L’Etat central prétend décentraliser.
Vaste galéjade. Inutile d’expliquer le ridicule de cette pseudo-décentralisation pour qui s’intéresse un peu au sujet et jette un œil même furtif chez nos voisins. En France la décentralisation n’est qu’un mot. Jamais un acte. Les régions fonctionnent comme un leurre qui n’a pour but que de décharger l’Etat.
Dire que notre pays est centralisé est gentillet. Croyons plutôt que la France est un pays, ou « le » pays hyper-centralisé.
Que cela ait pu être une force après la Révolution pour unifier notre peuple, chacun est en droit de le penser.
Aujourd’hui c’est une faiblesse.
Sur une carte de France il y a un point ridicule qui se trouve être la capitale et qui prétend que tout autour est un désert qu’il est concevable de nommer « province ».
–Paris nous écrase.
–Paris nous phagocyte.
–Paris nous empêche de respirer.
Entendons-nous bien : l’adjectif « ridicule » fait référence à la petite taille du point sur une carte représentant un pays de 552.000 km carrés, la taille d’une grande ville en somme (une capitale, soit).
Tout en France est à Paris, l’Etat y a tout installé et continue de le faire alors qu’il prétend le contraire.
Les délicieux experts qui habitent les bons et loyaux médias sont toujours prompts à taper sur les réalités françaises en comparant allégrement la France aux pays censés représenter des modèles. Ils l’ont fait pendant longtemps en se référant à nos chers amis anglo-saxons. Et puis selon les besoins, on passait au « modèle scandinave ». Plus récemment la sujétion s’est déplacée pour aller souvent renifler son maître de l’autre côté du Rhin.
D’un modèle l’autre et puis que dit-on ?
Il se trouve que ces prétendus modèles où l’on va chercher ce qui est intéressant et, quand ça intéresse, ils sont tous et, sans exception, issus d’un même ensemble, d’une même zone culturelle.
On parle ici de nations appartenant à l’ensemble culturel et linguistique germanique.
Nos experts, parisianistes cela va de soi, aimeraient nous tirer vers ce qu’ils estiment probablement être le haut mais ces pays du nord de l’Occident ont des sociétés différentes et des systèmes différents parce qu’ils ont des identités différentes.
Il serait peut-être temps de se rendre compte que le peuple français est un peuple latin.
Disons que la culture majoritaire est romane, ce qui n’exclut en rien les cultures et les langues régionales celte, basque et germanique ; cela veut simplement dire que nous appartenons à un ensemble de pays de culture et de langue romanes, nous n’appartenons pas à un ensemble de pays, de culture et de langue germaniques.
Tous ces bons experts adoubés par les médias aux ordres de l’idéologie mainstream (dominante) ne comparent cependant jamais la France à ses voisins pour y trouver des exemples de régions véritablement décentralisées.
Car ici réside une partie du problème. Ces experts idéologues opposés avant tout au débat nient l’aspect identitaire des choses. Ils nient même que le peuple français ait une identité.
Pour eux le Français ne peut être autre chose que citoyen d’un pays universaliste et Français de souche est une insulte parmi les plus dégradantes. Ces aboyeurs idéologues décident que les identités c’est sympa, c’est tout mignon mais quand ce sont celles des autres. Elles sont alors aussi fabuleuses qu’exotiques.
Hé oui ! L’exotisme se trouve parfois chez nos voisins directs.
Si le Français n’a pas d’identité, cette dernière ne peut pas être plus nationale que régionale (charnelle).
C’est bien là la matrice de ces régions qui se décident sur un coup de dé, qui s’échangent le matin suivant après le coup de fil d’un « ami », qui portent des noms qui ne sont pas des noms, qui sont parfois des acronymes dont une partie ne désigne rien d’autre que des illusions touristiques, d’autres dont on ne sait quels bureaucrates, après quelque partie de cartes, choisiront leurs noms et par quel processus ils auront imposé leurs élucubrations.
Ni l’histoire, ni la culture, ni l’érudition, ni la langue millénaire et du cru et surtout pas le peuple local ne seront invités à ces jeux géopolitiques qui n’ont pour but que de plaire au reich ou à l’empire dont on ne sait plus si la capitale est Bruxelles, Berlin ou Washington.
Ces régions nouvelles, conglomérats nouveaux d’inventions déjà anciennes, servent les intérêts de l’Union dite européenne et détricotent un peu plus l’identité française à travers sa sujétion à l’Union antinationale d’une Europe succursale étatsunienne mais détricotent aussi l’identité française en tricotant un nouveau patchwork où territoires de langue et de culture d’Oc et territoires de langue et de culture d’Oïl comme territoires de langue et de culture arpitane (franco-provençal) (*) et territoires de langue et de culture germanique ( alsacien, francique, flamand) et territoires de langue et de culture catalane et de langue et de culture basque ne seront pas pris en compte. Les Bretons attendent leur dernier morceau. Les Corses sont épargnés.
Ne nous y trompons pas. La défense de l’identité et le patriotisme ne se renforcent pas de l’élimination des cartes officielles des patries charnelles et régionales. C’est tout le contraire.
Se lever contre ces affabulations géopolitiques intérieures, c’est se lever contre ceux qui ne voient qu’une république mais surtout sans peuple légitime.
Le peuple français, légitime sur sa terre, se renforcera en retrouvant son identité locale. Sa langue régionale, sa patrie charnelle font de lui un Français. C’est le peuple français qui est fait ainsi.
De la Provence à la Bretagne, de la Gascogne à l’Alsace, du Pays basque à l’Ile-de-France et du Pays niçois au Nord-Pas-de-Calais nous pouvons, éventuellement, être une république mais nous sommes surtout un pays, un peuple.
Ceux qui veulent remplacer nos régions, nos langues sont ceux qui veulent remplacer notre peuple. Ceux qui s’opposent à ce crime mondialiste, ceux qui s’opposent à cette mort annoncée veulent garder leur identité.
Nous sommes le peuple français.
Pascal Pottier, 16/03/2016
Note de la rédaction :
(*) Voir aussi : De la patrie… ou du pouvoir absolu
Les intertitres sont de la rédaction