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L'universalité du christianisme est-il un appel au mondialisme ?

Non, répond Jean-Pierre Maugendre :

6a00d83451619c69e201b8d258909e970c-200wi.jpg"[...] Il est un fait que le christianisme est une religion à vocation universelle. Citons Gal, III, 28 « Plus de Juif ni de Grec » ou Col III,11 : « Il n’y a plus ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni Barbare, Scythe, esclave ou homme libre mais, tout en tous, le Christ ». Est-ce là un appel à un mondialisme avant l’heure faisant fi des réalités nationales et identitaires ? Le texte précédemment cité de l’épître aux Galates s’éclaire mieux dans son contexte : « Tous en effet vous êtes fils de Dieu par la foi au Christ Jésus car vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Plus de Juif ni de Grec, plus d’esclave ni d’homme libre ; plus d’homme ni de femme, vous tous en effet vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus  ». L’Apôtre des Gentils se place clairement sur un plan surnaturel. Il ne prône pas la théorie du gender avant l’heure quand il affirme qu’il n’y a plus ni homme ni femme. Il annonce simplement que tous les baptisés sont appelés à une même dignité et pureté surnaturelle (Dom Delatte in Les épîtres de Saint Paul).

Dans sa conférence Qu’est-ce qu’une nation (in Le patriotisme est-il un péché ? éditions Contretemps), Claude Rousseau note que lors de la Pentecôte, après avoir reçu l’Esprit Saint, les apôtres se mirent à prêcher le Christ et chacun – Parthes, Mèdes, Élamites, etc. – les entendait parler la langue du pays où il était né. Le Saint-Esprit avalise ainsi les pauvres langues humaines post-babéliques et ainsi indirectement les nations dont elles sont un des éléments constitutifs majeurs. La diffusion de la Bonne Nouvelle n’implique pas la disparition des nations.

Le Christ a pleuré sur Jérusalem

Le Christ lui-même d’ailleurs a manifesté un attachement émouvant à sa nation en pleurant sur le sort à venir de Jérusalem. « Quand il fut proche de sa ville, en la voyant il pleura sur elle. (…) Le temps va venir pour toi où tes ennemis établiront contre toi des retranchements, t’investiront et t’enserreront de tous côtés. Ils te jetteront à terre, toi et tes enfants qui seront dans tes murs, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre parce que tu n’auras pas reconnu le moment où tu étais visité » (Lc XIX, 41).

De manière classique, la Cité, puis la nation, est une extension de la famille, une famille de familles. Elle repose sur une base biologique de populations installées sur un territoire donné. Les nations nomades, qui existent, sont inchoatives et incapables de se constituer en États. L’exemple le plus éclatant en est l’État d’Israël qui n’a pu se constituer que lorsqu’il put disposer d’une base territoriale. Cette dimension territoriale de la nation a toujours été confirmée par le christianisme. Ces éléments : une terre et un peuple constituent le corps de la nation. Ils n’en sont pas l’âme. Elle est ce qui différencie cette nation des autres : un patrimoine culturel, intellectuel, moral, esthétique, etc. constitué au fil du temps qui constitue le bien commun de cette nation. Elle est aussi le dessein propre que Dieu a sur chaque nation qu’il a confiée à la protection spéciale d’un ange gardien spécifique, saint Michel pour la France, l’ange gardien du Portugal qui apparaît aux voyants de Fatima, etc. Les nations comme les personnes ont un destin particulier dans le plan de Dieu.

Le patriotisme est une vertu

Étymologiquement la patrie c’est ce qui a rapport aux Pères, aux Anciens. C’est un héritage matériel et immatériel que chacun a reçu. La nation, c’est cet héritage en action menacé en interne par l’infidélité et de l’extérieur par la destruction, conséquence d’une invasion, d’une défaite militaire, d’un génocide, etc. C’est sans doute ce qui, sur le fond, différencie le plus Laurent Dandrieu de Erwan Le Morhedec : le campement bédouin installé, ce qu’à Dieu ne plaise, sur les pelouses du château de Versailles, ou la transformation de la cathédrale Notre-Dame de Paris en mosquée ne choquera sans doute pas notre blogueur breton, si c’est le prix à payer pour un harmonieux vivre ensemble alors que les yeux de Laurent Dandrieu se révulseraient à cette simple évocation. Deux notions antagonistes de la nation s’opposent ainsi irréductiblement. Pour les uns, la nation est une simple relation contractuelle entre vivants, faisant fi du passé. Pour les autres, elle est, selon l’expression de Renan, un plébiscite de tous les jours, le souvenir d’avoir fait de grandes choses ensemble et la volonté d’en faire encore. Elle est ainsi d’abord un héritage dont chacun est comptable à la fois devant les morts d’hier et devant les vivants à venir.

La nation contractualiste est celle du mantra du « vivre ensemble ». Elle est grosse de multiples conflits dans une société frappée d’insécurité identitaire et culturelle comme la nôtre. Un voisin, bien intentionné, vient de nous conseiller, alors qu’un camp de « migrants » – uniquement des hommes originaires d’Érythrée, du Soudan et d’Afghanistan – vient de s’installer à proximité de notre domicile, d’éviter « dans nos maisons, les signes judéo-chrétiens visibles de l’extérieur » et de promouvoir « les vêtements amples pour les femmes ». Est-il conscient, le malheureux, que la première réaction, à moins d’avoir déjà intégré son statut de dhimmi, c’est-à-dire de protégé de l’islam, est plutôt de demander un permis de port d’armes ?

Il est un fait, et un bienfait, que fidèles ou infidèles nous sommes toujours des héritiers. En 2006, la publication dans la presse de caricatures de Mahomet donna lieu dans le monde musulman à de nombreuses violences anti occidentales et anti chrétiennes. Les saucissonneurs du Vendredi Saint de Charlie Hebdo titrèrent alors : « C’est dur d’être aimé par des cons ». Dans leur haine permanente contre le christianisme, ils restaient pétris de christianisme – Dieu est amour – à l’encontre d’une religion dont le leitmotiv est la soumission, islam signifie soumission, et non l’amour.

La reconnaissance de cette dette insolvable envers nos anciens, et d’abord nos parents, porte le beau nom de piété. Elle est la vertu qui nous ouvre les portes de l’avenir car nous disant d’où nous venons elle explicite qui nous sommes et où nous pouvons légitimement ambitionner d’aller. Le reste est fétu de paille emporté par les vents dominants de l’instant présent, par nature changeants, éphémères et souvent trompeurs."

Michel Janva

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