Utilisée à bon escient, l’ironie, en politique, est une arme de destruction massive.
Du haut d’un taux de popularité qui ne l’élève pas bien haut, et l’empêche en tout cas d’avoir l’horizon dégagé, le François Hollande qui achève cahin-caha son mandat est volontiers donneur de leçons. Mieux : il est un homme en croisade. On se souvient de sa récente tirade contre Marine Le Pen. On l’a vu, plus récemment, réclamer, en compagnie d’Angela Merkel, une « Europe à plusieurs vitesses ».
Les douze étoiles sur le bouclier, le heaume ayant remplacé le casque de moto, le regard moins aguerri que celui de Saint Louis, François Hollande, à défaut d’entrer par la grande porte dans l’histoire de son pays, entend probablement laisser une trace dans le cheminement d’une Europe en capilotade.
Pas plus qu’en interne le succès n’est pourtant au rendez-vous. En témoigne l’incident survenu lors du sommet européen qui s’est tenu à Bruxelles, ce 10 mars. Alors qu’il venait de tempêter contre les pays de l’Est européen, et plus particulièrement la Pologne, « l’un des plus grands bénéficiaires des fonds structurels européens », le Président français eut à subir, selon le Guardian, le feu grégeois de Beata Szydło, Premier ministre polonais :
« Je suis supposée prendre au sérieux le chantage d’un président dont le taux de popularité est à 4 % et qui ne sera bientôt plus président ?
Utilisée à bon escient, l’ironie, en politique, est une arme de destruction massive. Le problème, dans l’affront subi par François Hollande des œuvres de Beata Szydło, est qu’il est également une gifle infligée à la France – un des membres fondateurs de l’Europe – par la Pologne, pays ayant récemment adhéré au cénacle et qui défend des valeurs trop peu défendues par les contrées historiques.
Beata Szydło est membre de Droit et Justice, parti fondé au tournant du siècle par les frères Kaczyński. Elle devint présidente du Conseil des ministres en novembre 2015 après la victoire de ses troupes lors des élections législatives. Arrivée au pouvoir, elle se montre sceptique non seulement envers les directives européennes, mais aussi les politiques migratoires laxistes : dans la foulée des attentats de Bruxelles, elle refuse ainsi d’accueillir des migrants sur le territoire polonais.
De son côté, François Hollande ne cesse plus de tomber de Charybde en Scylla, créatures qui, pour lui, prennent les visages de Marine Le Pen et de Beata Szydło. La politique qu’il mène, et qui est aujourd’hui reprise par un Macron qui ne doit sa popularité qu’au fait d’être encore fringant – pour combien de temps ? —, est aujourd’hui discréditée. Cela ne l’empêche pas de vouloir l’imposer, contre les vents et les marées de l’Histoire.