Chaque année, la même question se pose à moi : dois-je continuer à nourrir ce bloc-notes sur la toile ou, au contraire, y renoncer pour me consacrer à mes travaux universitaires ou à d’autres formes d’activité politique ? Et chaque année, après quelques hésitations, je reprends, sinon la plume, du moins le clavier pour jeter quelques réflexions et quelques arguments, mais aussi mes émotions et mes opinions sur des événements d’actualité ou sur les institutions de notre pays…
Après cet été meurtrier qui n’est pas encore fini (et cette année, il y a presque une sorte d’impatience à le voir se terminer…), s’ouvre une année doublement électorale, entre la présidentielle et les législatives, et la politique sera de retour, au moins dans les discours et les promesses, même si la qualité des uns et des autres n’est pas vraiment assurée ! Souvent, en ces périodes de campagnes électorales, démocratie rime malheureusement avec démagogie, au risque d’oublier les vrais enjeux des élections, la nature profonde de la politique même et le souci politique, thème d’un livre du philosophe postmaurrassien Pierre Boutang à relire en ces heures de confusion intellectuelle. Nous n’échapperons pas aux postures des candidats « majeurs » (ceux qui peuvent espérer une place au second tour ou jouer un rôle d’opposant reconnu et crédible) et à leurs déclamations du type « Mon adversaire, c’est la Finance » ou « La sécurité sera assurée », et le royaliste que je suis, tout en les entendant, n’en sera pas dupe car, pour moi, la question n’est pas tant celle de la qualité des candidats ou des élections que celle des institutions et de l’état d’esprit qui les anime ou qu’elles inspirent.
Je ne suis pas devenu royaliste par hasard, mais par réflexion, et le sentiment est venu compléter et enrichir d’une dimension affective ce processus intellectuel. J’ai déjà évoqué cette « conjonction des planètes », entre lectures croisées de Bertrand de Jouvenel (« Du Pouvoir », livre majeur dans ma formation politique) et de Charles Maurras (dont j’ai au moins gardé la pratique de la « tradition critique », autre nom de l’empirisme organisateur, et la théorie du « Politique d’abord », d’ailleurs souvent incomprise…), et recherche du meilleur moyen de pérenniser et de transmettre ce qui fait notre environnement et enracinement nécessaires à l’épanouissement de ce que nous sommes. En France, pays qui nous semble encore une évidence (qu’elle n’est que par une longue suite d’habitudes et une histoire commune, y compris dans le malheur qui soude parfois encore plus que le bonheur…), la République ne garantit pas ce long terme indispensable à l’efficacité de l’action politique : que cela soit sur le plan de la stratégie énergétique, de la grande diplomatie ou même de la lutte pour le travail français (entre autres), chaque gouvernement de couleur politicienne différente se targue de défaire ce qu’a fait le précédent, au risque d’aggraver la situation. Bien sûr, il y a des lignes de force mais c’est plutôt la dépossession du politique par l’économique et une dépendance accrue des institutions du pays à « l’extérieur », que ce dernier prenne la forme de « directives européennes » ou de « mondialisation », ou se pare de leurs attributs théorisés par les penseurs libéraux ou « sociaux-démocrates ».
Mais s’opposer est vain s’il n’y a pas proposition : d’où ma volonté (qui ne sera pas, seule, suffisante…) de promouvoir et de jeter les fondements d’unenouvelle Monarchie qui reprenne les grands traits de l’ancienne sans s’en contenter ni s’enfermer dans une lecture purement théorique des institutions et de leur rôle. Je prône une Monarchie qui ne soit pas que symbolique, même si je connais et apprécie la valeur et la force du symbole royal chez nos voisins britanniques, néerlandais ou espagnols. Une Monarchie arbitrale, mais aussi « active » et éminemment politique.
Il serait dommage de ne pas faire de politique au moment où tout le monde en parle en prévision de l’élection présidentielle qui reste, qu’on s’en félicite ou non, « la reine des élections », comme une sorte d’hommage du vice à la vertu… Ainsi, ce bloc-notes va poursuivre son bonhomme de chemin, non pour satisfaire quelque graphomanie immodeste (car, en fait, j’éprouve une certaine difficulté à écrire…), mais pour tenter d’apporter sa pierre à l’édifice d’une politique royaliste nécessaire pour fonder une Monarchie politique. Néanmoins, je ne me contenterai pas de quelques articles sur la toile : il y a encore cent autres manières de faire de la politique, et j’en userai, jusqu’à la centième ! Car la France mérite mieux que la République, elle mérite la Monarchie, celle des « possibles » et des « nécessaires », tout simplement…