal ficelées du Président candidat Hollande qui suffiront à « faire France ». Le personnel politique dans son ensemble montre son indigence. Pas un qui ait une parole à la hauteur de la situation. Je dis pas un, parce que le seul qui se soit fait entendre, Philippe de Villiers, a officiellement jeté l'éponge et s'est mis en retrait de la politique à défaut d'avoir vraiment pris sa retraite. Dans le Figarovox, le Vendéen du Puy-du-Fou a eu ce mot : « La barbarie nous fera redécouvrir notre civilisation ».
Ce que la France attend c'est cela, une espérance. Pas un discours sur l'état d'urgence, dans un pays où l'on a licencié tous les policiers. Pas une martiale résolution de fermer les frontières suivie d'un rétropédalage immédiat en mode « contrôles plus fréquents », parce que la vérité, c'est que ces frontières, actuellement, nous n'avons pas assez de douaniers, pas assez de postes de douanes pour les fermer. Non ce que nous attendons, c'est un discours sur la France et sur la France chrétienne. On sait qu'à droite de la droite, la bouilloire frémit : bientôt un nouveau parti politique qui soit vraiment le Parti du cœur de la France et pas un Parti de l'énarchie, cultivant uniquement une administration qui, dans une France globalement en baisse se veut seule toujours plus performante. Nous n'avons pas besoin de mesures techniques, notre arsenal juridique est suffisamment fourni. Ce qui nous manque : prendre aujourd'hui la mesure de la France dans le monde. Apparemment les djihadistes l'ont fait. Les Français ? La barbarie des meurtres gratuits va finir par les réveiller !
Alain Hasso monde&vie 23 novembre 2015