Dans ce film, toute ressemblance avec des personnages politiques ayant existé est fortement recommandée.
À quelques mois de l’élection présidentielle, le monde de la culture, celui qui pense comme il faut, qui sait ce qu’il faut nous aider à penser, celui du monopole du cœur – à condition qu’il reste de gauche -, va pouvoir commencer son travail de propagande.
Car il a le monopole de la culture. Et il s’en sert.
Premier à ouvrir le feu, le film de Lucas Belvaux Chez nous, censé sortir stratégiquement en février prochain, à quelques mois de l’élection présidentielle.
Pour les simples d’esprit que nous sommes, les spectateurs lambda, les détenteurs d’un bulletin de vote, tentés par un vote nationaliste ? Patriotique ? Extrémiste?
Tout n’est qu’amalgame, mais dans ce sens-là, l’amalgame est toléré, voire fortement encouragé. Et dans ce film, toute ressemblance avec des personnages politiques ayant existé est fortement recommandée.
Plantage de décor: un parti nationaliste mené par des bourgeois qui manipulent leurs électeurs tentés par la haine de l’autre et insensible au vivre ensemble veut à tout prix accéder au pouvoir. Un parti politique qui ne supporte pas le Français d’origine étrangère, particulièrement le Maghrébin et pas seulement à cause de ses ancêtres qui n’étaient pas très gaulois, mais surtout pour des relents de colonialisme, qui collent à la peau des pauvres Français que nous sommes et qui seraient tentés de le rester.
Histoire de réécrire l’Histoire, pour justifier que le colonisateur devienne le colonisé.
Car le film se passe en banlieue ouvrière dans le nord de la France, à Hénard, commune imaginaire mais dont le nom rappelle celui du fief frontiste Hénin-Beaumont (fusion entre Hénin-Liétard et Beaumont-en-Artois).
Pauline, une infirmière à domicile, va se faire approcher par le « bloc patriotique » afin qu’elle se porte candidate aux municipales dans ce territoire miné par la crise métallurgique. Et pas que.
Pauline, elle est sympa, infirmière et plutôt jolie, c’est la Française de taille standard. La fille d’ouvrier, la pas bien « ouverte d’esprit » qui n’a pas pigé ce que diversité et mixité pouvaient lui apporter et qui bascule du côté obscur, juste parce que son monde est gris.
Le réalisateur, Lucas Belvaux, a voulu décrire une « parole qui se libère, disséminant une odeur abjecte qui dérange de moins en moins ».
Le film a un message à nous faire passer et son créateur nous l’explique : « Le film ne s’adresse pas en priorité et ne doit pas s’adresser qu’à des gens mobilisés, très au fait de ce qu’est vraiment l’extrême droite. Ce que Chez nous montre, raconte, tout le monde peut le savoir, mais les gens s’informent plus à travers une presse qui favorise le spectaculaire ou l’émotion que par des médias d’analyses et de réflexions. »
Dans ce navet à venir, où d’aucuns pourraient voir une caricature simpliste et vulgaire, comme cette Marine Le Pen incarnée par une Catherine Jacob dont le carré blond rigide et les rondeurs grasses évoquent plutôt une Tatie Danielle empaillée qu’une leader politique engagée, le réalisateur a donc voulu nous faire réagir « par l’émotion et par le spectaculaire ». C’est sûr que, pour l’analyse et la réflexion, on repassera.
Mais le monde de l’art est celui des « sachants », plus près du monde de Saint-Germain-des-Prés que du monde ouvrier, et Pauline, c’est un peu nous tous, tentée de penser que nous sommes « chez nous » chez nous.
Quelle idée…
Gageons que Pauline aura le sursaut nécessaire pour se rebiffer, qu’elle croisera aux pieds d’un terril du bassin minier Bernard-Henri Lévy ou Serge July pour la ramener dans le droit chemin ou que, violée par un skinhead crâne rasé, elle sera sauvée in-extrémiste par trois migrants en provenance de la jungle de Calais.
Pauline, elle finira par voter Manuels Valls aux présidentielles et la France, elle sera sauvée, parce que nos lumignons et nos ballons sont plus forts que nos haines et nos différences.
Quelle idée…