Alors que le Parti social-démocrate allemand SPD est arrivé à s’entendre avec les démocrates-chrétiens de la CDU d’Angela Merkel et les sociaux-chrétiens bavarois de la CSU en vue de former un gouvernement, le très européiste Martin Schulz, qui a conduit les négociations pour le SPD, annonce ce 9 février 2018 qu’il renonce finalement à exercer la fonction de ministre des Affaires étrangères.
Cet événement survient suite à des règlements de comptes au sein du parti. Sigmar Gabriel, vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères sortant, reproche ouvertement à Martin Schulz de ne pas avoir respecté sa parole, sans préciser le sujet de la dispute.
En janvier 2017, Gabriel avait renoncé au profit de Schulz à la présidence du SPD et au fait de conduire la campagne électorale du parti lors des législatives. Le bruit court que Schulz avait promis à Gabriel que ce dernier resterait ministre des Affaires étrangères dans le cas d’un nouveau gouvernement de coalition.
Schulz avait annoncé, le 7 février 2018, devenir ministre des Affaires étrangères, alors qu’à l’issue des élections législatives du 24 septembre 2017, il avait exclu être ministre au sein d’un gouvernement dirigé par Angela Merkel.
Martin Schulz, président du Parlement européen durant cinq ans, avait quitté ses fonctions en 2017 et échoué électoralement à la tête du SPD lors des législatives, son parti enregistrant le plus mauvais score de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale, en obtenant 20,5 % des voix.
Née au XIXe siècle, la famille politique sociale-démocrate allemande, qui a fortement imprégné au fil des décennies la politique du pays, lutte désormais, à l’instar de partis similaires d’autres pays d’Europe occidentale, pour sa survie.
Un sondage INSA réalisé début février donne le parti à, désormais, 17 %.
Au sein du SPD, la campagne a débuté en vue de la consultation par écrit des membres du parti qui doivent décider, le 4 mars 2018, si leur formation prend part ou non au futur gouvernement.
Si le « Non » l’emporte, le retour aux urnes deviendra quasi inévitable, l’avènement d’un gouvernement minoritaire étant peu probable.
L’ouverture des frontières à une immigration de masse réalisée au cours de l’été 2015 par le gouvernement CDU/CSU/SPD dirigé par Angela Merkel a conduit, au fil du temps, à un retournement progressif d’une partie de l’opinion publique allemande, qui est de plus en plus sceptique vis-à-vis des partis en place, et à la percée lors des législatives du parti patriotique Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui siège désormais au sein de la Chambre des députés.
L’entrée d’un parti de ce type au sein de cette institution a constitué un séisme politique, cette famille politique n’y étant plus représentée depuis 1961 et l’élimination, de cette assemblée des élus, du Deutsche Partei (Parti allemand).
Le parti libéral centriste FDP, autrefois en déroute, a réussi un retour en force lors des législatives de 2017 en se refondant politiquement sur une ligne plus patriotique et en proposant de renvoyer les réfugiés vers leur pays et d’expulser la Grèce de la zone euro.