Marion Maréchal Le Pen a été interrogée sur Atlantico. Extraits :
"[...] Je suis convaincue que l'offre gagnante dans ce pays correspond plus ou moins à l'alchimie réalisée par Nicolas Sarkozy. La dernière fois qu'il y a eu un véritable engouement pour un candidat, quoi qu'on en dise, au cours de ces dernières décennies, c'est quand même Nicolas Sarkozy en 2007. Cela ne l'a pas empêché de décevoir mais quelque chose c'était passé. C'est une alchimie qui a réussi à mettre dans un même horizon, à la fois, les classes populaires, la France périphérique, les classes moyennes et, la droite bourgeoise conservatrice, sans que cette désignation ne soit péjorative. Nicolas Sarkozy est parvenu à emmener sur un même chemin deux classes sociologiques qui ne se fréquentent pas forcément, qui n'ont pas les mêmes aspirations mais qui arrivaient à se retrouver dans la vision de la France qu'il portait. Et je crois que c'est le chemin qu'a pris aujourd'hui Marine Le Pen, c’est-à-dire d'arriver à parler à ces deux France là, à leur offrir une vision de la France dans laquelle ils peuvent se reconnaître. [...]
Patrick Buisson avait notamment indiqué qu'une part des électeurs de Jean Luc Mélenchon et de François Fillon pourraient voter Marine Le Pen. Que faites-vous pour donner une réalité à ces propos ? L'alliance des droites rêvée par Patrick Buisson est-elle un objectif pour vous ? Celle-ci est-elle en cours ?
Marine Le Pen a déjà donné de nombreux signaux, elle peut difficilement en faire plus. Notamment en expliquant que son gouvernement ne serait pas exclusivement frontiste, que le premier ministre ne serait pas nécessairement issu du Front national. Je plaide, et je ne suis pas la seule, c'est une idée qui a pris corps, pour anticiper une nécessaire alliance avec un certain nombre de candidats issus du courant de la droite nationale conservatrice, au cas par cas, pour les législatives. Il est vrai qu'il y a un certain nombre de personnalités issues de la société civile, ex-politiques ou politiques, avec qui nous partageons beaucoup. Après, pour autant, le terme "union des droites" est assez obsolète en raison de ce qu'est devenue la droite en France aujourd'hui. L'UDI est alliée aux Républicains, et nous avons constaté un reniement de cette droite, avec une soumission totale à la gauche culturelle. À ce titre, je ne vois pas l'utilité politique de s'allier avec une fausse droite. Donc, s'allier au plan national, non, mais en revanche, s'allier avec des personnalités, oui, bien évidemment. Je souhaite que cela puisse se faire et cela se ferait d'autant mieux si Marine Le Pen était confrontée à la gauche au 2e tour. Notre ambition est de convaincre tout cet électorat que l'on peut qualifier de "droite hors les murs", qui sont un peu les abandonnés du RPR des années 80, que la véritable alternative qui se présente à eux n'est pas François Fillon, mais le Front national. C'est l'enjeu.
Marine Le Pen a indiqué son souhait de revenir sur la loi Taubira, en indiquant " je suis pour que la filiation soit réservée à un papa et une maman". Alors que MLP était plutôt en retrait vis à vis de la Manif pour tous, cette déclaration a-t-elle eut un effet ? Constatez-vous, sur le terrain, un report des électeurs catholiques de François Fillon, vers Marine Le Pen ?
C'est à mon avis un débat qui a été largement sur-interprété. Le seul débat qui a eu lieu en interne est celui de la participation à la Manif pour tous. Je rappelle qu'à l'époque, c'est Frigide Barjot qui refusait la parole au Front national, alors qu'elle la donnait au moindre conseiller régional socialiste. Cela a été vécu comme une véritable injustice et il est vrai que cela était compliqué pour Marine Le Pen, dans sa stature présidentielle, de ne pas avoir de parole. Ce qui ne nous a pas empêché de voter à l'unanimité en bureau politique le retrait de la Loi Taubira et de réaffirmer, chaque fois que Marine Le Pen en a eu l'occasion, qu'elle abrogera cette loi, qu'elle luterait contre l'extension de la PMA, qu'elle s'opposerait fermement à la gestation pour autrui, et qu'elle s'opposerait même à ce qui a été mis en place par la CEDH, c’est-à-dire la circulaire Taubira sur la retranscription obligatoire des enfants nés de GPA à l'étranger. Je ne vois pas comment nous pourrions être plus clairs sur ces sujets. De la même manière que le Front national a été seul à voter contre la nouvelle version de la loi Clays-Léonetti sur l'euthanasie. Sur tous ces sujets, la cohérence est du côté de Marine Le Pen. C'est ce que nous constatons d'ailleurs puisque le Front national est le premier parti chez les catholiques de France depuis les régionales. Cet électorat nous résistait, mais est venu vers nous suite aux renoncements de la droite. De plus, Marine Le Pen a une politique familiale très ambitieuse, sur le retour de l'universalité des allocations familiales tout en mettant en place la priorité nationale, sur la facilitation de la transmission du patrimoine, retour de la liberté sur le congé parental, la baisse de l'IR qui bénéficiera directement aux familles. [...]"