En ce jour de gréve (non sans arguments recevables) contre les projets gouvernementaux dans de nombreux services publics, à la SNCF - avec ses quarante-deux milliards de dette et dont l’ancienne directrice générale chargée de SNCF Voyageurs Florence Parly, aurait touché 52 569 euros par mois durant les six premiers mois de 2017 juste avant de devenir ministre des Armées -, on fête aussi l’anniversaire du Mouvement du 22 mars. Lancé il y cinquante ans à la faculté de Nanterre par Daniel Cohn-Bendit, il fut la matrice de la révolte des barricades des fils de bourgeois de Mai 68, qui eut pour le coup des conséquences politiques et sociétales réellement subversives et révolutionnaires.
A l’évidence l’extrême gauche ne pèse électoralement plus grand chose, même si le talent du socialo-trotskyste Jean-Luc Mélenchon permet d’en maintenir quelques bribes sous respiration artificielle, elle garde cependant une influence idéologique, métapolitique qui imprègne encore le monde médiatico-culturel. Et la mutation libérale-libertaire, euromondialistes des grandes figures soixante-huitardes et de leurs épigones sous nos latitudes ( les gauchistes et trotskystes américains sont eux symétriquement passés en masse, avec armes et bagages, dans le trouble camp neocon) assurent encore aux idéaux internationalistes, cosmopolites, de destruction des murs porteurs de notre civilisation européenne, une place centrale au cœur du Système. L’élection d’Emmanuel Macron suffit à en apporter la preuve.
Il est interdit d’interdire reste un des slogans (creux) associé à Mai 68 mais le ministre de la Culture Françoise Nyssen, indéniablement pourtant une femme d‘ouverture et… de culture comme en témoigne son métier de directrice des éditions Actes Sud, s’est pliée aux oukases des officines dites antiracistes. Autant de coquilles vides aux méthodes persécutoires, qui ne représentent qu’elles mêmes mais investies des pleins pouvoirs de la sainte inquisition épuratrice. Elles matraquent judiciairement, tapent sauvagement au portefeuille, mettent à mort socialement les rétifs, les déviants, les hommes libres pour un mot de travers, une vérité qui dérange, un dessin qui ne plaît pas…
Nous l’avions évoqué, et Bruno Gollnisch s’en était aussi ému depuis le Parlement européen, SOS racisme, la Licra, le spécialiste es extrême droite de LFI Alexis Corbière, Frédéric Potier, Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, avaient obtenu de Mme Nyssen qu’elle renonce à ce que le nom de Charles Maurras, écrivain, essayiste, poète, journaliste, polémiste, intellectuel incontournable de la première partie du XXè siècle, figure dans le Livre des commémorations nationales 2018.
C’est à notre connaissance un geste sans précédent par son ampleur, dix des douze membres du Haut-Comité des commémorations nationales ont décidé de refuser cette manifestation d’aplatventrisme et de pusillanimité intellectuelle. Ils ont annoncé hier, en ce premier jour du printemps, leur démission collective pour ne pas avoir à endosser cette décision proprement totalitaire consistant à effacer la passé au nom de l’idéologie d’Etat du moment.
Aussi, nonobstant la présidente de ce Haut comité, l’académicienne Danièle Sallenave, son Secrétaire général Hervé Lemoine, directeur chargé des Archives de France, et Catherine Bréchignac, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, tous les autres membres ont signé une lettre diffusée dans Le Monde faisant état de leur départ fracassan t: Christian Amalvi (professeur à l’université Paul-Valéry Montpellier-III), Marie-Laure Bernadac (conservatrice générale honoraire), Gilles Cantagrel (musicologue), Nicole Garnier (conservatrice générale du patrimoine, chargée du musée Condé à Chantilly), Claude Gauvard (professeur émérite d’histoire médiévale à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne), Robert Halleux (membre de l’Académie royale de Belgique, directeur du Centre d’histoire des sciences et des techniques de l’université de Liège), Jean-Noël Jeanneney (ancien ministre), Évelyne Lever (historienne moderniste et écrivain), Pascal Ory (professeur à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne), Jacques Perot (président de l’Association française pour la protection des archives privées).
Un geste fort que les démissionnaires expliquent dans leur missive collective : « la décision que vous (François Nyssen, NDLR) avez prise de retirer le nom de Charles Maurras de la longue liste de faits mémorables établie par notre Haut-Comité au titre de l’année 2018 – après l’avoir d’abord ratifiée par une préface élogieuse – et d’interrompre la diffusion du Livre des commémorations nationales nous rend impossible, à notre plus vif regret, de continuer de siéger dans cette instance. »
Certes, les signataires, et nous ne dirons pas si se trouvent parmi eux des maurrassiens honteux, discrets ou sous-couverture, s’en tiennent à des arguments très factuels en expliquant notamment que « toute une sensibilité contemporaine ne nous encourage-t-elle pas à considérer avec lucidité les pages noires de notre histoire ? Pour reprendre l’ensemble des commémorations qui vous étaient proposées, le destin de notre pays associe le souvenir d’un Simon de Montfort à celui d’un René Cassin. Au sein de cette liste, établie à l’unanimité, la présence de Charles Maurras allait de soi, cette personnalité, ennemie de la République, ayant joué dans l’histoire de notre pays un rôle intellectuel et politique considérable, bien au-delà de sa famille de pensée.»
Mais les Français pourraient s’interroger avec Bruno Gollnisch – en attendant avec intérêt les commentaires de Mme Nyssen, voire, pourquoi pas de MM Philippe et Macron - , sur le fait de savoir si les personnalités ennemies de la république ne sont pas aujourd’hui celles qui veulent confisquer le débat d’idées, éradiquer des manuels des pages entières de notre Histoire parce que celle-ci ne colle pas à leur projet, attentent à notre mémoire en jetant dans les oubliettes les auteurs jugés sulfureux. Si l’on suit cette pente, pourquoi la liste des épurés s’arrêterait-elle d’ailleurs?
Petits commissaires politiques grégaires, petits kapos de la France d’après, qui ont grandi depuis que Louis Pauwels en dressait le portrait dans Le Figaro magazine en 1986 , dénonçant le «sida mental » (la formule lui fut beaucoup reprochée) qui frappent les zombies de la gauche morale et citoyenne, les héritiers de 68. « Les écoliers de la vulgarité pédagogique, les béats nourris de soupe infra idéologique cuite au show-biz, ahuris par les saturnales de Touche pas à mon pote . Ils ont reçu une imprégnation morale qui leur fait prendre le bas pour le haut. Rien ne leur paraît meilleur que n’être rien, mais tous ensemble, pour n’aller nulle part. » Il est grand temps de refermer cette mauvaise parenthèse, de reconquérir nos libertés de Français debout, bref de changer d’ère (d’ air)!
https://gollnisch.com/2018/03/22/un-air-de-printemps-une-demission-fracassante/