Lors du deuxième tour des élections présidentielles de ces 26 et 27 janvier 2018, les Tchèques ont été appelés à choisir entre le président sortant Miloš Zeman, opposé à l’immigration et favorable à l’entretien de bonnes relations avec la Russie et la Chine, et son opposant, libéral et pro-Union européenne, Jiří Drahoš.
Miloš Zeman, âgé de 73 ans, a été réélu pour un mandat de cinq ans.
Lors de la campagne électorale, Zeman, connu pour ses positions politiques eurosceptiques et favorables à la levée des sanctions envers la Russie, s’est présenté en tant qu’opposant à la venue de migrants et de réfugiés et a fait placarder à travers le pays des affiches portant le slogan « Halte aux migrants et à Drahoš. Ce pays est à nous ! Votez Zeman ! »
Miloš Zeman a cartonné dans les campagnes et chez les travailleurs manuels, alors que son opposant libéral a obtenu de bons scores dans les grandes villes au sein desquelles la population est plus pro-européenne, et parmi les professions intellectuelles.
Depuis un changement constitutionnel survenu en 2012, le peuple a, pour la deuxième fois, élu directement son président.
Le président de la République tchèque, qui dispose d’une fonction avant tout représentative, nomme les juges et la direction de la banque centrale, décide qui va recevoir la tâche de former un gouvernement et peut influencer l’opinion publique.
En 2015, alors que la crise des réfugiés atteignait son apogée, Miloš Zeman avait déclaré : « Je suis profondément convaincu que nous faisons face à une invasion organisée, et pas à un mouvement spontané de réfugiés », tout en ajoutant qu’il était prêt à défendre lui-même la frontière en cas de besoin avec une arme en main.
Lors des élections législatives d’octobre 2017, les deux partis anti-système et eurosceptiques ANO 2011 du milliardaire Andrej Babiš et Liberté et démocratie directe (SPD) du patriote Tomio Okamura avaient obtenu de très bons résultats.
La victoire d’un candidat eurosceptique et anti-immigration lors des présidentielles confirme la tendance générale qui se développe au sein des quatre pays du groupe de Visegrád qui voit la Pologne, dirigée par les conservateurs du PiS (Droit et Justice), la Slovaquie, conduite par le Premier ministre social-démocrate Robert Fico allié, au sein de son gouvernement, aux patriotes du SNS et qui s’oppose à l’accueil de migrants musulmans, et la Hongrie, aux mains du démocrate-chrétien Viktor Orbán, se dresser contre la politique que désire imposer l’Union européenne à ses États membres en matière migratoire.
Les électeurs tchèques ont choisi, à l’instar de leurs voisins polonais, hongrois et autrichiens, d’emprunter la voie de la démocratie illibérale et de refuser les principes de la société ouverte chère au milliardaire américain George Soros.