À l’évidence, une aube nouvelle s’est levée sur le Royaume-Uni – peut-être bientôt désuni à en juger par les velléités écossaises et irlandaises de s’émanciper du frère ennemi britannique, sans doute pour des motifs profondément irrédentistes que spontanément europhiles. Avec 52 % de « oui » et surtout, ce qui est le plus important, un taux de participation de 72 %, le peuple britannique a indéniablement et magistralement montré la voie à suivre aux autres peuples d’Europe.
Marine Le Pen, en France, Geert Wilders au Pays-Bas, appellent à une consultation référendaire posant également la question du maintien de ces pays dans l’Union européenne. Matteo Salvini, le chef du parti autonomiste de la Ligue du Nord leur embraye le pas, à l’instar de la Suède et du Danemark, voire de la Pologne ou de la Hongrie déjà passablement excédés par les oukases bruxellois. Même l’Allemagne, de tendance plutôt pro-européenne, s’interroge sur un « germanexit » avec près de 30 % des sondés se prononçant en sa faveur.
Que n’a-t-on entendu, de part et d’autre de la Manche, sur le « saut dans l’inconnu », que représenterait un « Brexit » à sourde connotation « raciste et xénophobe », pour reprendre les mots extrêmes d’un Bernard-Henri Lévy qui aura encore perdu une occasion de se taire. Il n’empêche. De Londres à Paris, en passant par Bruxelles et Frankfort, les élites mondialisées n’ont pas manqué d’exciper les arguments les plus saugrenus pour susciter un climat anxiogène considérablement alourdi par le meurtre de la députée européiste Jo Cox.