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Les quatre temps de la décadence de l’Europe

Chronique de Paysan Savoyard

(n° 194 – mars 2018)

Les deux guerres mondiales ont constitué pour l’Europe, ses peuples et sa civilisation, une forme de tentative de suicide. Mais le processus de déréliction ne s’est pas arrêté là : la paix revenue, quatre autres catastrophes sont intervenues dans la seconde partie du vingtième siècle. Elles ont enclenché un processus de décadence, qui débouchera probablement sur la disparition même de la civilisation européenne. Nous illustrerons ces phénomènes en évoquant en particulier le cas de la France.

  • La société de consommation

A l’instigation et à l’imitation des Etats-Unis, l’Europe occidentale a dès les années cinquante entrepris d’organiser la société en fonction d’un objectif radicalement nouveau : la production et la consommation de masse. Le choix de remplacer dans le même mouvement la paysannerie traditionnelle par une agriculture de type industriel a produit ses effets en moins de deux décennies. L’édification de la société de consommation et l’adoption de l’agriculture à l’américaine se sont accompagnées d’un exode rural massif.

Dès lors la société a été profondément bouleversée. Elle était rurale : la grande majorité de la population vit aujourd’hui dans des agglomérations de grande dimension, abondamment pourvues de banlieues et autres « cités ». Elle était paysanne : les gens sont devenus ouvriers, employés, fonctionnaires. Elle était frugale : elle est aujourd’hui boulimique, obèse, source de gâchis, de pollution, d’enlaidissement et de prédation environnementale.

  • La victoire des conceptions individualistes et libertaires

Engagée dans les années soixante, à l’inspiration là encore de courants d’idées nés aux Etats-Unis, la révolution individualiste et libertaire a, elle aussi, provoqué des changements sociétaux majeurs. L’exaltation de l’individualisme hédoniste, le rejet de la religion catholique, de la famille traditionnelle, de la valeur travail et du principe d’autorité ont modifié en profondeur les équilibres sociaux. L’institution fondamentale qu’est la famille a été déstabilisée par la séparation des couples et la démission des adultes vis-à-vis des enfants devenus rois. Le militantisme homosexuel et féministe a apporté sa contribution à l’œuvre de destruction de la famille traditionnelle. Subissant les effets de la disparition de l’autorité, à laquelle s’ajoutent le processus de massification et les effets de l’immigration, l’école, autre institution importante, est en voie d’implosion. Quant à l’Eglise, confrontée à l’hostilité de la classe dirigeante républicaine, elle a choisi depuis cinquante ans de tenir un discours conforme à l’air du temps : elle ne joue plus dans ces conditions qu’un rôle insignifiant.

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