Emmanuel Macron ne convainc toujours pas et si l’on en croit les enquêtes d’opinion il suscite un rejet d’une ampleur similaire à celui qui frappa son mentor François Hollande dés le début de son quinquennat. Selon le dernier baromètre KantarSofres-Onepoint pour Le Figaro Magazine, l’ex employé de la banque Rothschild a vu sa cote de confiance chuter de 19 points depuis le mois de juin ( de 57 % à 38 %). Dire que les maladresses de son entourage n’arrangent pas les inquiétudes générées par ses annonces politiques relève de l’euphémisme. Dernier épisode en date, la visite de son Premier ministre hier à Saint-Martin. Interpellé par une habitante de l’île sur l’incapacité du gouvernement à intervenir rapidement, efficacement pour débloquer les fonds nécessaires afin d’aider nos compatriotes sinistrés par le passage du cyclone, Edouard Philippe lui a rétorqué sur un ton hautain bien maladroit qu’il « ( n’était) pas (son) assureur » ! Réponse qui a été coupée au montage dans le reportage diffusé hier soir par le JT de TF1 relatant cette visite… Si M. Philippe estime que c’est déchoir que d’aller sur le terrain pour se colleter aux questions triviales des Français (qui ne sont pas tous des enfants), il fallait qu’il reste dans son ministère et refile la tâche au préfet ou à un membre de son cabinet…
D’un malaise l’autre, le journaliste Frédéric Taddeï a fait part du sien dans les colonnes du Monde au sujet de la présidence de France télévisions, confiée depuis 2015 aux bons soins d’une macroniste de choc, Delphine Ernotte. M. Taddeï, qui pilote aujourd’hui l’émission Social Club sur Europe 1, a présenté avec brio et intelligence pendant dix ans Ce soir (ou jamais !) sur France 2 et France 3. Elle permettait d’entendre des personnalités couvrant (quasiment) tout le spectre du champ politique et idéologique, très peu ou jamais invitées sur d’autres antennes. Autant de raisons qui ont entraîné la relégation à des heures tardives puis la suppression de son émission….
Il a dénoncé dans cet entretien « le gâchis » engendré par la gestion de « Delphine Ernotte (qui) ne connaît rien à la télé et est en train de casser le groupe. » Mme Ernotte « prend aujourd’hui les gens pour des imbéciles » et « fait une télé en fonction de ce critère ». « Plutôt que d’imaginer une nouvelle chaîne culturelle sur le web, les responsables devraient programmer des émissions culturelles sur France 2 ou France 3 à une heure décente. » Le journaliste rappelle au passage que sa dernière émission en date sur le service public Hier, aujourd’hui, demain, qui s’est arrêtée au printemps , a été délibérément supprimée elle aussi. « Visiblement, cette émission intellectuelle dérangeait la direction. Elle était ambitieuse et faite pour être diffusée à 22 h 30. Elle ne l’a jamais été avant minuit ! Les patrons de chaînes pensent que les gens intelligents regardent de moins en moins la télé. Ce n’est donc pas la peine d’offrir des programmes exigeants. Je crois qu’ils ont tort ! »
M. Taddeï a eu droit aussi au coup de pied de l’âne de Manuel Valls lors de son passage le 5 novembre au Grand Rendez-Vous Europe 1/Les Échos/ CNews. Le député de l’Essonne apparenté LREM, interrogé sur l’affaire Tariq Ramadan, en a profité pour faire aussi le procès du journaliste. « Quand une partie de la presse progressistes, une presse de qualité – je pense aux Inrockuptibles, au Bondy Blog – quand on reçoit et quand on a reçu Tariq Ramadan, y compris sur Europe 1 et c’est toujours le même journaliste Frédéric Taddeï qui le reçoit depuis des années comme avant il avait reçu des personnalités comme Dieudonné ou Soral, alors on abdique » a estimé l’ex Premier ministre.
Inviter des personnalités de toutes sensibilités, par souci de pluralisme, volonté d’exposer aux auditeurs toutes les facettes, tous les acteurs participant au débat d’idées serait donc une abdication ? Quel aveu ! Quel sectarisme ! Et surtout une nouvelle fois quel mépris en effet pour l’intelligence des Français constate Bruno Gollnisch.
Au nombre des figures clivantes –et on le serait à moins- !- qui fut elle aussi invitée en son temps dans l’émission de Frédéric Taddeï sur France télévisions, se trouve la franco-algérienne Houria Bouteldja,porte-parole du Parti des Indigènes de la République (PIR). Sa fiche wikipedia la présente comme « une militante antiraciste engagée contre l’islamophobie et le néocolonialisme »…mais elle est décrite également, y compris au sein de la galaxie antiraciste, comme excitant au racisme antiblanc, dont l’antisionisme cacherait même un antisémitisme ( anijudaïsme) rabique selon ses contempteurs.
Mme Bouteldja se retrouve sous les feux de l’actualité par le biais de l’inénarrable député de La France Insoumise (LFI), Danièle Obono. Lors de son passage sur l’antenne communautaire Radio J, l’« altermondialiste», « afroféministe » et « antiraciste » Obono , attaquée par M. Valls pour sa « dérive islamo-gauchiste » et sa proximité supposée avec l’humoriste Dieudonné, a pris grand soin de conspuer ce dernier le décrivant comme un « raciste » et un « antisémite. » Mais Mme Obono, a suscité la gêne, la réprobation d’autres soutiens de Jean-Luc Mélenchon, à l’instar du délicat Thomas Guénolé. Elle a en effet refusé de dénoncer clairement les propos de sa « camarade (qu’elle a connue) dans le mouvement antiraciste» Houria Bouteldja, qui lui ont été soumis sur l’antenne de Radio J: « les juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe. » A dire vrai, il est exposé dans le dernier livre commis par Mme Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous, des jugements encore beaucoup plus radicaux, et ceux qui ne voudraient pas payer pour voir, peuvent écouter avec profit l’excellente notre de lecture sous forme vidéo que Michel Drac a fait de cet ouvrage.
Pour le reste, les atermoiements de Daniel Obono ne sont pas une gaffe de plus. Les déclarations de cette militante antinationale ont leur cohérence et illustrent d’ailleurs plus largement en quoi cette extrême gauche incarnée aujourd’hui principalement par les socialo-trotskystes de LFI est foncièrement antifrançaise, antipatriotique rejoignant en cela le mondialisme libéral. Elle est même condamnée à en rajouter sur ce terrain là, faute d’un réel soutien populaire de laFrance d’en bas. Nous l’écrivions déjà il y a un mois, le parti de Mélenchon ne peut prospérer qu’en agrégeant un certain électorat issu de l’immigration, en flattant les ressentiments, une certaine haine de la France française bien réelle chez beaucoup de Français de papier.
Une réalité qui ne doit pas conduire à museler cette extrême gauche là, mais à l’affronter sur le terrain des idées, lors de débats donnant aussi la parole au camp d’en face et pas seulement aux journalistes et politiciens du sérail . C’est aussi en ce sens que des émissions du calibre de celle qu’animait M. Taddeï sur le service public ont toute leur utilité en lieu et place de cette pasteurisation-uniformisation-neutralisation qui certes promet un bel avenir aux médias alternatifs qui ne pataugent pas dans la pensée dominante. Pour le pire parfois, on le voit, mais aussi pour le meilleur.