Daoud Boughezala. Votre dernier livre Le nouveau clivage (Editions du Cerf, 2018) s’ouvre sur un constat : l’alliance du libéralisme politique et économique est en crise un peu partout en Occident. Des Etats-Unis de Donald Trump à la Hongrie de Viktor Orban en passant par la France périphérique, vit-on la fin d’un monde ?
Jérôme Fourquet. Je ne sais pas si le libéralisme est en crise, puisqu’il a toujours eu une grande capacité de rebond, mais les effets très profonds de la mondialisation sur les sociétés occidentales se traduisent aujourd’hui électoralement. Les derniers scrutins majeurs – référendum sur le Brexit, élections présidentielles en France, aux Etats-Unis, en Autriche, législatives italiennes – ont en effet été marqués par le succès ou la poussée des offres politiques populistes. C’est la résultante et le prix à payer de trente ans d’ouverture des frontières et de délocalisations, de métropolisation des économies mais aussi d’immigration.