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Jean Cau : "Toute décadence est féministe, féminoïde et infantile"

Le texte "Entretiens-souvenirs avec Jean Cau", reproduit ci-dessous, doit être lu.

À ma grande honte, jusqu'à aujourd'hui et la publication d'extraits de ce texte parZentropista, je ne connaissais pas cet homme et ses écrits. Ce texte et donc un choc conséquent.

Ce document est un extrait de Vouloir, n° 105/108, juillet-septembre 1993. A priori il semblerait que ce magazine soit ultra-confidentiel. Quelques informations ici :http://www.archiveseroe.eu/accueil-c18369603
Quoi qu'il en soit, cet entretien avec Jean Cau n'est disponible que sur ce support et l'on doit s'en contenter.
En préambule à cet entretien, Jacques Vanden Bemden narre ses rencontres avec cette personnalité atypique à la vie bien remplie.
Entretiens-souvenirs avec Jean Cau
J'ai connu Jean Cau par L'Express où il était grand reporter. Comme on vous envoie au front, on l'avait envoyé couvrir la dolce vita à la française. Dans un chapeau ouvrant l'enquête, L'Expressexpliquait qu'on l'avait choisi, lui plutôt qu'un autre, pour affronter les nuits d'alcool et de débauche, en raison de sa grande
santé morale. Il en fallait certes pour ne pas se perdre dans ce monde à la Fellini. Jean Cau, faut-il le dire, en sortit indemne. Plus tard, L'Express – qu'il avait quitté – ne manqua pas de lui reprocher de n'avoir pas céder au vertige de la décadence. Le magazine, pour sa part, en avait fait ses choux gras.
Plus tard, je retrouvai Jean Cau au fil du Meurtre d'un enfant [1965]. Tout homme, tôt ou tard, étrangle son enfance et l'enterre dans son jardin secret. Jean Cau aimait à y retourner et, même, à le retourner. En surgissaient les gamins et les fillettes des Culottes courtes[1988] ou, comme dans Le Meurtre…, l'image effrayante, terrible, fascinante, entrevue sur les routes de l'été 1940, de ce tankiste allemand, torse nu, bronzé, appuyé contre sa machine et coupant une miche de pain avec son poignard. Et le petit Français contemplait, stupéfait, le jeune dieu victorieux un instant apaisé. Et l'enfant Cau, à qui l'on avait dit que l'Allemand était le Mal découvrait que le Mal était beau. Fabuleuse révélation !
Plus tard encore, j'allai écouter Jean Cau aux Grandes conférences catholiques, à Bruxelles, à l'automne 68. On finissait à peine de réparer les rues du Quartier latin et les sociologues s'appliquaient à tirer des leçons de ce qu'on nommait pompeusement les "événements de mai". En attendant le conférencier, les abonnés parlaient à mi-voix de révolution sexuelle et se demandaient si, au fond, les jeunes n'avaient pas raison de vouloir faire l'amour et non la guerre. Ils faillirent tomber de leurs chaises quand Jean Cau mit en pièces ce qu'il appela ce "slogan judéo-chrétien". "Non ! s’exclamait-il. Faites la guerre ! Faites la guerre à vos lâchetés, à votre paresse, à votre inculture, à votre prétention, à votre malheur ! Faites d'abord la guerre et l'amour vous sera donné de surcroît".

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