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Un haut fonctionnaire dénonce le fonctionnement du ministère de la santé

Thomas Dietrich vient de démissionner de son poste de responsable du secrétariat général de la Conférence nationale de santé, de mars 2015 à février 2016. A sa lettre de démission adressée au Directeur général de la Santé, il a joint une contribution de 28 pages destinée à l’Inspection générale des affaires sociales. Il s'agit d'un véritable brûlot contre le ministère de la Santé. Ce dernier ne porterait en fait que très peu d’intérêt à ce que pense le public sur des grands sujets de santé comme la vaccination, la fin de vie ou encore l’e-santé. Selon Thomas Dietrich, « la démocratie dans le domaine de la santé n’est qu’une vaste mascarade montée par les politiques».

La Conférence nationale de santé, créée par une loi de 2004 (à ne pas confondre avec la Grande conférence de santé qui s’est tenue jeudi dernier), est constituée de 120 membres, représentants l’ensemble du paysage de la santé : usagers, professionnels du soin, élus, chercheurs, assureurs, laboratoires… Sa mission est de rendre des avis indépendants pour éclairer, notamment les parlementaires et le ministère. Cette instance est assujettie à la Direction générale de la Santé, elle-même dépendant du ministre, Marisol Touraine. Or, selon Dietrich, le ministère ne supporterait pas certaines prises de positions. Son avis sur la « Loi fin de vie », qui n’allait pas assez loin, fut le début de l’entrée en disgrâce de la CNA. Le coup de grâce vint lorsque sa présidente, Bernadette Devictor, afficha sa volonté de piloter un débat national sur la vaccination. Des pressions commencèrent à s’exercer.

« il fut exigé que je fasse relire les avis ou contributions de la CNA par le cabinet de la ministre ».

Plus tard, le fonctionnaire fut convoqué par sa hiérarchie qui s’opposait à la diffusion d’une lettre d’information de la CNS. « La volonté affichée d’organiser un grand débat sur la vaccination avait effrayé ». Finalement, le ministre demanda un rapport sur la vaccination à un député socialiste, Sandrine Hurel, et lancé un débat national dont l’organisation a été confiée au Pr Alain Fisher, «membre éminent du comité de campagne de Martine Aubry, lors des primaires de 2011 », rappelle encore l’auteur.

Le ministère a créé une nouvelle structure, « l’institut pour la démocratie en Santé », dont la secrétaire générale était jusque-là conseillère de Marisol Touraine.

« Il lui fallait s’assurer que la démocratie en santé serait à sa botte ».

Thomas Dietrich assume :

« Je démissionne parce que je n’ai rien à perdre, je suis libre. Je sais que je risque des sanctions en tant que fonctionnaire, mais je ne pouvais pas continuer comme ça ».

Michel Janva

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