L’altermondialisme eut longtemps des allures de chimère, portée par des gens n’ayant pas toujours les moyens de leur politique. Au contraire de Trump ?
Des mois durant, les souverainistes européens de tous bords luttaient contre le TAFTA, ce grand marché transatlantique consistant à asseoir un peu plus encore la domination américaine sur la planète. Au Sud du Rio Grande, d’autres souverainistes refusaient l’ALENA, son équivalent latin. En vain.
Et voilà que de quelques traits de plumes sur un parapheur, le nouveau locataire de la Maison Blanche réussit là où tous ou presque avaient échoué. Bien évidemment, la politique néo-isolationniste des USA ne signifie pas qu’elle abandonnera son traditionnel impérialisme ; mais, comme écrit par Jean Quatremer dans Libération, le 25 janvier dernier : « Ce faisant, il tourne le dos à 70 ans de politique commerciale américaine qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a consisté à promouvoir le libre-échange, non seulement parce que l’économie américaine en profitait, mais aussi parce que Washington considérait qu’il s’agissait d’un facteur de paix par la contribution qu’il apportait au développement. »
Mieux, ou pire, mais il s’agit là d’une question de point de vue : « Ce retour au protectionnisme des années vingt-trente, celui-là même qui a mené le monde à la guerre, est non seulement inquiétant, surtout si l’on ajoute à cela le probable retrait américain de l’accord de Paris sur le changement climatique, la remise en cause de l’utilité de l’OTAN, son scepticisme à l’égard de l’avenir de l’Union européenne ou son agressivité à l’égard de la Chine, mais totalement à contretemps : les États-Unis connaissent une forte croissance qui a effacé les effets de la crise financière de 2007 et sont, désormais, en situation de plein-emploi, même s’il y a d’importantes poches de pauvreté dans le pays. »