On a coutume de dire que ces deux pouvoirs sont distincts mais non séparés. Cela signifie que les deux pouvoirs ont pour référence le même Évangile, mais chacun dans sa sphère. A contrario, la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État a officialisé cette séparation, qui existait depuis la révolution française. Est-ce un progrès ?
Voyons ce qu’en disait le cardinal Ottaviani lors du Concile Vatican II :
« La doctrine traditionnelle de l’Église est que l’État ne peut être neutre en matière religieuse, puisque l’indifférence de l’État en matière de religion est contraire à sa nature même. L’État est en effet une société naturelle dont la fin est le bien commun des citoyens. En conséquence, il appartient à la nature de l’État le soin du bien commun tout entier (en tant que temporel sur cette terre). Or le bien commun couvre un champ beaucoup plus vaste que l’ordre public. Il est constitué par d’autres biens très importants, comme sont la vérité et la vertu, ainsi que la juste place des citoyens et de la société devant Dieu, auteur de la société. Et donc il appartient à la fin naturelle de l’État de procurer la vraie religion, de la conserver, de la défendre. D’où il suit que les limites à la liberté religieuse ne sont pas seulement les nécessités d’ordre public, mais aussi et surtout les nécessités de la vraie religion ». Et il ajoute : « je dis donc qu’il faut inscrire (dans les textes du Concile)l’affirmation solennelle que l’Église catholique a un droit vrai, natif et objectif à sa liberté, parce qu’elle est divine dans son origine et sa mission. (…) Le Christ et l’Église peuvent imposer une obligation morale, et dans les questions religieuses, qui obligent en conscience ».
Autrement dit, l’État a pour vocation d’élever spirituellement les hommes, et ceci ne peut se faire sans la religion. C’est là que se trouve la justification de ce pouvoir à deux têtes. Le régime républicain est donc une régression, ce que confirment aujourd’hui la perte du sens moral et la dégradation des mœurs.
Et la religion dont il est question ne peut être que le christianisme, car c’est la seule religion qui a développé cette théorie des deux glaives, alors que le judaïsme et l’islam confondent les pouvoirs spirituel et temporel, ce qui conduit à la dictature de la théocratie. (2)
Idée chrétienne bien symbolisée par la signification symbolique de la Croix celtique : priorité du politique et primauté du religieux, les deux sans se contredire, assument le rôle de la Couronne et de la Croix.