Pour un «Syrien» installé ou renvoyé en Turquie, un «Syrien» accueilli en Europe: le deal conclu entre l’UE et la Turquie début mars démarre officiellement ce lundi. Une date fixée par la vraie dirigeante de l’Europe, la chancelière allemande Angela Merkel, qui, après avoir inconsidérément ouvert les vannes, tente maintenant de contrôler autant que faire se peut le tsunami migratoire. Si la Grèce étranglée par des décennies de gestion fantasque et le remède de cheval de la troïka BCE-FMI-Commission européenne croule sous le nombre de migrants, certains européistes veulent croire que cet accord aura un effet bénéfique et durable, là ou tous les autres ont échoué. Les premiers Syriens qui ont vocation à être dispersés dans plusieurs pays de l’UE, dont la France, sont arrivés hier en Allemagne. Le site Sputnik citait «l’orientaliste américain» Daniel Pipes, universitaire et journaliste neocon avec lequel nous avons de nombreux désaccords de fond, dont nous ne partageons pas toutes les analyses géopolitiques, les orientations, mais qui notait, pour le coup assez justement, que la situation « offre au président turc un outil très pratique pour faire chanter l’Union européenne (…). L’Europe doit récompenser généreusement Ankara et autoriser quelque 80 millions de citoyens turcs à circuler en Europe sans visa. Dans le cas contraire, la Turquie laissera déferler sur le continent européen les réfugiés non seulement de Syrie, mais du Proche-Orient tout entier. La Turquie elle-même risque de se retrouver confrontée à des problèmes migratoires: en soutenant les islamistes sunnites, Erdogan favorise l’afflux de réfugiés venus de Syrie. Il est peu probable que la population locale accueille avec enthousiasme les migrants, ce qui risque de provoquer une explosion sociale dans le pays, considère l’historien américain ».
Explosion sociale qui est déjà une réalité en France pour des catégories entières de la population et dans de nombreuses zones sinistrées. Et au moment même ou la déréliction, l’affaiblissement des instruments de l’Etat de droit sont de plus en plus visibles. Le successeur de la calamiteuseChristiane Taubira, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, décrivait ainsi dans un entretien paru au Journal du Dimanche une justice«à bout de souffle, sinistrée, en état d’urgence absolue.»
Une justice exsangue et un gouvernement qui atteignant des records d’impopularité, reste tétanisé par la rue, la crainte de la bavure et n’ose plus faire respecter l’Etat de droit. Les Français l’ont encore constaté lors des manifestations contre la contre la loi El Khomri la semaine dernière: à Grenoble, à Rennes, à Marseille, à Paris, casseurs anarchistes, antifas et autres No Bordercagoulés ont cassé, vandalisé, brûlé, agressé les forces de l’ordre.
Malgré l’état d’urgence, la guerre des gangs, sur fonde de trafic de stupéfiants, se poursuit aussi de plus belle dans la capitale phocéenne ou trois jeunes ont été exécuté à l’arme de guerre samedi soir dans une cité des quartiers nord. Dix individus ont été tués par balle dans l’agglomération marseillaise depuis janvier. Malgré le langage de fermeté républicaine du ministre de l’Intérieur, les édiles socialistes marseillais ne cachent plus leur impuissance à juguler l’insécurité dans les territoires perdus de la république.
Maire des 15e et 16 e arrondissements , la sénatrice socialiste Samia Ghali a confessé que la situation «ne donne pas beaucoup d’espoir pour les générations à venir ». « C’est dramatique et désespérant » ; «il y a un vrai travail de fond à faire ». Un travail de fond qui est pourtant censé être mené depuis quarante ans à en croire les partis dits de gouvernement, à croire que la recette socialo-libérale ne fonctionne pas…
Député socialiste du centre-ville de Marseille, candidat malheureux face au frontiste Stéphane Ravier dans le 7éme secteur lors des dernières municipales, Patrick Mennucci a déclaré lui aussi à l’AFP que faute de pouvoir enrayer les trafics…il convenait de capituler, c’est-à-dire de légaliser le cannabis. « La lutte contre ces homicides ne peut être menée « si on ne crée pas une filière d’Etat sur la distribution du cannabis.»
«Rendez vous compte: c’est 15% des forces de police qui sont mobilisées sur le trafic de cannabis, c’est énorme, dit-il. C’est pourquoi j‘ai demandé au président de l’Assemblée nationale de mettre en place un groupe de travail (…) pour rouvrir le débat sur la dépénalisation du cannabis, a-t-il précisé. »
Dans le quotidien La Provence, M. Menucci enfonce le clou: «Nous avons dans notre pays 6 millions de consommateurs réguliers, 9 millions occasionnels et 17 millions qui ont déjà expérimenté le cannabis. Tant qu’un tel marché existera et demeurera dans l’illégalité, des groupes de malfaiteurs se battront pour le contrôler; l’État doit légaliser le cannabis, créer une filière et un monopole d’État et en assurer la distribution. Il s’agit de la seule solution pour priver ces réseaux de cette attractivité et de ces moyens financiers considérables.»
Une dépénalisation soutenue aussi par les Verts, Jean-Luc Mélenchon mais aussi par un proche de François Hollande comme Julien Dray… qui attendent un éventuel bénéfice électoral des consommateurs abstentionnistes et autres libéraux-libertaires abolitionnistes ? Sur RTL, M. Dray prenait l’exemple du Canada: «le trafic de stupéfiants est devenu une industrie. On maintient une prohibition qui favorise le trafic.» D’autres avancent encore le cas des légalisations opérées dans certains Etats américains, pays occidental qui détient le record mondial de la consommation de drogues diverses et variées… où la criminalité engendrée par les trafics de drogue, notamment des plus dures, bat des records.
Il n’est finalement guère surprenant, souligne Bruno Gollnisch, de voir une large partie de la gauche post soixante-huitarde utiliser l’argument de l’efficacité et de la lutte contre la criminalité pour justifier ses échecs et ses démissions. Il n’est pas difficile d’envisager qu’en cas de dépénalisation du cannabis, les trafiquants auraient vite fait de diversifier leur catalogue et de reporter leurs activités sur d’autres drogues illicites, encore plus nocives.