« Les 234.000 électeurs corses étaient appelés à voter pour choisir les 63 élus d’une nouvelle instance inédite, la Collectivité territoriale unique (CTU) qui se substituera à compter du 1er janvier 2018 aux conseils départementaux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse et à la collectivité territoriale de Corse (ex-région). La participation, à 52,17%, est en recul par rapport aux élections de 2015 (59,88%)» rapportait l’AFP. Le premier tour des élections territoriales en Corse ce dimanche s’est traduit par ce que de nombreux médias ont appelé un raz-de-marée en faveur des nationalistes Corses. Ces derniers, réunis au sein d’une liste de coalition des soutiens de Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni ont obtenu plus de 45% des voix (la fusion des listes Talamoni et Siméoni n’avait totalisé que 35,34% au deuxième tour il y a deux ans). Score auquel il faut ajouter les 6,89% obtenus par les ultras du parti indépendantiste U Rinnovu, qui fait plus que doubler son score 2015. Les listes de LR et d’En marche sont balayées, le candidat du FN, Charles Giacomi (3% des suffrages) n’a pas été en mesure de capter les ressort identitaire de ce vote, très prégnant sur l’île de Beauté, qui a notamment placé Marine en tête lors du premier tour de la présidentielle.
Dans Le Point, le politologue Jérôme Fourquet relève en effet que le vote traditionnellement « très élevé pour le FN à la présidentielle s’accompagne de scores beaucoup plus faibles lors des élections locales, comme aux régionales. On peut alors faire l’hypothèse que lors des scrutins locaux, les notables insulaires et les natios captent une partie significative de l’électorat frontiste, soit grâce à des logiques clientélistes ou de proximité pour les notables, soit sur un aspect programmatique : la défense de l’identité corse, pour les nationalistes. Il est d’ailleurs intéressant de constater que, lors des dernières régionales, le FN a fait ses meilleurs scores dans les communes où la proportion d’électeurs originaires du continent était la plus importante. Tout se passe donc comme si le FN pouvait compter aux élections locales principalement sur son électorat continental, et qu’à ce noyau dur venaient s’agréger à la présidentielle les voix de très nombreux électeurs autochtones , c’est-à-dire nés en Corse. »
Reste à savoir si la très grande majorité des Corses qui sont attachés bien légitimement à leurs racines, qui entendent défendre une culture insulaire célébrée, non sans ambiguïtés, par MM. Siméoni et Talamoni, suivent totalement ces derniers. Jean-Guy Talamoni justement, qui a beaucoup durci son discours sur l’immigration ces dernières années pour gagner des voix , affirmait hier soir: «au deuxième tour, nous allons demander aux Corses de nous placer le plus haut possible. De façon à avoir une légitimité pour obtenir l’ouverture de négociations sur des sujets essentiels : la coofficialité de notre langue, le statut de résident pour protéger les électeurs, l’amnistie pour les prisonniers et les recherchés. ».
M. Fourquet explique aussi que que les nationalistes corses ont tiré profit d’un « dégagisme » dans l’air du temps. Dégagisme ou Grande braderie des bijoux de famille, que l’on voit à l’oeuvre pour le pire au sein de ce gouvernement constate Emmanuel Lévy dans Marianne, qui s’arrête sur le vœu réitéré par Emmanuel Macron de céder « deux vaches à lait. » En l’espèce, « deux entreprises nationales, Aéroports de Paris (ADP) et La Française des jeux (FDJ) (qui) s’attendent à se retrouver bientôt sur la liste des sociétés privatisables. » « Entre 2014 et 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, avait tenté de lancer la cession de Aéroports de Paris (ADP) et La Française des jeux (FDJ). Il s’était heurté à la résistance de ses collègues socialistes du Budget et des Transports. Et François Hollande l’en avait empêché. Parvenu à l’Elysée, le nouveau président s’apprêterait à remettre ça. »
Dégagisme qui est aussi le mot d’ordre au sein du groupe France télévisions, contraint de faire des économies drastiques, peut-être sur le dos de l’employé mâle blanc de plus de cinquante ans, avançait, caustique, Gilles-William Goldnadel sur twitter. Dans les faits, explique le JDD, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, « est sous la menace d’une motion de défiance des journalistes. Ils s’inquiètent d’un plan d’économies visant à réduire la place de l’information sur France 2 et à amputer les magazines d’investigation de la chaîne, Envoyé spécial et Complément d’enquête, d’une partie de leurs effectifs, ce au nom des contraintes budgétaires (75 millions d’euros au total) décrétées par l’Etat. Delphine Ernotte peaufine un vaste plan d’économies qu’elle présentera devant son conseil d’administration le 21 décembre (…) . Matignon (…) réclame des efforts de gestion (et) dans le même temps, exige le maintien de l’investissement dans la création (420 millions d’euros par an). Vous me placez dans une situation impossible, avait lancé la dirigeante (au) ministre de la Culture, Françoise Nyssen, qui l’informait de cette amputation budgétaire le 7 septembre, lors d’un déjeuner. »
Ce sont surtout les téléspectateurs que Mme Ernotte, comme ses prédécesseurs à ce poste, placent dans une situation impossible, constate Bruno Gollnisch, celle de regarder des chaînes publiques qui diffusent un grand nombre de séries et d’émissions dites de divertissements, souvent très médiocres. Et qui, cerise sur l’indigeste gâteau, servent de supports ou de prétextes à une propagande antinationale, cosmopolite et de de culpabilisation du gaulois, de très bas étage. Bien sûr, le service public est capable de produire des émissions culturelles, d’investigations ou de reportages de qualité. La semaine dernière par exemple, l’émission Pièces à convictions sur France 3, dénonçant les liaisons dangereuses entre les élus des partis du Système et les associations, était très éclairante et riche en révélations pour le citoyen lambda…
Pour autant, comme le rapporte aussi le site d’E&R, la déontologie et la rigueur journalistique ne sont pas toujours de mise dans les reportages à charge - dixit les nombreux Envoyé spécial et autres Complément d’enquête consacrés à la bête immonde… Il s’agirait aussi de dégraisser ce Mammouth là. « La rédaction de la télé publique à elle seule, est-il rappelé, représente une armée mexicaine de 1 340 journalistes, oui, vous avez bien lu, mille trois cent quarante. Et les effectifs de tout le groupe public comprenant télé et radio se montent à 10 000 personnes. »
Ces journalistes en question sont-ils des parangons d‘indépendance, de résistance face aux forces du Marché, incarnent-ils la noblesse du métier, la défense du petit contre le fort ?… « Comment voulez-vous qu’on soutienne confraternellement ces pseudo-journalistes ? (…). Que cela serve de leçon à tous les collabos : après avoir bien servi, vous finirez dans la fosse, car ceux qui vous utilisent vous méprisent ; seuls ceux que le pouvoir attaque et que vous attaquez de manière injuste et lâche survivront…» Attendons, et travaillons ardemment à rendre possible le moment, très proche, espérons-le, ou les Français siffleront la fin de la récréation, au nom d’un dégagisme qui soit enfin parfaitement cohérent avec leurs aspirations profondes.